De toute ma vie, je n’ai jamais vu un premier ministre canadien vilipender un groupe aussi important comme l’a fait Justin Trudeau, au 31 janvier. Je ne m’attendais pas à ce que le premier ministre soutienne les milliers de manifestants rassemblés sur la colline du Parlement mais j’ai tout de même été sidéré de le voir rajouter de l’huile sur le feu en les qualifiant de racistes et d’extrémistes.
Alors que les manifestations ont été remarquablement pacifiques et respectueuses, Justin Trudeau a choisi de se concentrer sur les quelques incidents périphériques causés par une poignée d’individus, en déclarant : « Nous ne céderons pas à ceux qui arborent des drapeaux racistes. Nous ne céderons pas à ceux qui se livrent au vandalisme ou qui déshonorent la mémoire de nos anciens combattants. »
Des dizaines de milliers de citoyens ont participé aux manifestations, soutenus par des centaines de milliers, voire des millions de Canadiens qui n’ont pas pu s’y rendre eux-mêmes. Si cela ne représente qu’une minorité de Canadiens, cela représente tout de même un grand nombre d’entre eux et pour notre premier ministre ce sont tout simplement des racistes, des criminels, irrespectueux envers les anciens combattants.
Il s’agit d’une déclaration consternante de la part de M. Trudeau, face à des citoyens qu’il a le devoir de diriger et de représenter. Beaucoup de manifestants étaient des personnes de couleur, et il y avait sans doute des anciens combattants parmi eux. Comment se sont-ils sentis en entendant les propos avilissants de leur chef d’État ?
Nous assistons à une protestation sans précédent parmi des Canadiens normalement complaisants. Beaucoup ont l’impression de ne pas être représentés, de ne pas avoir d’institutions pour faire entendre leurs préoccupations. Voilà pourquoi ils ont recours à la protestation. Le premier ministre est en droit de ne pas soutenir leurs objectifs, mais il a l’obligation morale de les respecter. La façon dont Trudeau traite nos compatriotes est une grave erreur de jugement – et cela en dit long.
Des milliers de personnes sont restées sur la colline du Parlement le 1er février, et rien n’indique quand ni comment cette protestation pourra prendre fin. Nous avons besoin de garder notre sang-froid et d’un discours respectueux pour résoudre ce qui pourrait se transformer en une impasse prolongée. Il va être très difficile d’entamer des négociations maintenant.
Le manque d’appui fédéral concernant le Convoi de la liberté ne vient pas seulement des libéraux.
L’ancien chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, récemment démis de ses fonctions, n’a vraiment pas fait preuve d’initiative au fil des manifestations. Tout comme M. Trudeau, il est resté silencieux dans les jours précédant les manifestations, pourtant quelque chose d’important et de grande ampleur avait lieu. Lorsque M. O’Toole a finalement pris la parole, ses déclarations sont restées soigneusement neutres et tièdes. Je suppose qu’il faut lui reconnaître le mérite de ne pas avoir insulté les manifestants, mais il ne s’est pas non plus démarqué par son soutien.
Alors, qui défendra les droits des Canadiens voulant mettre un terme aux restrictions liées à la pandémie ? Qui défendra ces citoyens tandis que l’homme occupant la plus haute fonction du pays les maltraite à travers des manœuvres de clivage politique ?
Certaines personnalités politiques ont pris la parole pour défendre les manifestants à Ottawa, mais elles ne représentent pas la classe dirigeante.
Les manifestants se sentent maintenant isolés, évincés et politiquement sans abri. Cela favorise un sentiment de découragement et pourrait en conduire plus d’un vers des actes plus désespérés pour faire passer le message.
Il semble presque que la classe dirigeante s’est sentie lésée par ces manifestations par trop pacifiques et ne dégénérant pas en un nouveau « 6 janvier ». Aujourd’hui, les gens de pouvoir, y compris la plupart des médias, semblent déterminés à enflammer la situation et peut-être à provoquer un tel incident en poussant les manifestants dans leurs retranchements.
Si le chef d’une nation, quelle qu’elle soit, traitait une minorité ethnique ou religieuse comme Trudeau l’a fait avec les manifestants et les personnes qui ont choisi de ne pas se faire vacciner, le monde entier le condamnerait.
Isoler et diaboliser un groupe de la société ne devrait jamais être le fait d’un dirigeant politique. M. Trudeau est en train d’encourager des clivages sociétaux qui pourraient prendre des décennies à se résorber, voire jamais. C’est le comble de l’irresponsabilité que de diviser les Canadiens pour des raisons d’opportunisme politique.
Actuellement, le Canada a besoin de vrais dirigeants. Nous avons besoin d’une figure qui nous rassemble. Nous avons besoin d’une personnalité qui puisse représenter la majorité tout en respectant la minorité.
Tout le monde espère que les protestations se résoudront pacifiquement à long terme. Mais il est impossible de l’espérer alors que le pays n’est pas représenté par sa classe dirigeante.
Le Canada est à un tournant. Tant que nous n’aurons pas de véritable classe dirigeante, nous allons droit vers le chaos.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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