Nul n’ignore que le Parti communiste chinois (PCC) a mis en place sa propre monnaie numérique, le yuan numérique. Conçu pour concurrencer directement le dollar américain, le yuan numérique permet également d’échapper aux sanctions américaines, avertissent les experts.
La Russie, proche alliée de la Chine, a également choisi de mettre en place une monnaie numérique. Comme Pékin, Moscou utilisera probablement cette monnaie pour contourner les sanctions américaines tout en infligeant sa domination dans certains pays.
Que sont les crypto‑monnaies ? En quoi peuvent‑elles servir les objectifs russes. Initialement, il n’y avait qu’une crypto‑monnaie : le bitcoin. Contrairement à la croyance populaire, le bitcoin soulève divers problèmes d’ordre éthique, car il peut servir le bien comme le mal.
En Europe de l’Est, par exemple, le peuple ukrainien continue à bénéficier largement de dons en bitcoins. Depuis que le pays a été envahi le 24 février, les organisations non gouvernementales ont collecté plus de 10 millions d’euros en dons sous forme de crypto‑monnaies, la plupart en bitcoins. L’Ukraine, reconnaissant peut‑être le caractère inévitable d’une invasion, a récemment choisi de légaliser le bitcoin.
Alors que l’Ukraine, le deuxième plus grand pays d’Europe (derrière la Russie), s’effondre sous nos yeux et que la population peine à retirer de l’argent dans les banques, les dons en crypto‑monnaies offrent à de nombreux citoyens une bouée de sauvetage. Mais le bitcoin constitue également une planche de salut pour la Russie.
Éviter les sanctions
Le 22 février, quelques jours avant l’invasion, le président Joe Biden a frappé la Russie d’un certain nombre de sanctions économiques. Le 24 février, lorsque les soldats russes ont franchi la frontière ukrainienne, l’administration Biden a modifié ces sanctions. Certains économistes estiment que les sanctions américaines pourraient à elles seules coûter 50 milliards de dollars par an à la Russie.
L’économie russe est éprouvée, de même que le peuple russe, dont une grande partie s’est opposée avec véhémence à l’invasion. L’Ukraine s’effondre, mais, avec le soutien des autres pays, elle se relèvera. La Russie, en revanche, est un paria, en passe de devenir un royaume ermite, une « patria » non grata. Vladimir Poutine avait sans aucun doute anticiper les sanctions économiques qu’entrainerait sont attaque sur l’Ukraine. Son administration, on l’imagine, avait tout prévu en conséquence.
Cela nous ramène à la crypto‑monnaie la plus populaire du marché, le bitcoin. La nature décentralisée de la crypto permet à tous types de personnes (avec ou sans principes moraux) de bénéficier de transactions dites « pseudonymes » entre homologues (elles ne sont pas anonymes car elles peuvent être tracées, mais la transaction s’opère entre deux entités qui ne s’identifient pas). Pour citer Matthew Sigel, un expert en investissements mondiaux, ni « les dictateurs ni les militants des droits de l’homme ne se heurteront à une quelconque censure sur le réseau bitcoin ».
En d’autres termes, Dieu peut condamner Poutine pour ses actions, mais le réseau bitcoin ne le fera certainement pas. Le bitcoin, et les 10 000 autres crypto‑monnaies qui existent désormais, ont été créé en réponse directe aux monnaies fiduciaires, afin de contourner les banques centrales. Le phénomène est très favorable à la Russie, un pays qui exploite une quantité stupéfiante de bitcoins. Les crypto‑monnaies représentent désormais une grande partie du marché financier russe.
Bien sûr, la Russie ne sera pas le premier (ni le dernier) pays à utiliser le bitcoin pour échapper aux sanctions américaines. La Corée du Nord, un autre pays parfaitement accoutumé aux sanctions américaines, a également un faible pour le bitcoin. L’année dernière seulement, les pirates nord‑coréens ont volé près de 400 millions de dollars en crypto‑monnaies. Selon un récent rapport de la BBC, le butin volé a ensuite été utilisé pour financer les programmes balistiques du pays.
Ce qui nous ramène à la crise qui se joue en Europe de l’Est. Si le bitcoin a aidé (et continue d’aider) de nombreux Ukrainiens à surmonter les difficultés financières engendrées par la guerre, il peut également aider les Russes à continuer à mener la plus coûteuse des guerres.
Si les Russes n’utilisent pas les bitcoins pour contourner les sanctions américaines, ils ont un autre atout en main (ce qui est d’autant plus inquiétant) : le rouble numérique, conçu pour atténuer les risques de sanctions étrangères.
La monnaie numérique est à la fois une bénédiction et une malédiction, car, avec un fonctionnement dépassant toutes les considérations morales, elle est à disposition du bon, de la brute mais aussi du truand.
John Mac Ghlionn est un journaliste d’investigation et un essayiste. Ses travaux ont été publiés par le New York Post, le Sydney Morning Herald, Newsweek, National Review et The Spectator US, entre autres. Il s’intéresse à la psychologie et aux relations sociales, ainsi qu’aux dysfonctionnements sociaux et à la manipulation des médias.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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