Ne pas laisser le Parti Communiste Chinois « diviser pour régner ». Les propos d’Emmanuel Macron sur Taïwan ont fait des vagues mardi au Parlement européen, où l’exécutif a souligné l’importance « cruciale » de l’île pour l’Europe.
En semblant renvoyer dos-à-dos Américains et Chinois à propos de Taïwan, île démocratique menacée par Pékin, le président français a rouvert des fractures au sein de l’Union européenne, exposées au grand jour lors d’un débat consacré à la Chine au Parlement de Strasbourg.
« Il est temps de faire preuve de volonté collective »
Sans viser nommément le président français, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé à « une étroite coopération entre les États membres et les institutions européennes afin d’éviter les tentatives visant à diviser pour régner ». « Nous avons déjà vu ces tactiques à l’œuvre au cours des jours et des semaines passés », a remarqué Mme Von der Leyen, qui a accompagné le président français lors de sa visite à Pékin au début du mois. « Il est temps que l’Europe passe aussi à l’action. Il est temps de faire preuve de volonté collective ».
Dans un entretien publié par Les Echos le 9 avril, alors que Pékin simulait des bombardements ciblés contre l’île, M. Macron s’est refusé à entrer « dans une logique de bloc à bloc » à propos de Taïwan. « La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes » sur la question de Taïwan « et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise », avait-il plaidé en marge de sa visite à Pékin, déchaînant une vague de critiques en Europe, au moment où Washington est le principal soutien de l’Ukraine face à l’invasion russe.
Le détroit de Taïwan est « le plus stratégique du monde »
La Chine et Taïwan sont gouvernés séparément depuis 1949, mais le régime communiste chinois considère l’île démocratique comme une de ses provinces et n’exclut pas de recourir à la force pour la récupérer. S’ils n’entretiennent pas de relations officielles avec l’île de 23 millions d’habitants, conformément à la « politique de la Chine unique » imposée par Pékin, les pays européens y ont d’importants intérêts industriels et commerciaux.
« Taïwan est crucial pour l’Europe », a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, à l’ouverture du débat sur la Chine. Le détroit de Taïwan est « le plus stratégique du monde, particulièrement en ce qui concerne le commerce : nous devons y être présents via des opérations de liberté de navigation », a-t-il plaidé. M. Borrell a évoqué le risque d’une éventuelle « action menée contre Taïwan, qu’il faudrait rejeter de toute façon » pour « des raisons morales ». « Cela aurait des incidences stratégiques gravissimes pour nous, parce que Taïwan a une industrie parmi les plus avancées pour la production des semiconducteurs », a-t-il aussi remarqué.
Le Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité a appelé à « empêcher des provocations d’où qu’elles viennent » et plaidé pour « revenir au statu quo« . « Taïwan fait résolument partie de notre périmètre stratégique pour garantir la paix, pour défendre nos intérêts », a-t-il lancé.
« M. Macron s’accommode des menaces du Parti Communiste Chinois »
Les propos d’Emmanuel Macron ont accaparé l’essentiel du débat au Parlement européen. Manfred Weber, président du Parti populaire européen (PPE, droite), a accusé M. Macron de s’ « accommoder » des menaces du Parti Communiste Chinois contre Taïwan. « Mais c’est le destin de 25 millions d’individus qui est en jeu », a dénoncé le député allemand. « Taïwan dans la région défend les valeurs démocratiques. Quiconque veut attaquer Taïwan s’en prend aux valeurs démocratiques », a-t-il plaidé.
Reinhard Bütikofer, du groupe des Verts, a jugé que l’ « autonomie stratégique à la Française » défendue par M. Macron « serait un risque pour l’Europe ». À l’opposé, Thierry Mariani (groupe Identité et démocratie, extrême-droite) a estimé qu’Emmanuel Macron n’avait fait que défendre « la position centrale de la France depuis le général de Gaulle » et subissait les attaques « de ceux qui veulent embarquer l’Europe dans une croisade contre Pékin ». Devant la presse, le député vert Yannick Jadot a relevé que la guerre en Ukraine avait forcé les pays européens à trouver une attitude commune face à la Russie.
N’ « attendons pas une guerre à Taïwan pour réaffirmer un enjeu de souveraineté », a-t-il dit.
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