Dans une tribune publiée sur son blog, l’africaniste Bernard Lugan a vigoureusement dénoncé la proposition faite au parlement algérien par une association d’anciens combattants de criminaliser la colonisation française en Algérie, tout en regrettant le silence « étourdissant » d’Emmanuel Macron face « à cette véritable déclaration de guerre ».
Spécialiste de l’Afrique où il a passé près de trente années de sa vie, Bernard Lugan est un chercheur et un historien français né à Meknès, dans le nord du Maroc, en 1946. Auteur de plusieurs ouvrages dont la plupart s’intéressent au continent africain, il a été maître de conférences à l’université de Lyon III et a également enseigné à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (ESM), à l’École de guerre et à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Docteur en histoire et docteur ès lettres, Bernard Lugan a fait partie des experts siégeant auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).
Dans une tribune publiée sur son blog jeudi dernier et intitulée Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux, l’africaniste a vigoureusement dénoncé la proposition de l’Organisation nationale des moudjahidines (ONM) visant à promulguer une loi destinée à criminaliser la colonisation française en Algérie.
« Le président Macron garde un étourdissant silence »
Constituée de vétérans ayant participé à la guerre d’Algérie, l’ONM a en effet invité le parlement algérien à proposer un projet de loi visant à « demander des comptes aux Français » et à «exiger des compensations à la France ». « Nous voulons qu’il y ait une loi dans notre pays pour qualifier la colonisation française de destruction et de génocide », a ajouté Mohand Ouamar Benelhadj – secrétaire général par intérim de l’ONM – dans une vidéo publiée le 15 juillet. Des déclarations qui ont ulcéré l’africaniste.
« À chaque fois qu’il est en difficulté, le ‘Système’ algérien sort en effet le joker-martingale de l’accusation de la France, sachant qu’il sera immédiatement relayé par les héritiers des ‘porteurs de valises’, ethno-masochistes buvant goulûment au calice de la repentance et de la contrition », écrit Bernard Lugan.
« Le 15 juillet dernier, montrant en cela qu’il n’est pas encore mentalement décolonisé, Mohand Ouamar Benelhadj, membre essentiel du ‘Système’ algérien puisqu’il est le secrétaire général par intérim de l’Organisation nationale des moudjahidines, les ‘anciens combattants’, a ainsi appelé le parlement algérien à voter une loi criminalisant la colonisation française. Il a en outre demandé que cette loi ouvre la voie à des ‘compensations’, osant écrire que les Français ont ‘génocidé’ les Algériens et que, après avoir pillé le pays, ils ‘n’ont laissé ici que des broutilles, des choses sans valeur », poursuit le lauréat du prix Louis Marin de l’Académie française.
« Ces accusations ne relèvent pas de l’anecdote. Ce n’est pas de sa propre initiative que ce pâle apparatchik dont l’association constitue le pivot du ‘Système‘ et dévore 6 % du budget de l’État – plus que ceux des ministères de l’Agriculture (5 %) et de la Justice (2 %) –, a lancé ces accusations gravissimes. Depuis deux ou trois semaines, acculé par la rue, le général Gaïd Salah a en effet ordonné qu’une offensive anti-française destinée à tenter de faire dévier la contestation populaire soit lancée. Face à cette véritable déclaration de guerre, le président Macron garde un étourdissant silence… »
« L’Algérie engloutissait 20 % du budget de l’État français »
Au cours d’un entretien accordé à TV Libertés en 2017 à l’occasion de la parution de son livre Algérie, l’histoire à l’endroit, l’historien expliquait déjà que « l’histoire de l’Algérie telle qu’elle est enseignée en Algérie et telle qu’elle est présentée en France est une fausse histoire. C’est une histoire construite autour d’un certains nombre de thèmes ».
Souhaitant « remettre les pendules à l’heure », Bernard Lugan n’a pas hésité à rappeler encore une fois les apports considérables de la France à la Terre des Berbères pendant la période coloniale dans son billet du 18 juillet, ces apports ayant largement contribué au développement d’un pays composé de « différents ensembles » mais qui n’avait en réalité jamais existé en tant que tel auparavant, passant directement de « la colonisation turque à la colonisation française » sans qu’une véritable entité politique pré-algérienne ait jamais été constituée, contrairement à ses voisins, le Maroc et la Tunisie.
« En 1962, la France a légué à l’Algérie un héritage exceptionnel et non des ‘broutilles’ et des ‘choses sans valeur’, à savoir 54 000 kilomètres de routes et pistes (80 000 avec les pistes sahariennes), 31 routes nationales dont près de 9000 kilomètres étaient goudronnés, 4300 km de voies ferrées, 4 ports équipés aux normes internationales, 23 ports aménagés (dont 10 accessibles aux grands cargos et dont 5 qui pouvaient être desservis par des paquebots), 34 phares maritimes, une douzaine d’aérodromes principaux, des centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages etc.), des milliers de bâtiments administratifs, de casernes, de bâtiments officiels, 31 centrales hydroélectriques ou thermiques, une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie etc., des milliers d’écoles, d’instituts de formations, de lycées, d’universités avec 800 000 enfants scolarisés dans 17 000 classes (soit autant d’instituteurs, dont deux tiers de Français), un hôpital universitaire de 2000 lits à Alger, trois grands hôpitaux de chefs-lieux à Alger, Oran et Constantine, 14 hôpitaux spécialisés et 112 hôpitaux polyvalents, soit le chiffre exceptionnel d’un lit pour 300 habitants. Sans parler d’une agriculture florissante laissée en jachère après l’indépendance, à telle enseigne qu’aujourd’hui l’Algérie doit importer du concentré de tomates, des pois chiches et de la semoule pour le couscous… »
« Tout ce que la France légua à l’Algérie avait été construit à partir du néant, dans un pays qui n’avait jamais existé et dont même son nom lui fut donné par la France. Tout avait été payé par les impôts des Français. Daniel Lefeuvre a montré qu’en 1959, toutes dépenses confondues, l’Algérie engloutissait 20 % du budget de l’État français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Éducation nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce ! », conclut Bernard Lugan.
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