Protection des oiseaux : la chasse à la glu déclarée illégale par le Conseil d’État

Par Epoch Times avec AFP
28 juin 2021 15:51 Mis à jour: 29 juin 2021 10:20

Après des années de rebondissements, la justice a tranché : la très controversée chasse à la glu, tradition de quelques département du Sud-Est, met indistinctement en danger les oiseaux et doit donc être interdite.

Les défenseurs de l’environnement cherchaient depuis longtemps à faire interdire cette technique qui consiste au piégeage sur des tiges enduites de colle, appelées gluaux. Les oiseaux ainsi capturés sont mis en cage et servent, en chantant, à en attirer d’autres pour les chasseurs.

Elle est destinée aux grives et aux merles, mais ses adversaires dénonçaient une méthode « cruelle » et non-sélective conduisant à la capture d’autres espèces, y compris protégées, que celles visées. Les chasseurs assurent que les oiseaux pris par erreur sont nettoyés et relâchés.

La France, dernier pays d’Europe à la pratiquer

Jusqu’en 2019, la justice administrative avait régulièrement débouté leurs adversaires, qui attaquaient chaque année les arrêtés gouvernementaux dérogeant à la directive « oiseaux » de l’Union européenne. Celle-ci interdit  les « méthodes de capture (…) non sélective », sauf quand « il n’existe pas d’autre méthode satisfaisante » que celles traditionnelles.

Mais fin 2019, le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative du pays, s’était tourné vers la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour se prononcer sur le bien-fondé de ces dérogations.

En attendant cette décision, le Président Emmanuel Macron, arbitrant contre les chasseurs et en faveur de sa ministre Barbara Pompili, avait annoncé fin août 2020 la suspension de la chasse à la glu, en ne reconduisant pas le quota d’environ 40.000 oiseaux pouvant être capturés dans les cinq départements concernés (Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse).

La réponse de la CJUE est tombée en mars : cette méthode est bien non sélective puisque tous « les oiseaux capturés subissent un dommage irrémédiable ».

La chasse à la glu, que la France était le dernier pays d’Europe à pratiquer, avait dès lors du plomb dans l’aile. Et c’est donc fort logiquement que le Conseil d’État a rendu le 28 juin une série de décisions la rendant illégale, annulant tous les décrets dérogatoires contestés. « Ni le gouvernement, ni la fédération de chasseurs, n’ont apporté de preuves suffisantes » que d’autres espèces sont épargnées ou que les oiseaux pris par erreur peuvent être relâchés sans dommages, ont souligné les juges.

« Une avancée pour la biodiversité », s’est réjoui sur Twitter Barbara Pompili, dont l’entourage saluait une « clarification bienvenue » après sa décision de suspension, qui avait hérissé les chasseurs.

« Enfin on tourne la page de cette chasse »

« Enfin on tourne la page de cette chasse d’un autre temps pour entrer dans un XXIe siècle plus respectueux de l’environnement », a réagi Allain Bougrain-Dubourg, l’emblématique président de la Ligue de protection des oiseaux, une des associations plaignantes.

« Mais il reste d’autres techniques de chasse inacceptables », a-t-il ajouté. Il appelle le gouvernement à tirer les conclusions de cette première décision, alors que les ONG réclament aussi l’interdiction d’autres chasses traditionnelles, au moyen de pantes (filets) et matoles (cage tombante), pour les alouettes, dans des départements du sud-ouest.

Côté chasseurs, la déception se voulait combative. « Le Conseil d’État a fini par céder au lobbying de la ministre de l’écologie et des antichasse », a regretté Eric Camoin, président de l’association nationale de défense des chasses traditionnelles à la grive. Willy Schraen, président de Fédération nationale des chasseurs, estime de son côté que les arrêtés pourraient être repris et mieux argumentés si le gouvernement en avait la volonté, replaçant le débat sur le terrain politique.

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