Cinq hommes comparaîtront à partir de mercredi devant la cour d’assises de Lyon, dans une affaire de braquage en Suisse, émaillée de multiples rebondissements rocambolesques et de répercussions mortelles.
Âgés de 30 à 48 ans, ils sont accusés d’avoir participé à des degrés divers à l’attaque d’un fourgon de transport de fonds, le 8 février 2018, qui s’était soldée par un butin total de 25 millions de francs suisses. L’équipe de malfaiteurs de la région lyonnaise est aussi soupçonnée d’avoir organisé, au même moment, la séquestration de la fille du conducteur du fourgon blindé, afin de le contraindre à ouvrir le véhicule. Les peines encourues s’échelonnent entre dix ans de réclusion et la perpétuité.
Parmi les accusés figure Yusuf K, 31 ans, convoyeur de fonds suspecté d’avoir renseigné les malfaiteurs sur l’itinéraire du véhicule. Ce qu’il a nié. Il était présent dans le fourgon le soir du braquage, aux côtés du conducteur. Les soupçons se sont orientés sur lui lorsqu’il a avoué avoir caché un carton contenant 605.000 francs suisses, laissé sur place par les braqueurs. Pour les enquêteurs, ce curieux oubli aurait été la récompense de sa complicité. Décrit dans l’ordonnance de mise en accusation du juge d’instruction comme « le principal organisateur de ce braquage », Mehdi A, 42 ans, est en cavale. Il a pris l’avion à destination de la Thaïlande quelques jours après les faits.
Un des épisodes les plus marquants du banditisme lyonnais
À la suite d’un appel anonyme, les enquêteurs avaient retrouvé une partie du butin dans une malle enterrée dans un garage situé à Trévoux (Ain). Le propriétaire du garage, renvoyé aux assises, affirme que son rôle s’est limité à fournir une cache à la demande d’un ami. Cela a permis de prélever des traces ADN sur des outils et les sachets de billets renfermant au total 2,5 millions de francs suisses. Mehdi B, 31 ans, autre accusé poursuivi pour association de malfaiteurs pour ses échanges présumés avec les principaux protagonistes, est mis en examen dans un autre dossier de vol de lingots d’or en janvier 2021.
Pour le juge d’instruction, l’affaire s’inscrit dans les épisodes les plus marquants du banditisme lyonnais. « Le déroulé des faits lors de l’attaque du fourgon révèle une organisation millimétrée et pensée dans le détail, avec une coordination des différentes équipes nécessitant des repérages minutieux durant de longs mois aussi bien en France qu’en Suisse », écrit le juge Michel Noyer.
« Cette affaire n’a pas livré tous ses secrets »
Menée côté français par l’office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO) et la direction inter-régionale de police judiciaire de Lyon (DIPJ), l’enquête a connu un volet suisse conséquent, révélant les contacts des malfaiteurs lyonnais, par l’intermédiaire d’un loueur de voitures de luxe à Genève. Selon ces investigations, évoquées dans le dossier de Lyon, certains protagonistes de l’équipe auraient planifié une précédente attaque, à Daillens (Suisse) en janvier 2017, dans des circonstances similaires, avec le même convoyeur soupçonné de complicité.
« Cette affaire n’a pas livré tous ses secrets et des zones d’ombre demeurent », relève le juge d’instruction dans son ordonnance de renvoi aux assises, soulignant que ce braquage au butin très élevé a « manifestement provoqué, sitôt commis, de très fortes tensions des milieux criminels lyonnais et genevois ». Un sixième accusé aurait dû comparaître aux assises, mais il a été assassiné en avril 2021. Deux autres règlements de compte perpétrés dans la région lyonnaise, fatals aux frères d’un accusé, sont directement liés à cette affaire, estime la police judiciaire.
Le procès doit s’achever le 7 avril.
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