La petite île d’Ulva, perle d’Écosse aux plages immaculées, a été rachetée par cinq de ses six habitants qui craignaient de la voir tomber entre les mains de magnats venus de Russie ou du Moyen-Orient, et de voir ainsi leur mode de vie toucher à sa fin. Les habitants réunis dans une association ont annoncé vendredi le marché conclu, profitant d’une loi qui octroie aux communautés locales un droit de préemption. « Nous sommes heureux et soulagés », a dit à l’AFP Rebecca Munro, qui tient l’unique café de l’île, « The Boathouse », interrogée par téléphone. Avec les autres habitants, elle deviendra officiellement propriétaire de l’île le 21 juin.
Ulva avait été mise en vente en juillet dernier par le sixième habitant de l’île, membre d’une famille aristocratique à laquelle elle appartenait depuis des décennies. Mise à prix pour 4,25 millions de livres (4,77 millions d’euros), l’île a été rachetée « à un prix fixé par une évaluation indépendante commandée par le gouvernement écossais », indique dans un communiqué la petite organisation, qui a pu réunir les fonds grâce à une subvention du gouvernement écossais et aux contributions de 500 personnes. Lors de sa mise en vente, le propriétaire, Jamie Howard, l’avait décrite comme « l’une des plus belles îles privées d’Europe du nord », attirant des magnats étrangers, et les insulaires avaient alors craint d’être expulsés.
Avec sa vue sur la montagne Ben More et la spectaculaire cascade Eas Fors de l’île voisine de Mull, Ulva est de fait un endroit idyllique. Le Boathouse attire environ 5.000 visiteurs par an. Mais à proximité des cottages vides, une église abandonnée et l’hôtel désaffecté d’Ulva tombent en ruine.
« Quand nous allons prendre le contrôle, notre priorité immédiate sera de commencer à rénover les maisons » a expliqué Rebecca Munro, originaire de Dumfries, sur le continent écossais, installée sur l’île avec son mari. « Nous avons toujours dit que notre priorité serait le repeuplement de l’île », a-t-elle ajouté. A son apogée, Ulva comptait plus de 800 habitants. Son déclin a commencé au XVIIe siècle, lorsque les propriétaires terriens ont évincé en masse les agriculteurs des Highlands pour transformer leurs champs en pâturages pour moutons. Bon nombre sont alors partis pour l’Australie. Le plus célèbre fils d’Ulva, Lachlan MacQuarie, fut le dernier gouverneur colonial de la Nouvelle-Galles-du-Sud.
Rebecca Munro souligne que les habitants ont été agréablement surpris par le soutien qu’ils ont reçu, localement mais aussi de l’étranger. « Nous avons reçu des dons de gens qui n’ont jamais mis les pieds en Écosse mais qui soutiennent la réforme foncière », a-t-elle relevé. « Pour notre communauté, c’est une chose à peine croyable! » La loi sur la réforme foncière votée en 2016 par le gouvernement nationaliste écossais de Nicola Sturgeon permet de suspendre la vente d’avoirs privés pour réserver aux communautés la première offre. Un fonds de 10 millions de livres (11,3 millions d’euros), abondé par la loterie nationale, contribue financièrement à des projets solides comme celui d’Ulva.
Cette législation est lourde de conséquences, dans une région où la moitié des terres appartient à 500 personnes, dont bon nombre de nobles qui possèdent châteaux et vastes domaines ruraux sans les habiter. « C’est peu dire que nous sommes extrêmement reconnaissants envers tous ceux qui nous ont soutenus, particuliers, agences et organisations », a souligné le président du comité représentant les habitants de l’île, Colin Morrison, dans un communiqué. Ce comité s’est engagé à « promouvoir le développement économique et social d’Ulva au profit de la communauté et des générations futures ».
DC avec L’AFP
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