Les inquiétudes autour de ChatGPT et de l’IA (intelligence artificielle) n’en finissent pas de se répandre. Dernièrement, ainsi que nous l’apprend un article du Figaro, c’est le groupe de presse allemand Axel Springer, qui édite notamment les quotidiens Bild et Die Welt, qui a annoncé aux 18 000 employés du groupe (qui comporte 3 400 journalistes) une vague de suppression d’emplois. Motif de cette décision : la volonté affichée par la direction du groupe d’automatiser une partie de la production éditoriale au vu des récents progrès de l’IA, désormais capable de se substituer aux journalistes dans les domaines comme la mise en page, les corrections journalistiques ou encore l’administration. Ne seront en principe pas concernés par les licenciements les reporters, journalistes d’investigation et éditorialistes, auxquels Mathias Döpfner, directeur général d’Axel Sringer, se réfère comme étant le « cœur de métier » de la profession.
Faut-il s’offusquer de telles conséquences sur l’emploi, provoquées par le recours grandissant aux solutions d’IA comme ChatGPT ? Dans un livre paru en 1973 (Management: Tasks, Responsibilities and Practices), le célèbre professeur de management Peter Drucker considérait que les progrès de la technologie allait conduire le « travailleur du savoir » à remplacer le « travailleur manuel ». On redoutait alors que les progrès du machinisme ne nuisissent à l’emploi dans le secteur industriel. Aujourd’hui, du fait des progrès de l’IA, cette « menace » en vient également à toucher les « travailleurs du savoirs » eux-mêmes, comme les appelait Peter Drucker, en l’espèce une partie des journalistes. D’aucuns s’en inquiètent. Nous y voyons plutôt une nouvelle manifestation de ce que l’économiste autrichien, professeur à Harvard Joseph Schumpeter appelait la « destruction créatrice », ce fondement du capitalisme entrepreneurial qui est consubstantiel au processus même d’innovation, et dont il serait vain, et même contreproductif de vouloir empêcher la survenue. Dans le domaine du journalisme, la diffusion de l’IA va en effet pousser la profession à se recentrer sur ses missions fondamentales, et à sous-traiter ce qui n’en relève pas à des programmes du même ordre que ChatGPT : plutôt que de susciter la crainte des journalistes, elle devrait donc les encourager à se spécialiser davantage dans des domaines où leur travail peut constituer une réelle valeur ajoutée au profit de leurs lecteurs.
Article écrit par Matthieu Creson. Publié avec l’aimable autorisation de l’IREF.
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