« Cheval en majesté » à Versailles

L'exposition olympique "Cheval en majesté - Au cœur d'une civilisation" au Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon se tient jusqu'au 3 novembre

Par Lorraine Ferrier
3 août 2024 18:57 Mis à jour: 3 août 2024 19:38

Le cheval, peut-être plus que tout autre animal, nous a aidés à survivre, à prospérer et à conquérir. Il a assuré notre transport, labouré nos champs, actionné nos machines et s’est courageusement lancé dans la bataille.

A l’occasion des épreuves équestres des Jeux olympiques et paralympiques qui se déroulent sur le domaine de Versailles, le Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon présente son exposition pionnière « Cheval en majesté – Au cœur d’une civilisation ».

Portrait équestre de Léopold de Médicis par Justus Sustermans (Institut national du patrimoine, République tchèque) dans la galerie des Glaces de Versailles pour son exposition « Cheval en majesté – Au cœur d’une civilisation ». (Copyright Christophe Fouin)

L’exposition se concentre sur le cheval dans tous les aspects imaginables de la civilisation humaine, y compris la guerre, l’agriculture, l’équitation et l’apparat du cheval dans les cours royales, les cirques, les festivals et les événements militaires.

Quelque 300 œuvres sont exposées, depuis les années 1500 jusqu’au premier jour de la Première Guerre mondiale, lorsque l’automobile a réduit notre dépendance à l’égard de la force motrice des chevaux. Les expositions comprennent des peintures, des dessins, des sculptures, des œuvres décoratives comme l’argenterie, et des ornements pour chevaux comme des armures, des brides et des selles d’apparat. Beaucoup de ces objets et œuvres d’art n’ont jamais été exposés auparavant, et certains n’ont jamais été présentés en France. Pour la première fois, des études anatomiques de chevaux de Léonard de Vinci (1452-1519) et de son maître Andrea del Verrocchio (1435-88) sont exposées ensemble.

Un cheval aux lignes proportionnées, vers 1480, par Léonard de Vinci. Royal Collection Trust, Londres. (Copyright Sa Majesté le Roi Charles III 2024)
Dessin mesuré d’un cheval tourné vers la gauche, vers 1480-1488, par Andrea del Verrocchio. The Metropolitan Museum of Art, New York. (Copyright MET, Dist. GrandPalaisRMN, DR)

Dans le livre de l’exposition, le directeur du musée, Laurent Salomé, écrit : « L’extraordinaire splendeur des ornements créés pour les chevaux, les portraits majestueux rivalisant avec ceux des hauts personnages, la curiosité sans bornes des savants et des artistes étudiant leur anatomie, leur tempérament et leurs réactions, les divertissements et les parades éblouissantes auxquels les épreuves olympiques dans le parc de Versailles sont un clin d’œil, tout cela appartient à une époque révolue ».

Les arts équestres à Versailles

Traditionnellement, si un souverain excellait dans les arts équestres, cela indiquait sa capacité à bien gouverner. « L’entente du souverain et de son cheval symbolisait celle du monarque avec ses sujets », indique le livre de l’exposition.

Louis XIV (1638-1715) fit construire à Versailles les grandes et petites écuries, la première abritant les chevaux du roi et l’école d’équitation, la seconde les chevaux de la maison royale. Pendant son règne (1643-1715), Louis XIV emploie près de 1500 personnes dans les écuries. Au XVIIIe siècle, le domaine compte plus de 2000 chevaux.

L’architecte Jules Hardouin-Mansart a construit les écuries en bordure de la place d’armes, face au palais, indiquant ainsi le rôle important du cheval à la cour royale.

Les projets d’écuries ornées d’Hardouin-Mansart, dont certains sont présentés dans l’exposition, sont devenus des modèles architecturaux pour les écuries royales de toute l’Europe. Selon le livre de l’exposition, entre 1680 et 1830, l’école équestre de Versailles « prônait une harmonie parfaite entre l’homme et le cheval. Les notions de tact, de douceur et de coopération apparaissent, l’apprentissage est adapté à la nature et à la psychologie du cheval, le cavalier dirige de manière invisible sa monture, rendant au cheval monté la grâce de ses attitudes naturelles ». Les écoles équestres européennes ont rapidement adopté cette approche.

L’ère équestre

Une promenade dans le parc de Versailles montre à quel point nos ancêtres vénéraient les chevaux. Les chevaux du char d’Apollon, dieu du Soleil antique, s’élancent dans les eaux de la fontaine dorée du sculpteur français d’origine italienne Jean-Baptiste Tuby (1635-1700). Dans la statue équestre en bronze de Louis XIV, récemment restaurée, les sculpteurs français Pierre Cartellier (1757-1831) et Louis Petitot (1794-1862) ont représenté le Roi-Soleil chevauchant son fidèle destrier comme s’il commandait encore ses troupes sur la Place d’Armes, où les troupes se rassemblaient traditionnellement.

D’après le livre de l’exposition, Cartellier s’est inspiré de la statue équestre romaine de Marc Aurèle pour représenter le cheval de Louis XIV. Les artistes de la Renaissance ont repris la pose équestre, popularisée par l’art antique, pour montrer le caractère d’un souverain en temps de guerre et de paix.

De nombreux monarques européens ont préféré les chevaux espagnols pour leurs portraits équestres, notamment les rois de France, de François Ier à Louis XVI. En 1600, le palefrenier en chef du roi Henri IV a déclaré : « En comparant les meilleurs chevaux, je donne la première place au cheval espagnol pour sa perfection, parce qu’il est le plus beau, le plus noble, le plus gracieux et le plus courageux. »

Louis XIV, roi de France (1638-1715), vers 1674, par René-Antoine Houasse. Huile sur toile. Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. (Copyright Christophe Fouin/Copyright Château de Versailles, Dist. RMN)

Le portrait équestre de Louis XIV réalisé par le peintre de la cour française René-Antoine Houasse (1645-1710) figure dans l’exposition. René-Antoine Houasse a représenté un Roi-Soleil calme et sûr de lui, dont le cheval se cabre comme la statue antique d’Aurèle. Le Roi-Soleil est droit sur sa selle, faisant preuve d’habileté et d’assurance alors qu’il tient délicatement les rênes d’une main et une lance de l’autre. Son manteau, sa culotte, sa selle et son tapis de selle sont ornés d’un réseau de broderies d’or et d’argent d’une grande finesse.

Portrait équestre de Léopold de Médicis (1617–1675), vers 1624, par Justus Sustermans. Huile sur toile. Château de Konopiste, Benesov (région de Bohême centrale), République tchèque. (Copyright Institut national du patrimoine, République tchèque)

Le portrait équestre du prince Léopold de Médicis (1617-75), âgé de 7 ans, cadet du grand-duc Cosimo II et de l’archiduchesse Marie-Madeleine d’Autriche, réalisé par l’artiste flamand Justus Sustermans (1597-1681), est exposé pour la première fois en France. Vêtu de ses plus beaux atours, le prince est assis sur une jument blanche andalouse, dont la crinière lustrée est attachée au tapis de selle. Justus Sustermans a habilement peint les détails, comme la bride incrustée de pierres précieuses et les somptueux tissus brodés de soies colorées et de fils d’or.

Les visiteurs de l’exposition peuvent voir de près de somptueux exemples d’équipements équestres similaires, notamment les étriers complexes du roi François Ier, ainsi que d’exquises selles d’apparat garnies de velours et de brocart, incrustées de pierres précieuses et brodées d’argent et d’or.

Étriers appartenant à François Ier, premier tiers du XVIe siècle, France. Musée de la Renaissance, Château d’Écouen, France. (Copyright S. Maréchalle/Grand Palais RMN)

Portrait de cheval

Les personnes de haut rang qui commandaient de grands portraits ont commencé à le faire pour leurs animaux, qu’il s’agisse de leur bétail, de leurs favoris sportifs, de leurs fidèles destriers ou de leurs compagnons de famille.

Fondateur de la peinture suédoise, l’artiste hambourgeois David Klöcker Ehrenstrahl (1628-98) a réalisé de puissantes représentations des chevaux du roi Charles XI, qui témoignent de l’habileté de l’artiste ainsi que de la puissance et de la richesse du roi.

Kortom, le cheval de Charles XI, 1684, par David Klöcker Ehrenstrahl. Musée national, Stockholm. (Copyright Linn Ahlgren/Nationalmuseum)

L’artiste néerlandais Paulus Potter (1625-1654) a incarné le portrait animalier. Sa peinture d’un étonnant cheval pie montre un beau spécimen dans une propriété de campagne. Paulus Potter a rendu sa croupe dodue, ses muscles raffinés et sa robe veloutée et brillante. Le cheval lève la tête et dresse les oreilles, attentif au groupe de chasseurs au loin.

Cheval pie, vers 1650-1674, par Paulus Potter. J. Paul Getty Museum, Los Angeles. (Copyright J. Paul Getty Museum)

Selon The Oxford Companion to Art, « W. Bode, éminent critique de la peinture hollandaise, a écrit que Paulus Potter était tellement en phase avec les animaux que les portraits qu’il en fait sont toujours exempts d’anthropomorphisme ».

Tête de cheval blanc, vers 1800-1825, par Théodore Géricault. Huile sur toile. Musée du Louvre, Paris. (Thierry Le Mage/Copyright GrandPalaisRMN)

Certains artistes se sont attachés à montrer les caractéristiques subtiles du cheval. Au XIXe siècle, l’artiste français Théodore Géricault (1791-1824) a peint un gros plan presque obsédant de la tête d’un cheval blanc, traduisant l’esprit intérieur de l’animal. Les chevaux réagissant à l’orage sont devenus un sujet populaire, comme le montre le tableau électrisant de Carle Vernet (1758-1836) intitulé Chevaux effrayés par l’orage.

Chevaux effrayés par l’orage, entre 1800 et 1830, par Carle Vernet. Huile sur toile. Musée Calvet, Avignon, France. (Copyright Musée Calvet-Avignon/DR)

Le naturaliste français Georges Louis Leclerc de Buffon (1707-88), dans le volume 5 de son Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du Roi, décrit comment un cheval « se livre sans réserve, et ne refuse aucun service ; il exerce toutes ses forces, et, pour que son obéissance soit complète, il tend tous ses nerfs jusqu’à ce qu’il expire ».

Cheval couché, vers 1660-1670, par Charles Le Brun. Pierre noire, rehauts de craie blanche, sur papier beige. Musée du Louvre, Paris. Département des Arts graphiques. (Copyright Michel Urtado/GrandPalaisRMN)

Notre dépendance à l’égard de l’énergie chevaline a diminué, mais notre admiration pour le cheval, souvent énigmatique, perdure. Dans son roman Cheval de guerre, Michael Morpurgo écrit à propos du cheval Joey : « Il y a une noblesse dans son regard, une sérénité royale en lui. Ne personnifie-t-il pas tout ce que les hommes essaient d’être et ne peuvent jamais être ? Je vous le dis, mon ami, il y a de la divinité dans un cheval, et particulièrement dans un cheval comme celui-ci. Dieu a eu raison le jour où il les a créés. »

L’exposition « Cheval en majesté – Au cœur d’une civilisation » au Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, à Paris, se poursuit jusqu’au 3 novembre. Pour en savoir plus, rendez-vous sur ChateauVersailles.fr

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