Une fois la situation décantée et toutes les données en main, il est toujours plus aisé d’expliquer les décisions prises par les marchés.
Il y a un an, les marchés américains étaient ébranlés par la décision inattendue e de la Chine de procéder à une très légère dévaluation de sa monnaie et par des indices clairs d’une volonté de libéralisation plus prononcée des marchés de changes.
Ces décisions ont eu pour conséquence une sortie massive des capitaux privés, forçant la Banque Populaire de Chine (PBOC) à vendre des réserves de change, pour maintenir la stabilité du taux de change.
On n’apprendra beaucoup plus tard que la banque centrale chinoise avait non seulement vendu des obligations du gouvernement des États-Unis, mais aussi 126 milliards de dollars d’actions américaines, au cours de la période allant de juillet 2015 à fin mars 2016, contribuant à des corrections à court terme, à l’automne 2015 et au printemps 2016.
La sortie des capitaux hors de Chine se poursuit, puisque l’Institute of International Finance (IIF) estime que 227 milliards de dollars ont quitté le pays dans la première moitié de l’année 2016.
Alors pourquoi l’indice boursier américain S&P 500, se négocie-t-il à un pic historique autour des 2 200, malgré les ventes officielles chinoises, le Brexit et un possible effondrement de l’économie chinoise ?
Principalement pour deux raisons : premièrement, si la banque centrale chinoise vend des stocks américains, les citoyens chinois les rachètent.
Si un chinois veut acheter des actions américaines, il doit d’abord échanger ses yuans en dollars américains sur le marché, légalement ou illégalement. Si suffisamment de personnes vendent des yuans pour acheter des dollars, la pression sur le yuan baisse et son prix chute.
Deuxièmement, et c’est là qu’intervient la PBOC : pour maintenir la stabilité des prix, la banque de Chine intervient de l’autre côté du marché, qui vend des dollars pour acheter des yuans et donc stabiliser les prix. Évidement, les deux parties interagissent rarement directement, mais plutôt par banques interposées, les banques chinoises et internationales.
L’immobilier est de loin le plus gros moteur d’investissement pour les Chinois, mais ces derniers sont aussi friands des actions américaines, en particulier après le crash de leurs marchés boursier en 2015.
Selon une enquête du Financial Times, M. Guo, gestionnaire dans le secteur manufacturier à Nanjing, a investi les deux tiers de ses actifs dans des actions américaines. Sur une année, le pourcentage de sujets qui déclarent détenir des titres étrangers est passé de 27,3 % à 35,1 %.
« Lorsque vous prenez suffisamment de temps pour les étudier, vous arrivez facilement à comprendre les actions américaines. En Chine, plus longtemps vous êtes dans le marché et plus votre sentiment d’incertitude augmente », analyse M. Zeng, propriétaire d’une usine installée à Chongqing. Il a déclaré au FT détenir des titres américains d’une valeur de 600 000 dollars.
La demande pour des actifs à l’étranger, y compris des actions, est très forte, le premier gestionnaire de fortune chinois a mis en place une société de fiducie sur l’île britannique de Jersey, dans la Manche.
Depuis mars, 60 milliards de dollars d’achats nets de contrats à termes sur actions américains […] et 60 milliards de dollars de flux d’actions à court terme dans l’indice S&P 500 surpassent largement les 50 milliards de dollars d’écoulements des capitaux américains FNB et de fonds communs.
– Barclays
« Lorsque nous avons discuté avec nos clients qui voulaient absolument détenir des titres à l’étranger, ils nous ont révélé que leur principale motivation était de diversifier les risques », a confié Kenny Lam, président du groupe NoahHoldings Ltd, à Reuters.
D’autres personnes, moins fortunées, dont les montants des transferts de devises étrangères plafonnent sous les 50 000 dollars, utilisent des applications fournies par des entreprises comme Jimubox pour acheter des actions à l’étranger sans même passer par leur banque.
« Les investisseurs chinois recherchent activement des solutions de rechange à la volatilité des marchés des actions locales et sont très préoccupés par la valeur du renminbi [ou yuan, la monnaie chinoise]», a déclaré Dong Jun, directeur général de Jimubox au Wall Street Journal.
D’après les estimations de IIF, pour l’année 2016, les particuliers et les entreprises vont investir jusqu’à 237 milliards de dollars dans différentes participations à l’étranger.
Les entreprises chinoises, quant à elles, ont dépensé 134 milliards de dollars dans des fusions et des accords d’acquisitions, certaines dans des entreprises cotées comme le groupe d’assurance chinois Anbang Insurance et par l’achat stratégique d’Hôtels et de stations touristiques, pour 6,5 milliards de dollars.
Même la bourse de Chicago (Chicago Stock Exchange), vieille de 134 ans, vient d’être récemment rachetée par un groupe d’investisseurs chinois.
Les banques centrales
Mais les titres américains ont encore sous le coude un acheteur, qui les aide à battre des records alors même que de beaucoup d’autres investisseurs institutionnels et individuels nationaux vendent : il s’agit des différentes banques centrales de la planète.
La Banque nationale suisse (BNS) avait ainsi en sa possession 119,7 milliards de dollars d’actions américaines cotées, à la fin du premier trimestre 2016. Elle alloue 20 % de ses réserves de change aux titres et raffole d’entreprises de technologie comme Apple ($1,2 milliard) et Google ($1,2 milliard).
Selon une analyse de la banque d’investissement Barclays, les banques centrales ont probablement joué un rôle important derrière un investissement net de 60 milliards de dollars dans des contrats à longs terme sur des actions américaines.
« Depuis mars, 60 milliards de dollars d’achats nets de contrats à termes sur actions américains […] et 60 milliards de dollars de flux d’actions à court terme dans l’indice S&P 500 surpassent largement les 50 milliards de dollars d’écoulements des capitaux américains FNB et de fonds communs », ont écrit les analystes.
Bien que la Banque du Japon détienne désormais plus de la moitié de tous les fonds d’actions négociées à la bourse du Japon et figure parmi les cinq premiers actionnaires de 81 entreprises cotées en bourse, nous ignorons si celles-ci achètent également des actions américaines.
« Nous sommes dans un monde où ce sont essentiellement les indicateurs du secteur public qui dominent», explique Viktor Shvets, stratège mondial à Macquarie Securities. Il est persuadé que l’implication agressive des banques centrales et du gouvernement dans les décisions d’investissement, risque de mettre fin à la conception de l’investissement telle que nous la connaissons.
« Contrairement au secteur privé, le secteur public ne fonctionne pas par cycles. La théorie de l’investissement repose sur des cycles. Pour ceux qui sont dominés par le secteur public, l’investissement est impossible », prévient-il.
Twitter: @vxschmid
Version anglaise : What Is Going on With US Stocks?
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