Les sociétés du monde entier sont en train d’élaborer des plans d’urgence au cas où le comportement lamentable de la Chine – agression internationale, violation des traités, prise d’otages étrangers (dont deux Canadiens) et violente répression interne – affecterait leurs opérations dans ce pays et qu’elles doivent se retirer ou réduire leur présence.
Ces sociétés doivent également se préparer au « pire des scénarios » – l’expulsion de la Chine du système commercial mondial. Cependant, le commerce international se portait bien avant l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001. Le soutien mondial au libre-échange a atteint des sommets historiques, tandis que le commerce et la prospérité augmentaient à un rythme sans précédent.
Le commerce mondial peut très bien se passer de la Chine.
Un certain nombre de choses négatives se sont ajoutées aux bonnes nouvelles économiques de la fin du XXe siècle. L’une d’elles a été l’énorme poids de la Chine qui est tombé sur le système commercial mondial.
Pour ce système, la Chine aurait été difficile à avaler même si elle avait agi de bonne foi. L’énorme main-d’œuvre chinoise, très disciplinée et bien éduquée, devait inévitablement entraîner de douloureux ajustements mondiaux, faisant disparaître les emplois peu qualifiés dans les pays pauvres et le secteur manufacturier dans les pays riches – même si les gains à long terme auraient largement compensé les perturbations temporaires.
Cependant, les perturbations ont été exacerbées par les flagrantes manifestations de mauvaise foi de la Chine : vol de propriété intellectuelle, subvention des industries chinoises, prêts prédateurs aux pays appauvris afin de construire des projets correspondants aux rêves impérialistes chinois, recours au travail forcé, manipulation monétaire, obstacles à la propriété étrangère et utilisation du « respect de la loi » – ou plutôt du « règne par la loi » – comme arme pour punir ou expulser les sociétés étrangères, entre autres abus.
Ajoutez à cet environnement économique malsain l’escalade de mauvaises politiques sous le régime du dictateur à vie Xi Jinping, y compris les répressions internes violentes, l’impérialisme externe, le nationalisme exacerbé, l’ingérence dans les pays du monde entier (notamment au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande ainsi que l’accroissement de l’ingérence ailleurs, y compris en Europe et aux États-Unis) et l’utilisation de la diaspora et des étudiants chinois comme arme contre la dissidence à l’étranger.
Ce sont les méfaits politiques qui pourraient mener à l’exclusion de la Chine de l’OMC. Si la Chine avait fait partie du système commercial mondial au moment du massacre de la place Tiananmen en 1989, elle aurait probablement été expulsée. Aujourd’hui, la Chine montre qu’elle se conduit de manière bien pire – et sur la scène internationale, contrairement au massacre de la place Tiananmen, qui était une horreur intérieure.
La Chine s’est publiquement engagée à soumettre à son règne Hong Kong, Taïwan et la mer de Chine méridionale. Les Taïwanais, les Hongkongais et les pays ayant de vraies revendications légales sur la mer de Chine méridionale rejettent la politique de ce prétendant indésirable.
Taïwan n’a aucune envie de rejoindre la Chine autoritaire, sachant qu’il est impossible que la Chine puisse garantir la continuité de sa démocratie libérale. La Chine menace constamment d’envahir Taïwan, ce qui serait une invasion sanglante. Taïwan est une forteresse dans l’océan, elle est dotée d’une puissante armée et d’une population déterminée.
Hong Kong fait beaucoup parler de lui aujourd’hui. La Chine a constamment violé le traité prévoyant le statut « d’un pays, deux systèmes », le traité qu’elle avait conclu lors de la passation du pouvoir à Hong Kong en 1997. Elle a rompu son engagement en faveur d’élections populaires et a créé un pouvoir législatif et exécutif fantoche, a kidnappé des dissidents à Hong Kong (et dans d’autres pays), a porté atteinte à la liberté académique et a étendu à Hong Kong le pouvoir juridique de Chine continentale, y compris le traité d’extradition qui a suscité les récentes manifestations.
Même si la crise actuelle est résolue, la Chine continuera d’attaquer l’accord sur les « deux systèmes » et les Hongkongais continueront à s’opposer à ces attaques. Si la Chine attend pour imposer son règne jusqu’à 2047, date d’expiration du traité « un pays, deux systèmes », elle devra faire face à une population encore plus motivée et fâchée. Il est dont peu probable que la Chine va attendre longtemps.
Les dirigeants chinois sont confrontés à un démon qu’ils ont eux-mêmes créé – le nationalisme virulent qu’ils ne contrôlent plus. Plutôt que de freiner l’impérialisme chinois, ce sentiment populaire serait son accélérateur – un sentiment que les dirigeants chinois pourraient trouver particulièrement attrayant pour rallier le soutien populaire si leur économie faiblit, ce qui est déjà le cas.
La Chine n’a plus de soutien bienveillant dont elle avait bénéficié lors de son entrée dans l’économie mondiale. La réaction internationale à une invasion de Hong Kong ou de Taïwan serait assez forte, tout comme à la réalisation militaire de ses revendications sur la mer de Chine méridionale – peut-être suffisamment forte pour conduire à l’expulsion de la Chine de l’OMC.
Une telle série de catastrophes serait le pire des scénarios. Le leadership de la Chine est arrogant et agressif, mais pas stupide – il essayera donc d’aller jusqu’à la ligne rouge sans la franchir. Toutefois, même s’il la franchit, l’OMC affaiblie et l’Occident préoccupé par d’autres problèmes pourraient limiter leur réaction seulement à des propos accusatoires et à quelques sanctions.
En même temps, seule la violence permettra à la Chine d’atteindre ses objectifs publiquement déclarés de subjuguer Hong Kong et Taïwan et de s’emparer de la mer de Chine méridionale, entre autres ambitions impériales. Cela crée une grande incertitude, y compris la possibilité d’un système commercial mondial sans la Chine.
Fred McMahon dirige le projet Economic Freedom of the World à Fraser Institute basé au Canada.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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