Janvier 2019 marque le 60e anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro à Cuba. À l’époque, la révolution a inspiré les mouvements de gauche dans toute l’Amérique latine, marquant le début d’une tendance à long terme.
Cependant, aujourd’hui, une grande partie de ce continent se tourne vers les politiques plus conservatrices et libérales, comme en témoigne la politique des dirigeants récemment élus au Chili, au Brésil et en Argentine, ce qui s’explique par les crises économiques dans les pays comme le Venezuela et le Nicaragua.
Au moment de la révolution, Cuba était l’un des pays les plus riches de la région. Son taux d’alphabétisation reste élevé et son taux de mortalité infantile est faible si l’on compare avec beaucoup de ses voisins, mais son économie s’est écroulée. Pendant des décennies, Cuba a compté sur l’aide de l’Union soviétique. Après l’effondrement de ce dernier, le PIB cubain a chuté de 33 % en trois ans (1990-1993), principalement en raison de la perte des subventions et de la baisse des cours mondiaux du sucre.
Pendant un certain temps, le Venezuela a soutenu l’économie cubaine, mais la crise au Venezuela lui-même y a mis fin.
Cuba est aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres de la région. Bien que ce pays ne publie pas ses statistiques financières, les estimations placent son PIB par habitant en dessous de celui de l’Argentine, du Brésil et du Chili. En 2017, il était même inférieur à celui du Venezuela.
Les apologistes de Cuba attribuent l’embargo commercial des États-Unis à la mauvaise performance économique du pays. Ces sanctions ont été imposées par l’administration Kennedy en 1962 (quelques heures avant leur entrée en vigueur, Kennedy a pris des dispositions pour se procurer 1 200 cigares cubains pour lui-même et ses amis). Le gouvernement cubain affirme que son économie a perdu environ 1 126 milliards de dollars au cours des 50 années qui ont suivi l’imposition de ces sanctions. Le pays a également perdu la possibilité d’importer de nombreux nouveaux articles.
Pendant des années, de nombreuses personnes ont espéré que le communisme cubain s’effondrerait avec la mort de Fidel Castro. Toutefois, à la mort de Fidel en 2016, son frère Raúl lui a succédé et il reste à la tête du Parti et commandant en chef des forces armées. Miguel Díaz-Canel est président de Cuba. Les deux hommes ont été intransigeants sur le fait que le système politique et économique stalinien de Cuba n’est pas négociable.
Che Guevara
De nombreux Occidentaux ont une fausse impression idéaliste de Cuba sous le règne des Castro. C’est une nation gouvernée par la menace de violence sans aucun respect des droits de l’homme. Le contrôle central s’applique non seulement aux entreprises, mais aussi aux communications et aux opinions. À certains moments de l’histoire de Cuba castriste, l’observation des cérémonies religieuses pouvait entraîner l’envoi dans un camp de travail. C’était et, sous plusieurs aspects, reste toujours un régime tyrannique.
Il y a quelques années, un collègue de la faculté de droit avait accroché une image d’Ernesto « Che » Guevara au mur de son bureau. Vous avez certainement vu cette image (voir ci-dessus) sur des affiches, des t-shirts et ailleurs. La photo a été prise le 5 mars 1960 lors des funérailles de 136 personnes qui ont péri lorsqu’un navire français transportant des armes à La Havane a été coulé. Alberto Korda, photographe cubain du journal Revolución, a pris cette photo présentant le Che, âgé de 31 ans, comme un rebelle aux cheveux longs et barbu portant un béret. M. Korda l’intitula Guerrillero Heroico (Guérilléro héroïque), elle est devenue le symbole de la révolution et l’une des photos les plus reproduites de tous les temps.
Bien entendu, cela n’est pas arrivé sans être planifié, et cela ne s’est pas fait rapidement. La photo n’a pas été publiée au départ. Alberto Korda a découpé une autre personne prise dans le cadre, puis il a imprimé une copie pour décorer son atelier où elle est restée accrochée pendant plusieurs années.
Dans la deuxième moitié des années 1960, la popularité du Kremlin n’a jamais été aussi basse. La répression par les Soviétiques du soulèvement hongrois de 1956 et leur instigation à la crise des missiles de Cuba en 1962 avaient transformé l’opinion publique mondiale, et les dirigeants communistes du monde entier essayaient de sauver la face tout en prenant leurs distances par rapport à ces événements.
En Tchécoslovaquie, Alexandre Dubcek a lancé la politique du « socialisme à visage humain ». Le leader polonais Wladyslaw Gomulka a utilisé le slogan « Que la Pologne soit la Pologne ». Le Roumain Nicolae Ceausescu a annoncé son indépendance de Moscou et s’est présenté comme un non-conformiste parmi les dirigeants communistes. Même le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev a remplacé « l’immuable » théorie marxiste-léniniste de la révolution prolétarienne mondiale par une politique de coexistence pacifique.
À Cuba, Fidel Castro ne voulait rien entendre au sujet de la libéralisation de sa politique. Il a décidé qu’il serait plus simple d’ériger une façade révolutionnaire romantique par-dessus du communisme cubain.
Tout a commencé en 1967, lorsque l’agent du KGB Régis Debray a publié son livre Revolution in the Revolution? (Révolution dans la révolution ?), un guide à l’insurrection de la guérilla communiste. Le livre faisait l’éloge du Che, qui dirigeait le commando de guérilleros dont Régis Debray faisait partie. Quelques mois plus tard, lorsqu’ils se trouvaient en Bolivie, ils ont été capturés par une unité des Forces spéciales boliviennes entraînée par les États-Unis. Che a été condamné à mort et exécuté pour terrorisme et meurtre de masse.
Les frères Castro ont alors organisé en grande pompe une sanctification du Che, dont la photographie de Korda est devenue sa pièce maîtresse. Comme la Bolivie était un allié des États-Unis, Guevara pouvait être présenté comme une victime de l’impérialisme américain. Le KGB a offert son soutien et l’opération « Che » a été lancée.
Le journal intime du Che
Les longs cheveux bouclés de Guevara et ses yeux pénétrants ont rendu la photographie de Korda très attrayante pour la jeunesse occidentale dans les années 1960 et 1970. Il est apparu sur des affiches, des t-shirts et ailleurs. Les autorités communistes cubaines ont encouragé son utilisation en refusant toute redevance. Fidel a dit qu’en tirer profit serait « non révolutionnaire ». Cela a certainement contribué à la propagation de cette image et de son message.
La revue Ramparts, à l’origine catholique, mais devenue porte-parole de la propagande soviétique à la fin des années 1960, a conclu un accord avec le gouvernement cubain pour publier le journal intime du Che (qui, à l’insu de la revue, était produit par la machine de désinformation du Kremlin). Selon Sol Stern, l’ancien rédacteur en chef de Ramparts, cet accord « nous obligeait à publier aussi une diatribe de Fidel Castro, remplie de propagande communiste et de dénonciations de la ‘barbarie’ américaine ».
M. Stern a expliqué : « Nous pensions que la révolution était un grand pas en avant pour la cause socialiste. Nous avons suivi l’exemple d’un de nos héros intellectuels, le sociologue C. Wright Mills de l’Université Columbia, en affirmant que Fidel Castro était un nouveau type de leaders révolutionnaires – plus humaniste, plus ouvert et même plus branché que les vieux bureaucrates communistes. En fait, nous imaginions Fidel et Che comme nos collègues de la Nouvelle Gauche. »
La maison d’édition Grove Press a publié le journal intime du Che sous forme de livre, avec l’introduction de Fidel. Ce journal a également été sérialisé dans Evergreen Review qui, comme Grove Press, appartenait à Barney Rosset. Dans une interview de 2006, M. Rosset a été interrogé sur sa croyance religieuse. Il a répondu qu’il n’en a jamais eu : « Alors je suis devenu communiste. En tant que religion. Et vous feriez mieux d’y croire. »
En 1970, les agents des services de renseignements du bloc soviétique ont également réussi à faire entrer Che Guevara dans une pièce de théâtre de Broadway. Le magazine Time rapportait en octobre 1970 : « Actuellement, Che apparaît chaque soir dans une nouvelle pièce de théâtre, The Guerrillas, du dramaturge allemand Rolf Hochhuth. » Dans cette pièce, « un jeune sénateur new-yorkais, qui dirige également un mouvement clandestin à la Che aux États-Unis, implore Guevara d’abandonner sa lutte en Bolivie. Che refuse. ‘Ma mort ici – dans un sens calculé – est la seule victoire possible’, dit-il. ‘Je dois laisser un symbole’. » À ce moment-là, Rolf Hochhuth a déjà été identifié par les services de renseignements britanniques comme un agent d’influence possible du KGB.
En réalité, comme l’a expliqué un étudiant en droit cubain à mon collègue qui avait accroché l’image du Che au mur, Guevara était un tueur sadique. Il a établi à Cuba des camps de travail inspirés des goulags soviétiques et a ordonné l’exécution de centaines de milliers de Cubains, dont des enfants âgés à peine de 14 ans.
Ernest Hemingway, qui vivait à l’époque à Cuba, a invité son ami George Plimpton à assister à l’exécution de prisonniers. Ils ont vu des gens amenés en camions, déchargés, fusillés et emmenés. Apparemment, cela se produisait tous les jours, on ne sait pas si ces gens étaient tous coupables. Che Guevara aurait écrit : « Pour envoyer des hommes au peloton d’exécution, une preuve judiciaire n’est pas nécessaire… Ce sont les procédures des détails bourgeois. C’est une révolution ! Et un révolutionnaire doit devenir une froide machine à tuer motivée par la haine pure. »
Malgré tous ces faits, les gens aiment encore penser que Che Guevara est une icône de la rébellion juvénile, de la théologie de la libération et même de l’émancipation raciale. Raúl Castro s’est vanté un jour auprès de l’ancien chef des services de renseignement roumain Ion Mihai Pacepa : « Che est notre plus grand succès public. »
Il est temps que cette désinformation soit démasquée. Des souffrances indicibles ont eu lieu à Cuba communiste. Au cours des 40 années qui ont suivi la révolution, le régime castriste a procédé à environ 16 000 exécutions. Près de 2 millions de Cubains ont fui ce « paradis socialiste » et environ 30 000 autres seraient morts en essayant de le fuir. Les auteurs de ces crimes doivent être condamnés et non mis sur un piédestal.
Ronald J. Rychlak
Ronald J. Rychlak est titulaire de la chaire Jamie L. Whitten en droit et administration à l’Université du Mississippi. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Hitler, the War, and the Pope ; Désinformation (co-écrit avec Ion Mihai Pacepa) et The Persecution and Genocide of Christians in the Middle East (co-édité avec Jane Adolphe).
Le point de vue exprimé dans cet article est celui de son auteur et ne reflète pas nécessairement celui d’Epoch Times.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.