ENVIRONNEMENT

Climat: la fonte du plus haut sommet suédois inquiète les scientifiques

août 2, 2018 19:00, Last Updated: août 2, 2018 19:11
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Face au réchauffement climatique, des chercheurs ont manifesté leur inquiétude jeudi après qu’un glacier, qui recouvre le sommet sud du massif du Kebnekaise en Suède, a perdu son statut de point culminant du pays en raison de températures exceptionnelles. « C’est assez effrayant », a déclaré Gunhild Ninis Rosqvist, professeur de géographie à l’université de Stockholm, à l’AFP.

A la tête du centre de recherche de Tarfala situé à proximité du massif dans le cercle Arctique, elle a pu mesurer la hauteur du sommet plusieurs années durant dans le cadre d’un projet de recherche sur le réchauffement climatique. « Ce glacier est un symbole pour l’ensemble des glaciers à travers le monde. Tout cet environnement est en train de fondre, la neige fond, et cela touche tout l’écosystème: les plantes, les animaux, le climat, tout », a-t-elle averti.

« On voit clairement ici les effets du changement climatique. Et pour la Suède, le sommet sud du Kebnekaise est emblématique », a-t-elle ajouté. Destination touristique appréciée du nord de la Suède, cette montagne est connue pour ses deux sommets: l’un sur le versant sud, recouvert d’un glacier, l’autre, fait de rochers, sur le versant nord.

« La surface du glacier n’a jamais été aussi basse qu’aujourd’hui. J’ai vu de l’eau de fonte couler sur les versants, je n’avais jamais observé cela auparavant », a raconté Mme Rosqvist.

Selon la scientifique, le sommet sud a perdu quatre mètres de neige au cours du seul mois de juillet. 

Les dernières mesures prises mardi matin montraient que le sommet sud s’élevait à 2.097 mètres au dessus du niveau de la mer et ne dépassait plus que de 20 centimètres le sommet nord (2.096,8 mètres au dessus du niveau de la mer).

Le sommet a perdu 14 centimètres de neige par jour en juillet, un mois pendant lequel la Suède a observé des records de températures qui ont provoqué des feux de forêt, même dans le cercle Arctique. Mme Rosqvist a indiqué jeudi que le sommet sud était désormais « très certainement » moins élevé que le sommet nord.

« Nous ne sommes pas montés aujourd’hui pour le mesurer, mais nous avons vérifié la température et il faisait vraiment chaud hier, plus de 20 degrés. Il a sûrement suffisamment fondu [pour tomber] sous le niveau du sommet nord », a-t-elle expliqué. De nouvelles mesures sont prévues « à la fin de l’été », probablement autour du 8 septembre. « Il pourrait facilement mesurer un mètre de moins que le sommet nord » d’ici là, alors qu’en 2017, la différence entre les deux sommets était de deux mètres.

Le sommet sud, mesuré depuis 1880, a fondu d’un mètre par an au cours des vingt dernières années selon l’université de Stockholm.  Selon Martin Hedberg, météorologue au Centre suédois de météorologie et d’expertise climatique, « la chaleur extrême est 100 fois plus fréquente aujourd’hui qu’elle ne l’était dans les années 1950, 1960 et 1970 ».

« Les différences de température entre l’Arctique et la Méditerranée se réduisent », a-t-il indiqué à l’AFP. D’après Mme Rosqvist, les deux sommets pourraient se disputer le titre de point culminant de Suède dans les prochaines années. La scientifique juge insuffisants les objectifs politiques de lutte contre le changement climatique, y compris l’accord de Paris qui vise à limiter le réchauffement moyen à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

« Avec ces objectifs, nos glaciers vont disparaître », a-t-elle alerté.  « C’est une année électorale en Suède et pourtant personne ne parle » du réchauffement climatique, déplore-t-elle, à un peu plus d’un mois des législatives du 9 septembre. Les trois dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées sur Terre. Mme Rosqvist recommande donc un changement « dans la manière dont nos sociétés sont structurées » afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Elle cite comme exemples la réduction de l’utilisation des combustibles fossiles et l’augmentation du nombre de voitures électriques. « Beaucoup de gens veulent ces changements et sont prêts à changer leurs habitudes de consommation », affirme-t-elle.

DC avec AFP

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