ARTS & CULTURE

Christian Dior, couturier du rêve

septembre 25, 2017 0:11, Last Updated: septembre 25, 2017 0:11
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Jusqu’au 7 janvier 2018, le musée des arts décoratifs célèbre les 70 ans de la maison de création Christian Dior avec l’exposition rétrospective Christian Dior, couturier du rêve.

L’exposition comprend plus de 300 robes conçues depuis 1947 à nos jours par Christian Dior lui-même, ainsi que par six ses successeurs Yves Saint Laurent, Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano, Raf Simons et la dernière en date Maria Grazia Chiuri, qui ont su perpétuer l’esprit du fondateur dans son empreinte internationale de luxe et de haute couture.

Henri Cartier-Bresson, le mannequin Alla revêt la robe May dans la cabine lors de la Première,

1953 © Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos

 

Florence Müller, commissaire de l’exposition et directrice du département de mode et de textile au Denver Art Museum, raconte les passions du couturier du rêve à Epoch Times.

Est-ce qu’on pourrait dire qu’il y a une volonté prononcée de la part de Christian Dior de retourner vers cette féminité luxueuse du XVIIe siècle, vers Versailles, le Trianon ?

Absolument ! Il y a chez lui quelque chose de très nostalgique d’une forme d’un art de vivre qui a disparu pendant la guerre. La guerre a rendu des pays entiers extrêmement pauvres. Et on a pris l’habitude de vivre d’une façon plus simple et parfois très modeste et Christian Dior a la nostalgie d’un art de vivre très sophistiqué avec un cadre de vie très beau et les habits qui vont avec et qui font l’apologie de la féminité. Il y a un côté totalement retro dans le style Dior. C’est quelque chose qu’il revendique.

Roger Viollet, robe Soirée brillante, collection haute couture automne-hiver 1955 (ligne Y), présentée au musée des Arts décoratifs lors de l’inauguration de l’exposition « Grands ébénistes et menuisiers parisiens du XVIIIe siècle », Pavillon de Marsan, Paris, 30 novembre 1955 © Roger-Viollet

Le bal rentre dans cette catégorie ?

Christian Dior l’a dit littéralement : il veut donner aux femmes l’allure de princesses. Maria Grazia Chiuri, quand elle a fait son défilé sur le thème d’un bal de conte de fées, s’est située absolument dans la lignée de Christian Dior avec cette idée de faire rêver, d’où le titre de l’exposition. L’idée de rêve est très importante chez Dior. Il aimait s’échapper de la réalité et construire un monde complètement merveilleux et de faire rêver les gens après l’époque horrible de la guerre. Il a voulu ramener le temps du rêve dans la mode. Il a appelé son studio de création « le bureau des rêves ». Il se voit comme l’organisateur des rêves.

Il y a une idée de féminité exacerbée transformée par le vêtement. Le vêtement est là pour faire en sorte que la femme soit plus belle, plus belle qu’au naturel. C’est l’idée de transfigurer la réalité et de lui donner une dimension onirique.

Cela peut expliquer son succès auprès des actrices et des stars ?

Oui, bien-sûr il a réussi tout de suite auprès des stars d’Hollywood. C’est exactement son propos de rencontrer la nécessité des stars hollywoodiennes de paraître au-dessus de la réalité. Les stars des années 50-60, sont des super femmes elles doivent donner l’impression qu’elles sont comme des fées. Elles doivent absolument donner l’impression qu’elles ne sont pas soumises à la même réalité que les femmes du quotidien. Il est totalement sur le même registre.

Elizabeth Taylor wearing ‘Soiree a Rio’ dress (Spring-Summer Haute Couture Collection)

Mark Shaw, Elizabeth Taylor en robe Soirée à Rio, collection haute couture printemps-été 1961, Slim Look © Mark Shaw / mptvimages.com

Christian Dior était un passionné d’art et de jardins, comment ces passions se manifestent-elles dans ses créations ?

Christian Dior dessinait ses jardins, il aidait ses jardiniers, il aimait jardiner lui-même. Un des éléments principaux des décors de la maison lorsqu’il présentait un défilé était une gigantesque construction florale sur la cheminée du salon de l’avenue Montaigne. On voit des photos où il participe à l’élaboration de cette énorme construction florale.

Quand il était enfant sa lecture préférée était celle des catalogues de vente des graines pour fleurs. Enfant il était passionné par les jardins. Il décorait les jardins de sa maison d’enfance avec sa mère. C’était une passion qu’il partageait avec sa mère.

Le « New look » est basé sur les dessins d’une silhouette de la fleur et du monde floral, sur des courbes, des pétales d’une fleur, c’est le concept de la femme aussi gracieuse qu’une fleur. En opposition à la mode de la guerre qui était une mode aux angles droits, très rectangulaire, géométrique, très masculine, lui, il ramène le règne de la courbe, de la souplesse, du mouvement, de toute chose qui fait référence à des jardins, à des fleurs, qui ont été aussi sa première passion dans la vie.

Christian Dior est devenu synonyme de l’élégance à la française. Qu’est-ce au juste que l’élégance à la française d’un point de vue historique ?

En effet, l’élégance à la française se situe dans une perspective historique où le thème de la mode a été inventé en France – autour de la vie des cours et le développement de l’art de vivre à la française telle qu’on l’imaginait à Versailles – par Louis XIV et également au cours du XVIIIe siècle. Il faut se rappeler qu’à l’époque toutes les cours européennes prennent exemple sur Versailles aussi bien du point de vue de l’architecture que des décors intérieurs et de la manière de vivre.

 

Effectivement, l’élégance à la française a pied dans cette histoire et a pied dans cette idée que la France donne l’exemple, le ton, et que le reste du monde suit jusqu’à une époque assez récente.

Pendant la guerre il y a eu une espèce de vide, les couturiers français ne pouvaient plus agir dans le monde entier et les acheteurs ne pouvaient plus venir à Paris et sont devenus d’une certaine manière autonome. Christian Dior ramène l’attention sur Paris et l’idée que la mode créée à Paris était la plus intéressante.

On pourrait dire que l’élégance à la française se trouve dans la mesure, dans quelque chose qui est ni trop extravagant ni trop classique. C’est un juste milieu entre deux formes d’habillement, entre le spectaculaire et quelque chose qui sera plus tenu et retenu. C’est vraiment quelque chose entre deux, ni trop ni pas assez.

Maintenant que vous êtes conservateur du département mode et textile au Denver Art Museum allez-vous organiser une exposition Christian Dior aux États-Unis ?

Oui, en effet, en novembre 2018 j’organise la première rétrospective Christian Dior aux États-Unis.

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