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Cinq méthodes chinoises pour subtiliser des renseignements aux pays étrangers

juillet 30, 2015 14:03, Last Updated: octobre 18, 2015 12:31
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Quand un espion dévoile les ficelles de son métier, le résultat est rarement décevant. David Wise, expert en espionnage et auteur du livre « Tiger Trap: America’s Secret Spy War with China », utilise une analogie pour donner une idée précise des différentes façons dont les services de renseignement de plusieurs pays oeuvrent pour obtenir leurs informations,

Pour lui, il faut imaginer une plage dont le sable contient des informations. La Russie, les Etats-Unis, et la Chine sont interessées par ces celles-ci. « Profitant de l’obscurité offerte par une nuit bien noire, les russes vont envoyer un sous-marin et recueillir d’un coup plusieurs seaux de sable », anticipe l’expert. Et de poursuivre, «les américains vont préférer envoyer un satellite espion et rassembler une foule de données qui seront ensuite analysées une fois transmises à Washington ».

Les Chinois vont adopter une autre technique. Ils vont « envoyer des milliers de touristes sur la dite plage, avec des instructions pour que chacun d’eux recueille un grain de sable » explique t-il. Après quoi, ils vont tous « secouer leurs serviettes et au final,  la Chine en saura d’avantage que quiconque sur cette plage ».

Ceci pour dire que dans la course internationale aux renseignements étrangers, la Chine l’emporte haut la main, grâce à son recrutement massif d’espions qui infiltrent  tous les secteurs de la société.

L’efficacité du mécanisme de cyber-espionnage chinois interpelle fortement les experts. Surtout depuis l’intrusion récente dans les systèmes fédéraux américains, qui a permis à des pirates chinois de voler les dossiers confidentiels de plus de 20 millions d’employés fédéraux actuels et anciens de l’Office of Personnel Management (OMP).

A l’heure où les gouvernements occidentaux sont de plus en plus préoccupés par la menace de l’espionnage chinois, voici 5 méthodes utilisées par le régime de Pékin pour espionner les pays étrangers et s’accaparer leurs informations sensibles.

  1. Utiliser le Piratage et le cyber-espionnage
Katherine Archuleta, directrice du Bureau du personnel arrive en retard à l’audience du comité sénatorial sur la sécurité Intérieure et les affaires gouvernementales, consacrée à la récente violation des données de l’OPM (Bureau du Personnel). La rencontre avait lieu dans le bâtiment Dirksen Senate du Capitol Hill, le 25 Juin, 2015 à Washington, DC (Chip Somodevilla/Getty Images)

Les pirates chinois qui ont pénétré plusieurs administrations gouvernementales étrangères ainsi que des réseaux d’entreprise au cours des dernières années, attirent de plus en plus l’attention.

La récente infiltration de l’OPM a offert à la Chine, l’occasion de recruter des espions potentiels ainsi que l’accès à des informations détaillées sur des millions d’employés fédéraux, leurs difficultés, et leurs numéros de sécurité sociale.

De précédentes attaques informatiques similaires avaient déjà frappées BlueCross, et BlueShield. Ces entreprises s’étaient vues voler quelque 80 millions de données suite à l’attaque d’Anthem Inc., une compagnie américaine d’assurance et de santé. Depuis 2010, les pirates chinois ont également compromis à plusieurs reprises une base de données du ministère des Anciens Combattants, qui contient des informations sur environ 20 millions d’anciens combattants.

Les experts sont convaincus du fait que le régime chinois procède à la construction d’une gigantesque base de données sur les citoyens américains, sur la base des renseignements dérobés lors des cyber-attaques. Grâce au logiciel qu’il utilise actuellement pour surveiller le peuple chinois, le pouvoir de Pékin pourrait créer la feuille de route idéale lui permettant de recruter plus d’espions américains.

Au delà des renseignements personnels récoltés sur la population américaine, les chinois ont également lancé plusieurs cyber-attaques contre les grandes entreprises afin de subtiliser des secrets commerciaux et ceux liés aux nouvelles technologies. La Commission sur le vol de la propriété intellectuelle estime le coût du vol à 300 milliards de dollars et 1,2 millions d’emplois par an.

En mai 2014, un grand jury américain a inculpé cinq citoyens chinois de cyber-espionnage. Ces derniers travaillaient pour le compte de l’Armée de Libération du Peuple dans des entreprises américaines du nucléaire, de la métallurgie et des industries solaires pour acquérir des renseignements au profit des industries d’État de la Chine.

2. Infiltrer des espions

(wikimedia)

(AP Photo/Carolyn Kaster, File)

Dans une approche plus traditionnelle de l’espionnage, la Chine infiltre des espions ou en recrute, en poussant des employés vulnérables à obtenir des informations sensibles sur de grandes entreprises ou des organismes gouvernementaux étrangers.

Au mois de mai 2015, six personnes, parmi lesquelles trois professeurs chinois, ont été inculpés par un tribunal fédéral américain pour avoir volé des secrets commerciaux de deux entreprises américaines, Avago Technologies et Skyworks Solutions, avant de les donner à l’Université de Tianjin, une université contrôlée par l’Etat Chinois. Pour avoir volé le code source, des plans, et d’autres documents confidentiels, les accusés ont été reconnus coupables de conspiration dans le but de commettre des actes d’espionnage économique et le vol de secrets commerciaux.

Loin de se contenter d’infiltrer des gouvernements étrangers ou de grandes entreprises pour voler des renseignements confidentiels, le régime chinois place aussi ses espions dans les groupes qu’il considère comme potentiellement dangereux pour lui et recueille des renseignements détaillés sur eux. En 2011, la Suède a condamné un homme ouïghour à 16 mois de prison pour acte d’espionnage sur d’autres réfugiés ouïghours et l’envoi d’informations aux autorités chinoises. Les Ouïghours sont un peuple musulman turcophone vivant dans le Xinjiang, une région du nord-ouest de la Chine. Depuis très longtemps, ils sont fortement réprimés par le régime chinois.

3.Embrigader les jeunes chinois étudiants à l’étranger

(Jirka Matousek/Flickr)

Tous les ans, plusieurs milliers d’étudiants chinois s’envolent pour étudier dans des pays étrangers comme les États-Unis et le Royaume-Uni. Avant qu’ils quittent leur pays, ils sont approchés par des agents de la sécurité chinoise qui leur enjoignent de rester fidèle à la patrie et de rapporter toute information utile par « devoir patriotique ». Ainsi, les étudiants chinois sont officieusement introduits dans un réseau complexe d’espions chinois à l’étranger. La contribution de chaque étudiant étant négligeable, c’est à peine perçu comme de l’espionnage.

Ces étudiants espions, qui s’habituent à voler des informations, signaler les dissidents politiques, et à entraver les opérations de groupes protestants contre le régime chinois, permettent à ce dernier d’étendre aisément sa portée aux territoires étrangers. En tant qu’étudiants, ils sont aussi en pôle position pour entrer dans la vie active comme employés de grandes entreprises ou des organismes gouvernementaux et d’accéder ainsi à des informations classées sensibles.

La Chine infiltre aussi dans le sens inverse, par le recrutement de certains étudiants étrangers présents sur son sol, qu’ils soient américains ou d’autres pays, comme ce fut le cas avec Glenn Duffie Shriver. Lorsqu’il était encore étudiant à Shanghai en, 2004, il a été approché par une femme chinoise agent des renseignement chinois. Suite à la relation qu’ils ont développée au cours des mois qui ont suivi, Glenn a fini par accepter environ 70 000 dollars US pour tenter de rejoindre le Département d’Etat et la CIA. Après la découverte de sa tentative d’espionnage, Shriver a été condamné à quatre ans de prison.

4. Se servir des médias

Mark Bourrie, journaliste et auteur a démissionné de son poste à Xinhua après des demandes répétées l’invitant à accepter d’effectuer des missions d’espionnage pour le compte du régime communiste chinois. (Photo courtesy of Mark Bourrie)

Mark Bourrie est un journaliste auprès du parlement canadien et correspondant à l’étranger pour Xinhua,Agence de Nouvelles de l’Etat Chinois. En 2012, il a révélé que le média chinois, plutôt que de lui demander de publier des nouvelles,  lui avait ordonné de fournir des renseignements pour le compte du Parti communiste chinois. Après avoir rassemblé tous les éléments à sa disposition, et après réflexion, il s’est rendu compte que le régime chinois voulait l’exploiter comme espion, et il a démissionné.

La plupart du temps, il arrivait à faire son boulot de journaliste, mais parfois, il recevait des missions qui de toute évidence constituaient un travail de renseignement. Par exemple, ses supérieurs chez Xinhua lui avaient expressément demandé de préparer une transcription de la conférence de presse tenue par le Dalaï Lama et de chercher à trouver le contenu des entretiens de la rencontre privée entre le Dalaï-lama et le Premier ministre Stephen Harper. Lors de précédents incidents, il avait également reçu l’ordre de suivre des dissidents politiques et de recueillir des renseignements sur les manifestants, comme les pratiquants persécutés de la méthode spirituelle Falun Gong.

Sur la colline du Parlement, Xinhua profite régulièrement de ses privilèges en tant que média, pour obtenir des renseignements sur les dissidents chinois à l’étranger, les manifestants religieux, ou des personnalités politiques. En août 2014, des journalistes de Xinhua ont espionné Stephen  Harper, Premier Ministre canadien, lors de voyages dans l’Arctique. Ils ont par la suite été interdits d’accompagner le Premier ministre lors de ses voyages.

Sarah Macintyre, ancien secrétaire de presse du premier ministre, avait déclaré : « Ces gens ne sont pas des journalistes. Ils travaillent pour le compte d’une agence de médias d’État, une agence de propagande, et comme l’a dit le bureau du Premier ministre, ils ne sont pas qualifiés pour nous accompagner en tant que médias ».

5. Installer des logiciels espions dans les technologies grand public

Sur plusieurs smartphones, on a découvert un fichier infecté, qui envoyait les données d’utilisation du téléphone vers la Chine. (Sean Gallup/Getty Images)

Comme d’autres appareils technologiques provenant de Chine, les Smartphones peuvent être fournis avec des logiciels espions préinstallés qui envoient les informations personnelles des utilisateurs en Chine. Le générique N9500, un smartphone à bas prix fabriqué en Chine, est vendu avec un logiciel espion qui volait tous type de données, des renseignements personnels aux courriels du téléphone, avant de les envoyer vers un serveur en Chine. Vendu sur Amazon et eBay pour environ 160 $, ce téléphone contenait les logiciels espions déguisés en application Google Play qui tourne en arrière-fond. En outre, le Redmi note, un smartphone de l’entreprise chinoise Xiaomi et deux modèles du smartphone Sony Xperia transmettaient aussi des données vers des serveurs chinois.

De plus, logiciels malveillants ne se cantonnent pas aux téléphones ou aux technologies grand public.

En 2014, des chercheurs de TrapX sécurité, une entreprise installée en Californie et spécialisée dans la protection en cyber-sécurité, ont trouvé des dispositifs de balayage portatifs utilisés dans l’industrie de l’expédition mondiale et qui contenaient des logiciels espions. En ciblant des réseaux de haut niveau dans l’industrie du transport maritime, ce logiciel espion pourrait servir à suivre à la trace des marchandises en transit et finalement à prendre le contrôle de l’ensemble du système informatique de l’entreprise. Si TrapX n’a pas voulu révéler le nom de l’usine chinoise qui fabrique les produits, l’entreprise a néanmoins divulgué le nom de l’université chinoise associée — l’école professionnelle de Lanxiang, déjà connue pour ses cyber-attaques parrainées par l’État.

Article original : 5 Ways China Steals Foreign Intelligence

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