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La Chine « le pire environnement au monde pour la liberté sur Internet » confirme un rapport

octobre 23, 2022 17:44, Last Updated: octobre 24, 2022 18:52
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La Chine a de nouveau été classée comme le pays qui opprime le plus la liberté d’Internet dans le monde, selon un groupe de défense des droits de l’homme, qui a également indiqué que le régime communiste cherche depuis longtemps à étendre  son modèle répressif à l’étranger.

« Pour la huitième année consécutive, la Chine est restée le pire environnement au monde pour la liberté de l’Internet », a déclaré Freedom House dans son dernier rapport publié le 18 octobre.

Sur les 70 pays étudiés, le rapport décrit l’internet chinois comme « le plus répressif au monde ». L’organisation à but non lucratif basée à Washington a constaté que les informations relatives aux Jeux olympiques de Pékin de 2022 et à la pandémie de COVID-19 ont été fortement restreintes.

En outre, l’organisme de surveillance a déclaré que le régime chinois a imposé son pouvoir à l’industrie technologique par le biais de la réglementation et des règles. Selon le rapport, les autorités ont élaboré des règles visant à sanctionner les entreprises qui aideraient les internautes à contourner le pare-feu Internet.

Après avoir réussi à contrôler le flux d’informations chez elles, la Chine et la Russie se tournent à présent vers l’extérieur, en promouvant un modèle cybernétique répressif assorti de contrôles étatiques plus importants. Des chercheurs de Freedom House ont averti que Pékin et Moscou avaient pris la tête des efforts visant à remodeler les normes et les règles de l’internet en explorant leur rôle dans les organismes internationaux.

« Les puissances autoritaires, comme la Chine et la Russie, ont fait des percées [vers les forums internationaux], et cela est particulièrement vrai dans une agence des Nations unies, connue sous le nom d’Union internationale des télécommunications, ou UIT. Ces pouvoirs autoritaires tentent de transformer cet organisme en un régulateur mondial de l’internet qui favorise leurs intérêts », a déclaré Allie Funk, directrice de recherche sur la technologie et la démocratie à Freedom House.

La censure  nationale

En examinant l’évolution de la situation des droits de l’homme sur Internet entre juin 2021 et mai 2022, les chercheurs de Freedom House ont constaté que Pékin a encore renforcé la censure à des moments précis.

Par exemple, le contenu lié aux droits des femmes a fait l’objet d’une censure accrue après que la joueuse de tennis Peng Shuai a fait des allégations d’agression sexuelle contre un haut responsable du Parti communiste à la retraite, Zhang Gaoli, sur Weibo, le Twitter chinois.

(A gauche) La joueuse de tennis chinoise Peng Shuai lors de son match de premier tour du simple dames à l’Open d’Australie de tennis à Melbourne, le 16 janvier 2017 ; (A droite) le vice-Premier ministre chinois Zhang Gaoli lors d’une visite en Russie au Forum international d’investissement de Saint-Pétersbourg, le 18 juin 2015. (Paul Crock et Alexander Zemlianichenko/AFP via Getty Images)

Le message posté par Peng a été immédiatement effacé de son compte Weibo officiel, et elle a disparu de la scène publique, suscitant des inquiétudes internationales quant à son bien-être. Peng a par la suite démenti cette affirmation lorsqu’elle est réapparue.

Selon le rapport, le Parti communiste chinois (PCC) a également lancé une campagne agressive pour supprimer les informations sur la pandémie de COVID-19, en particulier lorsque les habitants de Shanghai ont partagé leurs expériences dans le cadre d’un confinement extreme de deux mois qui a commencé fin mars.

Le confinement prolongé de la ville la plus cosmopolite de Chine a entraîné des pénuries alimentaires et de produits de première nécessité. Les patients ne faisant pas partie du programme COVID ont eu du mal à obtenir des médicaments ou des soins d’urgence. Les habitants, y compris les personnes âgées et les enfants, ont été séparés de leurs familles et envoyés dans des installations de quarantaine. De nombreux habitants ont utilisé Weibo pour demander de l’aide, tandis que d’autres ont exprimé leur colère et leur frustration sur Internet, qui est étroitement contrôlé. Mais de nombreux messages ont été supprimés par les censeurs chinois, a indiqué Freedom House sur sa page consacrée à la Chine.

Les résidents chinois qui ont partagé des informations sur le COVID encourent de sévères sanctions. Le rapport cite le cas de Xu Na. Xu a été placée en détention après qu’elle a partagé des informations et des photos avec l’édition en langue chinoise de The Epoch Times, au début de l’épidémie de COVID-19 à Pékin. En janvier, Xu, qui est aussi une pratiquante du groupe spirituel persécuté, Falun Gong, a été condamnée à huit ans de prison.

Une photo non datée de Xu Na. (Avec l’aimable autorisation du Falun Dafa Information Center)

Remodeler l’Internet mondial

Freedom House a averti que les puissances autoritaires, comme le régime communiste chinois, cherchent depuis longtemps à remplacer le modèle actuel de gouvernance mondiale de l’internet par « un modèle qui favorise la cybersouveraineté, c’est à dire un contrôle accru par les États ».

Le rapport souligne que la Chine a déjà fait des ouvertures dans ce sens à l’UIT, une agence des Nations unies chargée de développer et de déterminer des normes mondiales pour les nouvelles technologies. Depuis 2014, l’UIT est dirigée par Zhao Houlin, un ingénieur chinois en télécommunications.

En tant que secrétaire général de l’UIT, Zhao appelle à « un transfert du contrôle de l’établissement des normes techniques, loin des organismes multipartites, où la société civile et d’autres experts non gouvernementaux ont plus d’influence, et vers l’UIT elle-même, où seuls les gouvernements ont leur mot à dire », selon le rapport.

Sous le mandat de Zhao, les géants chinois de la technologie que sont Huawei, China Mobile, China Unicom et le ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’information ont proposé conjointement un nouvel ensemble de normes appelé « New IP » (protocole Internet) en 2019. Selon le rapport, ce plan « modifierait fondamentalement l’interopérabilité de l’infrastructure de l’Internet mondial en remaniant les protocoles communs pour faciliter un plus grand contrôle de l’État sur les réseaux nationaux. »

L’initiative a été rejetée, mais les analystes de Freedom House ont noté que des éléments rebaptisés de la proposition sont depuis réapparus dans divers organismes de normalisation.

Le dirigeant chinois Xi Jinping prononce un discours lors de la Conférence mondiale de l’Internet à Wuzhen, dans la province chinoise du Zhejiang (est), le 16 décembre 2015. (STR/AFP via Getty Images)

Entre-temps, le PCC (parti communiste chinois) a transformé sa Conférence mondiale annuelle sur l’Internet en une organisation permanente à partir de juillet 2022. Selon le rapport, cet organisme est conçu pour « servir de communauté mondiale ‹ partagée › qui déterminerait les normes techniques et la gouvernance. »  Grâce à cette organisation, le PCC pourrait « promouvoir et inciter d’autres gouvernements à adopter son modèle autoritaire de contrôle numérique. »

« A l’échelle nationale comme sur la scène internationale, les gouvernements autoritaires mènent une campagne pour cloisonner l’internet ouvert en un patchwork d’enclaves répressives », indique Freedom House dans son rapport. « Les gouvernements sont plus nombreux que jamais à exercer un contrôle sur ce que les gens peuvent consulter et partager en ligne en bloquant les sites web étrangers, en accumulant les données personnelles et en centralisant l’infrastructure technique de leur pays. »

« En raison de ces tendances, la liberté d’Internet dans le monde a reculé pour une 12e année consécutive. »

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