Chine : les quartiers résidentiels traditionnels menacés par une nouvelle directive

28 février 2016 08:34 Mis à jour: 28 mars 2016 15:44

En plus de critiquer son « architecture étrange », les nouvelles directives urbanistiques émises par le Parti communiste et les autorités du régime chinois le 21 février dernier visent un aspect beaucoup plus important du paysage urbain chinois.

Selon ces directives, les communautés résidentielles traditionnellement fermées aux véhicules à moteur seront progressivement ouvertes et transformées en système de blocs urbains.

Les médias sociaux chinois, tels que Sina Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, ont rapidement été submergés par les réactions des internautes en colère protestant contre un tel système. Ces citoyens s’inquiètent des questions de sécurité découlant de la circulation automobile dans des quartiers densément peuplés, ainsi que de l’augmentation de la pollution sonore et atmosphérique.

Selon un sondage mené par Sina Corp., un média chinois en ligne, plus de trois quarts des 8 000 personnes interrogées étaient opposées aux nouvelles directives. Plus de 85% ont convenu que les propriétaires devraient être indemnisés si les communautés étaient ouvertes à la circulation.

Un homme roule en vélo dans un hutong à Pékin, le 10 mars 2015. (Fred Dufour / AFP / Getty Images)
Un homme roule en vélo dans un hutong à Pékin, le 10 mars 2015. (Fred Dufour / AFP / Getty Images)

Dans une interview donnée à Sina, Xu Xin, professeur de droit à l’Institut de technologie de Pékin, a qualifié l’objectif des directives visant à mettre fin au système résidentiel fermé de « déraisonnable et illégal ».

L’histoire de ces quartiers résidentiels fermés remonte aux anciennes villes médiévales chinoises où la circulation automobile était inexistante, mais l’idée s’est largement matérialisée avec la naissance des unités de travail centralisées du système économique communiste dans les années 1950. Des communautés entières avec des magasins, des écoles et d’autres services s’étaient construites autour des usines, des instituts, des bureaux, etc.

Même après l’ouverture de l’économie chinoise vers un système de marché, les quartiers résidentiels de style soviétique – « grande route, communauté fermée » – restent un aspect fondamental de la vie quotidienne d’innombrables Chinois.

Xu Xin n’est pas opposé à la construction de nouveaux logements dans un environnement de trafic ouvert, mais la suppression des anciennes  communautés résidentielles composées de logements achetés par les habitants avec leur propre argent lui semble injuste et en contradiction avec la loi et la constitution chinoises.

Quant aux nouvelles directives, Xu Xin pense qu’elles proviennent  de la  « longue période de politique visant à effacer les différences entre la propriété publique et privée et le manque de protection de la propriété privée. »

« Qui garantira la sécurité des personnes âgées et des enfants ? Qui sera responsable si la criminalité augmente ? Qui sera responsable de la pollution sonore ? », interroge-t-il.

Les médias officiels comme le Quotidien du Peuple affirment que la configuration actuelle en « domaines fermés » crée des « problèmes majeurs » pour le développement urbain moderne, car leur inaccessibilité à la circulation provoque la congestion sur les grandes artères de circulation. L’ouverture des espaces résidentiels fermés augmenterait également l’espace de parcage.

Une Chinoise nourrit son fils dans un restaurant d’un hutong ou quartier traditionnel à Pékin le 12 juin 2015. (Kevin Frayer / Getty Images)
Une Chinoise nourrit son fils dans un restaurant d’un hutong ou quartier traditionnel à Pékin le 12 juin 2015. (Kevin Frayer / Getty Images)

Des commentaires postés sur Sina Weibo reflètent l’avis globalement négatif des internautes chinois : « À l’avenir, je devrai réfléchir longuement et sérieusement si je peux laisser mon enfant jouer dehors et si je peux me promener dans les arrière-cours le soir. Une fois le quartier ouvert, comment pourrai-je assurer ma propre sécurité ? », a écrit un internaute.

Un autre commentaire fait écho aux raisonnements du professeur Xu Xin : « Chaque centimètre a été payé de la propre poche des propriétaires de logements. Dans les années 1970, vous [l’État] avez déjà empoché l’argent de la vente des titres de propriété des terrains et aujourd’hui vous pensez que vous pouvez tout simplement les reprendre comme vous voulez ? »

Un autre commentaire accusait la directive du Parti de « copier les États-Unis de manière beaucoup plus autoritaire », tandis qu’un autre exprimait la résignation : « Nous vivons sous un régime communiste, c’est aussi simple que cela. »

Un autre internaute a demandé aux autorités de montrer l’exemple :« Commencez par ouvrir le quartier des institutions du régime ».

Version anglaise : Chinese Authorities Just Announced the End of Gated Communities, but the People Want to Keep Them

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