Israël mène lundi une « vaste opération antiterroriste » à Jénine, disant frapper « avec une grande force » cette ville de Cisjordanie occupée, où huit Palestiniens ont été tués, selon le ministère palestinien de la Santé.
Plus importante incursion de l’armée israélienne en Cisjordanie depuis plusieurs années, ce raid a débuté dans la nuit contre le camp de réfugiés palestiniens à Jénine (nord). « Nous frappons (cette) plaque tournante du terrorisme avec force », a affirmé aux journalistes le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, assurant que des « attaques terroristes contre des civils » israéliens ont été fomentées dans ce camp.
Huit Palestiniens ont été tués et 50 autres blessés – dont dix dans un état critique – lors de ces combats, selon un nouveau bilan communiqué par le ministère palestinien de la Santé.
« Une infrastructure terroriste » et un « centre d’opérations » servant de centre de commandement à la « Brigade de Jénine », un groupe militant local, sont ciblés, a indiqué l’armée israélienne, qui a recours à des bulldozers, blindés et drones.
« La ville de Jénine et le camp de Jénine sont actuellement une zone de combats », a-t-elle affirmé, ajoutant dans un communiqué publié à 14h30 locales (11h30 GMT) que cette opération, lancée par le gouvernement de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu, se poursuivait.
Les forces israéliennes y ont visé « un site de production d’armes et de stockage d’engins explosifs », a-t-elle précisé. « Un soldat a été blessé par des éclats de grenade de l’armée » et hospitalisé.
Une « approche proactive » face au terrorisme
Dans un autre incident, « un homme a été tué par les balles de l’occupation (israélienne) à l’entrée nord d’al-Bireh, près de Ramallah », selon le ministère palestinien de la Santé.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a défendu une « approche proactive » face au terrorisme. « La méthode de frappe aérienne, notre cible se trouvant en plein cœur du camp, les a pris par surprise », a affirmé à des journalistes le lieutenant-colonel Richard Hecht, porte-parole de l’armée israélienne.
« Nous agissons contre des suspects en particulier », a-t-il ajouté, assurant que l’armée fait son possible pour épargner la population civile. « Plusieurs maisons et sites ont été bombardés (…). De la fumée s’élève de partout », raconte à l’AFP Mahmoud al-Saadi, directeur du Croissant-Rouge palestinien à Jénine. « J’ai vu les bulldozers dans le camp qui ont détruit des maisons », a confié à l’AFP, Badr Shagoul, un habitant de la ville.
La situation est « catastrophique », assure Mahmoud Hawashin. « Chaque action israélienne aura des conséquences. Si plus de sang palestinien coule, alors il y aura aussi plus de sang israélien qui coulera. »
« Toutes les options sont sur la table pour frapper l’ennemi (Israël, NDLR) en réponse à son agression à Jénine », a prévenu dans un communiqué le groupe armé palestinien Jihad islamique.
Le chef du mouvement islamiste palestinien Hamas, Ismaël Haniyeh, a qualifié de « brutale » l’incursion israélienne.
Un « appel urgent à la communauté internationale »
De son côté, la Jordanie a dénoncé « la récente agression visant la ville de Jénine », lançant un « appel urgent à la communauté internationale pour (…) mettre un terme aux attaques israéliennes dans les territoires palestiniens occupés », selon sa diplomatie.
La ville de Jénine, située dans le nord de la Cisjordanie et le camp de réfugiés adjacent sont régulièrement le théâtre d’affrontements entre les forces israéliennes et les Palestiniens.
L’armée israélienne mène régulièrement des raids dans la région, bastion de groupes armés palestiniens, qui est théoriquement sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, présidée par Mahmoud Abbas.
En juin, sept personnes ont été tuées, dont deux jeunes de 15 ans lors d’un raid de l’armée israélienne sur un camp de réfugiés à Jénine. Lors de ce raid, l’armée a également tiré des missiles à partir d’un hélicoptère, chose inédite en Cisjordanie depuis 2002, pendant la deuxième Intifada palestinienne, selon un responsable palestinien.
Les violences se sont multipliées ces derniers mois et, depuis le début de l’année, au moins 185 Palestiniens, 25 Israéliens, un Ukrainien et un Italien ont été tués, selon un décompte de l’AFP établi à partir de sources officielles.
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