Chien, chat, poisson rouge ou canari : emménager en Ehpad avec son animal de compagnie peut adoucir la transition pour les personnes âgées obligées de quitter leur domicile. Les établissements sont aujourd’hui libres d’accepter ou non, mais le gouvernement souhaite en faire un droit pour les seniors.
L’entrée en Ehpad est souvent décrite comme une « rupture » pour les personnes âgées, qui voient leurs habitudes et leurs repères bouleversés.
« Ajouter à cela l’abandon contraint d’un animal est intolérable », déclarait récemment à l’AFP le député LR Philippe Juvin. Source de réconfort pour la personne âgée, le compagnon à quatre pattes peut également être un point de repère dans son nouvel environnement, ce qui faciliterait la transition. Philippe Juvin souhaite ainsi faire inscrire dans la proposition de loi « Bien vieillir » le droit des personnes âgées à emménager en établissement avec leur animal de compagnie.
Approuvé par les députés, son amendement a toutefois été retoqué par les sénateurs qui préfèrent laisser le choix aux établissements, comme c’est le cas actuellement. Le texte va à présent être discuté par les parlementaires en petit comité, le 12 mars, lors d’une commission mixte paritaire (CMP).
Le gouvernement est sorti du bois en soutenant cette proposition : « Je suis favorable (…) à ouvrir la possibilité dans la loi d’accueillir les animaux de compagnie en Ehpad », a indiqué vendredi sur X (ex-Twitter) la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin. Elle a invité les élus « à se saisir de cet enjeu de société en vue d’humaniser davantage nos Ehpad ».
86% des Français favorables
Selon un récent sondage Ifop pour la fondation 30 millions d’amis, 86% des Français sont favorables à l’accueil des animaux domestiques en Ehpad. Devoir se séparer de son animal en entrant en maison de retraite « est un crève-cœur », a reconnu sur France 2, la ministre déléguée chargée des Personnes âgées, Fadila Khattabi. Elle aussi soutient ce droit, qui serait une « très belle avancée ».
Toutefois, « il va falloir être réaliste », on ne pourra pas apporter « un animal comme un boa », a-t-elle averti. Ce sont plutôt « les chiens, les chats, le poisson rouge, le petit canari » qui seront les bienvenus dans les 7500 Ehpad, publics, privés ou associatifs. Les organismes représentant les établissements sont aussi pour.
Cela marquerait « une avancée significative dans l’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées », a indiqué à l’AFP Jean-Christophe Amarantinis, président du Synerpa, principal syndicat des Ehpad privés. Il admet « les bienfaits des animaux sur le bien-être des résidents » mais insiste sur l’importance de « cadrer cette pratique dans le règlement intérieur des établissements pour des raisons sanitaires et de cohabitations ».
À Paris, un groupe de travail rassemblant des directeurs d’Ehpad des secteurs public et privé travaille sur une charte pour définir les conditions d’accueil des nouveaux résidents avec leur animal. Il pourrait être demandé aux résidents de prévoir par exemple qui pourrait les aider à s’occuper de l’animal au quotidien, si besoin, ou à prendre la relève en cas d’hospitalisation.
Si les parlementaires approuvent l’entrée des animaux en Ehpad, « je veillerai à ce que ce soit très vite appliqué », a assuré Fadila Khattabi. Soit, normalement, au printemps. Les modalités pratiques pourraient être définies par décret, après consultation des acteurs du secteur, selon une source proche du dossier.
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