Xiao Jianhua est officiellement un citoyen canadien âgé de 45 ans, il détient également un passeport diplomatique de l’Antigua-et-Barbuda. Il a gagné la confiance du Parti communiste lorsqu’il s’est opposé à la manifestation de la place Tian’anmen en tant le délégué du syndicat étudiant de la prestigieuse Université de Pékin.
Après avoir obtenu son diplôme, il fait fortune grâce à un commerce informatique. Il commence alors à jouer en bourse et à faire des placements. Aujourd’hui, son groupe touche entre autres au secteur bancaire, à l’immobilier, l’assurance et les métaux mineurs. Selon le classement des plus grandes fortunes chinoises du Hurun Report, en 2016, ses biens s’élèvent à environ 5,8 milliards de d’euros.
Depuis peu, les médias s’intéressent particulièrement à lui car il a disparu de sa suite luxueuse du Four Seasons Hotel à Hong Kong.
Les circonstances de sa disparition sont étranges et les informations qui l’entourent se contredisent.
Tout d’abord les médias chinois de Hong Kong et d’outre-mer rapportent qu’il a été arrêté puis emmené en Chine continentale et la police de Hong Kong communique le 31 janvier, pour ceux qui s’inquiètent, que le « sujet » a traversé la frontière dans la journée du 27 janvier. Entre-temps un membre de sa famille l’aura porté disparu le 28 janvier mais se rétracte le lendemain pour le déclarer en sécurité.
Le 31 janvier, sa compagnie, le Tomorrow Group, publie deux messages sur les réseaux sociaux dans lesquels Xiao Jianhua s’explique. Il n’a pas été enlevé mais simplement « récupéré à l’étranger » et ajoute qu’il s’adressera bientôt aux médias. Le lendemain, bien que ces messages aient été très vite effacés, on les retrouve dans un communiqué qui prend toute la couverture du Ming Pao, un journal hongkongais. Au même moment, s’appuyant sur les allégations d’une source anonyme, le New York Times affirme qu’il est détenu par la police.
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Quand on suit la campagne anti-corruption de Xi Jiping et qu’on regarde l’implication du milliardaire dans les affaires de nombreux hauts fonctionnaires, on comprend qu’il a probablement été récupéré par la police chinoise pour faire avancer les enquêtes.
Il reste difficile, néanmoins, de déterminer avec quel membre du Parti il collaborait dernièrement.
Si la deuxième économie du monde semble fonctionner comme un pays capitaliste, en réalité le PCC n’a jamais abandonné le contrôle des industries de premier plan. Dans les faits, de nombreux secteurs publics sont aux mains des familles des grands dignitaires de l’État et pour maquiller cette réalité on utilise des intermédiaires comme Xiao Jianhua.
En 2012, une de ses sociétés achète plus de 2,4 millions d’euros d’actions de Qi Qiaoqiao et Deng Jiagui, la sœur et le beau-frère de Xi Jinping.
Pourtant, en 2006, il semble que le magnat aura également aidé Zeng Wei, le fils de l’ancien vice-président du Parti Zeng Qinghong, à acquérir la compagnie éléctrique nationale Shandong Luneng grâce un ensemble de sociétés écran qui lui appartiennent. La compagnie, achetée au rabais, est alors privatisée.
Zeng Qinghong est le « consigliere »1 de Jiang Zemin, qui fut le chef du Parti jusqu’en 2003. La campagne anti-corruption de Xi Jiping s’occupe principalement de nettoyer la faction politique de l’ancien dirigeant pour asseoir son pouvoir.
Xiao Jianhua, qui s’occupe à la fois des intérêts des membres de la faction de Jiang et ceux des parents de Xi Jiping représente un enjeu important des deux côtés, c’est pourquoi il est difficile pour les observateurs de déterminer à qui il est dévoué en dernier lieu.
1- Le terme emprunté à l’italien désigne le bras droit d’un chef du crime organisé.
Version originale : A Backgrounder on the Missing Chinese Billionaire Xiao Jianhua
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