Chine : Assignation à comparaître d’une ancienne victime du trafic d’enfants ayant osé s’exprimer au sujet de « la femme enchaînée du Jiangsu »

Par Epoch times
24 février 2022 00:12 Mis à jour: 24 février 2022 01:52

La police vient de citer à comparaître une blogueuse chinoise ayant exprimé son inquiétude pour la femme enchaînée dans la zone rurale de Xuzhou (Jiangsu), une victime de la traite des femmess révélée sur les médias sociaux, abusée pendant 26 ans par son mari et les villageois locaux.

Ma Panyan, qui défend les droits de l’homme dans la ville de Chongqing, dans le sud‑ouest de la Chine, a également été vendue comme jeune mariée à l’âge de 12 ans, en 2001. Elle a toutefois réussi à échapper à son ravisseur. Pendant des années, elle a essayé de traduire les criminels en justice, malgré le harcèlement fréquent de la police.

Lorsqu’elle a publié ses réflexions sur la femme enchaînée à Xuzhou le 8 février, elle a de nouveaux eu des problèmes avec la police locale.

Le 11 février, la police lui a délivré une assignation à comparaître pour « diffamation présumée » et lui a demandé de se présenter au poste de police avant le 18 février à 17 heures.

Dans une interview accordée à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times, Ma Panyan a déclaré qu’elle avait de la chance et qu’elle était restée mentalement stable après tant d’épreuves. Elle a donc estimé de son devoir de parler au nom de ceux qui partageaient la même souffrance.

L’expérience lui a appris que « tenter d’obtenir de l’aide de la part de la police chinoise est inutile ». Le poste de police qui a délivré l’assignation est le même que celui auquel elle avait demandé de l’aide à l’âge de 12 ans. Son appel aux secours avait été ignoré. Au lieu de cela, la police avait convié l’acheteur à la reprendre.

Corruption de la police

Le 17 février, Panyan téléphone au poste de police au sujet de son assignation à comparaître. Le directeur lui dit qu’elle doit se présenter et qu’on viendra la chercher si elle ne vient pas d’elle‑même au poste.

Panyan, aujourd’hui mère célibataire d’une fillette de 8 ans souffrant d’épilepsie et d’autisme, décide de ne pas se déplacer jusqu’au poste de police en raison de la longue distance et du désagrément.

Elle a préféré que la police vienne la chercher, ne voulant pas risquer la sécurité de sa fille durant le trajet. Elle se sait suivie par des policiers en civil.

Epoch Times a appelé le poste de police de la ville de Shuanglong. L’officier ayant répondu au téléphone a déclaré ne pas être au courant de l’affaire.

Ma Panyan raconte ce qui lui est arrivé après avoir été vendue comme jeune mariée.

À l’âge de 12 ans, son oncle l’a vendue à un homme de 17 ans son aîné. Elle s’est rendue au poste de police pour demander de l’aide, mais le directeur avait accepté le pot‑de‑vin de son oncle – des jarrets de porc, des œufs et un coq. L’acheteur a été prévenu par la police et s’est présenté pour l’emmener chez lui. Elle a été violée à l’âge de 13 ans et a donné naissance à une fille alors qu’elle n’avait que 14 ans.

Elle raconte : « Je me suis enfuie quand j’avais 18 ans… Lorsque ma sœur a appelé la police, les acheteurs lui ont dit que cela ne servait à rien d’appeler la police, car ils avaient donné 2 000 yuans (279 €) au poste de police avant de m’enlever. »

« Ils [la police] ne s’occuperont pas de vous. » ont‑ils dit à sa sœur.

De fait, la police manquait à l’appel.

Elle s’est cachée chez sa sœur, mais l’acheteur est arrivé avec neuf hommes et une femme, et l’a emmenée, bien que sa sœur ait supplié la police de l’aider.

BEIJING, CHINE : Les « cartes à jouer des enfants disparus » sont présentées par Shen Hao, le fondateur d’un site Web sur les personnes disparues, le www.xrqs.com, le 31 mars 2007 à Pékin, en Chine. Les cartes contiennent des photos et des informations sur 27 enfants disparus et Shen Hao prévoit de les distribuer gratuitement aux départements de la sécurité publique, aux bureaux des affaires civiles et aux résidents, dans des régions connues pour leur trafic d’enfants.

De nombreuses femmes sont enchaînées dans les campagnes chinoises

Ma Panyan raconte : « Ils m’ont gardée à l’intérieur de la maison, tout comme la femme enchaînée de Xuzhou, avec une chaîne verrouillée. »

Une fois qu’elle a donné naissance à un garçon, les acheteurs ont baissé leur garde. Ma Panyan, qui a maintenant 20 ans, s’est à nouveau échappée. Depuis, elle mène une vie nomade, luttant pour sa liberté.

Ma Panyan explique qu’il y a beaucoup de femmes enchaînées en Chine aujourd’hui. Elle a entendu des histoires de femmes qui ont bu du pesticide pour se suicider.

La mère de Ma Panyan a également été victime de trafiquants.

En 1997, alors qu’elle avait 9 ans, sa mère a tué son mari violent. La mère, malade mentale, n’a pas été jugée pénalement responsable et n’a pas été envoyée dans un hôpital psychiatrique. Sa mère s’est enfuie de chez elle et a été recueillie par un autre homme qui en a fait son instrument de procréation.

C’est alors que Panyan et ses sœurs ont été adoptées par leur oncle, qui les a ensuite vendues comme épouses.

Elle raconte que sa mère a été maltraitée par l’homme qui l’a achetée. Elle a perdu ses dents, a été enchaînée, dépouillée de ses vêtements même en hiver, battue, et a donné naissance à six enfants.

Panyan et ses sœurs ont finalement retrouvé leur mère, qui était alors très malade. Elles l’ont ramenée chez elles et ont laissé les enfants à l’homme.

La sœur aînée et la sœur cadette de Panyan ont également été vendues pour être mariées. Lorsque leur histoire a été révélée, l’histoire des trois sœurs est devenue largement connue sous le nom d’incident des « enfants mariées de Chongqing ».

Sous la pression de l’opinion publique, les autorités ont autorisé les femmes à divorcer des hommes qui les avaient achetées. Cependant, ni les proches qui les ont vendues après la fuite de leur mère ni les hommes qui les ont achetées n’ont été tenus pour responsables d’un quelconque crime. La police a refusé d’engager des poursuites pour les crimes présumés tels que la séquestration et le viol.

Ma Panyan n’a pas renoncé à ses droits et a demandé justice. Ses publications constantes en ligne dénonçant les crimes des trafiquants de femmes ont fait d’elle la cible de la police locale. Elle dit que c’est ainsi qu’elle est devenue une militante des droits humains.

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