Histoire et légendes se mélangent avec bonheur à Chypre, une île inondée de soleil et de lumière, au carrefour de l’Orient et de l’Occident, à découvrir sur les traces d’Aphrodite, la déesse de l’amour, qui fit de Pafos son sanctuaire. Ancienne capitale de l’île, la ville est en 2017 capitale européenne de la culture, à découvrir à ciel ouvert, un concept qui profite de la douceur du climat.
Imaginez une côte crayeuse et aride, entaillée par une route sinueuse qui surplombe plusieurs criques dont l’une d’elles, plus profonde, est hérissée de quelques rochers battus par les vagues de la mer méditerranéenne. Elle prend ici des couleurs d’un vert turquoise qui vire au bleu laiteux lorsque, dans un va-et-vient bouillonnant, la houle bordée d’écume s’écrase sur la plage en faisant rouler des galets multicolores. C’est ici, sur le site de Pétra tou Romioù, à 25 kilomètres de Pafos, que la belle Aphrodite, déesse de l’amour et de la beauté, aurait surgi des eaux, ce qui fit de la cité son principal sanctuaire sur l’île de Chypre.
Petit pays, mais 10 000 ans de civilisation
Au carrefour de l’Orient et de l’Occident, Chypre a toujours occupé une position stratégique qui a attisé les convoitises de nombreuses civilisations qui ont toutes marqué l’île de leur empreinte architecturale mais aussi culturelle : grecque, romaine, byzantine, arabe, ottomane ou encore britannique. Temples grecs dédiés aux dieux et demi-dieux de l’Olympe, villas romaines décorées de somptueuses mosaïques en pierres colorées, basiliques chrétiennes, mais aussi églises et monastères byzantins, châteaux francs, forteresses vénitiennes, mosquées ottomanes sans oublier l’empreinte britannique à qui Chypre doit, entre autres, de très beaux golfs.
Cependant, la découverte fortuite en 1936 de vestiges néolithiques du VIIe millénaire avant notre ère a mis au jour à Choirokoitia un site unique composé de petites maisons rondes, construites en brique crue et en pierre et surmontées de toits plats composés d’une structure en bois recouverte de roseaux et de terre. Comme le village s’étageait jusqu’au sommet de la colline et était protégé par des murs successifs, on devine une organisation sociale déjà structurée. Les premières fouilles ont également permis de découvrir des tombes sous le sol des maisons ainsi que des objets, comme des meules, des outils en silex et en os et des écuelles creusées dans une roche tendre. À l’époque il n’y avait ni poterie ni fer.
Villages d’un autre temps
Chypre offre un plaisant voyage qui laisse rêveurs ceux qui n’hésiteront pas à parcourir en journée les paysages verdoyants de l’arrière-pays, loin de la chaleur du littoral pour y revenir à l’heure du couchant quand la brise du soir allonge les flâneries paresseuses sur le port des vieilles cités. Les stations balnéaires se succèdent tout au long de la côte septentrionale de l’île même si les criques y sont souvent étroites et envahies par des galets ronds et lisses, polis par les vagues. Ailleurs, les plages de sable gris rappellent l’origine volcanique de l’île, mais à l’est, de superbes grèves de sable blanc embrassent des eaux bleues cristallines.
Les chaleurs caniculaires de l’été invitent à grimper dans l’arrière-pays, sur la route du vin et plus haut encore sur les pentes tapissées de forêts de cèdres et de pins de la chaîne montagneuse du Troodos, l’épine dorsale de l’île. Ses contreforts aménagés en terrasses étagées alignent à l’infini des ceps de vignes bas, ouverts comme une fleur, qui montent à l’assaut des collines arrondies.
Blottis au creux d’une vallée ou dans un pli de montagne s’éparpillent des villages de pierre ocre, resserrés autour de leur église chapeautée d’un clocher ajouré. S’y égarer durant les heures de l’après-midi, c’est l’assurance de déambuler dans des ruelles désertes où seuls les bruits de nos pas font écho au silence. En fin de journée, les hommes se retrouvent dans les kafeneions à bavarder ou à jouer aux cartes tout en savourant un café chypriote qui a tout du café turc.
L’occasion de faire de belles randonnées au gré des chemins qui relient entre eux des hameaux ensommeillés, de modestes églises byzantines aux fresques exceptionnelles classées au patrimoine mondial de l’Unesco ou encore des monastères comme celui d’Omodos où déambulent des moines en longue robe noire bavardant avec des femmes tout de noir vêtues également. Les hommes veillent à préserver une tradition viticole qui remonte à l’Antiquité, mais qui a connu ses premières lettres de noblesse lorsqu’en 1223, lors d’une dégustation, le roi de France Philippe Auguste a désigné le vin de Chypre « le meilleur de tous ». Ce village aux venelles pavées recèle plusieurs caves, une ancienne presse à raisins et quelques galeries et boutiques installées dans des maisons traditionnelles.
Pafos, capitale européenne de la culture 2017
Ancienne capitale à l’époque hellénistique et romaine, la ville de Pafos est intimement liée à la belle Aphrodite qui y aurait élu domicile lorsqu’elle émergea de l’écume de la mer. Durant près de 15 siècles, des milliers de pèlerins y venaient de tout l’empire pour rendre hommage à la déesse. Aujourd’hui, l’imagination doit prendre le pas pour restituer les « bois sacrés et les autels parfumés » que mentionne Homère dans l’Odyssée.
Désignée Capitale européenne de la culture 2017, Pafos a décidé de relever le défi de ce coup de projecteur médiatique. Déjà prisée comme station balnéaire au bord d’une mer cristalline, elle a multiplié les nouveaux villages de résidences secondaires aux maisonnettes colorées qui se louent durant l’été. De quoi faire dire aux Chypriotes que si Pafos compte quelque 70 000 habitants, elle peut en loger près d’un demi-million. Pafos 2017 compte faire parler d’elle en faisant rayonner ses trésors qui s’animeront tout au fil de l’année « en liant les continents, en créant des ponts entre les cultures » au travers du concept d’atelier ciel ouvert qui se justifie aisément dans une île qui, avec ses 330 jours de soleil par an, est le pays le plus ensoleillé et le plus chaud du continent européen.
Infos
2 sites : www.visitcyprus.com et www.pafos2017.eu Le programme de l’année s’articule autour de 3 thèmes : inévitablement « Mythes et religion», « Voyageurs du monde » qui témoignera que Pafos a toujours été un pont entre les civilisations, du Nord et du Sud, de l’Est et de l’Ouest, et « Scènes du futur » qui mise sur la continuité, celle qui survivra même lorsque les lumières de Pafos 2017 se seront éteintes.
Se loger : À Pafos, avec un accès direct à une agréable promenade le long du front de mer le St-George Hotel www.stgeorge-hotel.com. Dans l’arrière-pays, les hébergements d’agrotourisme se sont adaptés à la découverte de ce Chypre authentique. À Arsos, une superbe maison derrière ses murs a été réhabilitée en appartements restaurés avec goût www.arsorama.com.cy.
Se nourrir : II faut absolument se laisser tenter par la formule des mezzé, cette coutume séculaire commune aux pays voisins que sont la Grèce, la Turquie, le Liban et la Syrie, soit l’art de réunir autour d’une table garnie d’au moins une quinzaine de plats variés des convives trop heureux de célébrer le plaisir d’être ensemble. De quoi découvrir que la réputation des plaisirs aphrodisiaques de Pafos est toujours d’actualité ! On a apprécié à Pafos, le 7 St.Georges Tavern www.facebook.com/7StGeorges, le Ta Mpania www.facebook.com/mpaniacafe ou encore le Fettas Tavern www.facebook.com/FettasTavern; à Larnaca essayez le savoureux Stou Tousha www.facebook.com/StouRousha et à Limassol, sur la jolie place qui borde le château médiéval, le To Hani www.facebook.com/tohani.castle. À Zigi, en bord de mer, le Captain’Table est la table de référence www.captaintable.com. Un conseil : demeurez sur votre appétit jusqu’à la fin pour pouvoir faire honneur à tous les plats !
Circuler : Rien de tel que la location d’un véhicule pour découvrir les villages ou sortir des sentiers battus. Attention, on conduit à gauche, souvenir de la présence britannique et il faut s’habituer au changement de vitesse à gérer de la main gauche.
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