ANALYSE – Propulsé au mois de septembre au ministère de l’Intérieur, Bruno Retailleau a très vite imprimé sa marque au point que l’hypothèse de sa candidature en 2027 fait partie des scenarii possibles. De quoi bousculer les plans du président du groupe la Droite républicaine à l’Assemblée nationale qui se prépare à l’échéance suprême depuis plusieurs années. D’ailleurs, une rivalité semble s’être installée entre les deux ténors de la droite.
« Il est sur tous les fronts »
Même si le ministre sortant de l’Intérieur n’a jamais fait part de ses ambitions pour la prochaine élection présidentielle, la possibilité qu’il y participe a pris de l’épaisseur ces derniers mois.
Il faut dire qu’en étant nommé à la Place Beauvau au mois de septembre par Michel Barnier, le Vendéen s’est rapidement imposé comme la « star » du gouvernement amenant avec lui un style et des propos qui le démarquent de ses prédécesseurs.
Dès son premier discours en tant que ministre de l’Intérieur, au moment de la passation de pouvoir avec Gérald Darmanin, il s’insurgeait contre ceux qui « distillent dans leur discours la haine vis-à-vis de nos forces de l’ordre » et indiquait, que ses trois priorités seraient de « rétablir l’ordre, rétablir l’ordre et rétablir l’ordre ».
En déplacement au siège de la Direction départementale de la police judiciaire à Nanterre en octobre, l’ex-chef de file des sénateurs LR déclarait qu’un « joint a le goût du sang et des larmes » ajoutant que « derrière le joint, la coke ou d’autres drogues, il y a des réseaux, des mafieux ».
Des déclarations chocs qui séduisent à droite. « Depuis trois mois, Bruno Retailleau est sur tous les fronts. Il a investi toutes les compétences de son ministère et s’est montré très ferme sur tous les sujets, notamment la lutte contre le trafic de stupéfiants et l’immigration », décrypte pour Epoch Times une source proche des jeunes LR.
D’ailleurs, un sondage réalisé par l’IFOP en partenariat avec Le Journal du Dimanche au mois d’octobre indiquait que pour 80 % des sympathisants et électeurs de droite, le ministre de l’Intérieur démissionnaire est celui qui incarne le mieux la droite.
Le « premier flic de France » sortant fait aussi partie des ministres qui ont des chances d’être renommés dans le gouvernement Bayrou. Ce dernier a posé certaines conditions à son maintien à la place Beauvau. « Je le souhaite si j’en ai les moyens, parce que j’ai commencé un travail et je souhaite le mener à bien », a-t-il affirmé sur BFMTV, ce mercredi.
« Il a des convictions et n’a pas peur de les mettre en œuvre. Il a véritablement acquis une stature d’un homme d’État », poursuit la même source.
La rivalité entre le Rhônalpin et le Vendéen
Cette stature d’homme d’État acquise par Bruno Retailleau pourrait faire grincer des dents Laurent Wauquiez dont les ambitions élyséennes sont connues de tous.
Les deux hommes se sont rencontrés pour afficher leur unité, notamment fin novembre dans la Haute-Loire, terre d’élection de l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy.
« Bruno Retailleau est un ami. On a besoin qu’il réussisse pour notre pays et nous aussi, pour notre famille politique », avait même déclaré Laurent Wauquiez. Mais la réalité de leur relation semble aujourd’hui assez éloignée des louanges du patron des députés de la Droite républicaine.
Le Point relatait dans un article publié le 8 décembre qu’entre celui qui pourrait être reconduit à son poste par François Bayrou et l’ex-président de la région Auvergne-Rhône -Alpes le « ton s’est brutalement durci en coulisse […] en raison d’un désaccord radical sur la stratégie à suivre pour la droite dans ce nouveau remaniement ». L’hebdomadaire indiquait également qu’ « aux dires de ses proches » Bruno Retailleau « s’est vu signifier par Laurent Wauquiez qu’il n’avait pas lieu d’assister à l’entretien » entre la droite et Emmanuel Macron, le 6 décembre.
Des tensions qui n’augurent rien de bon pour les relations futures entre les deux leaders de droite sur fond d’élection présidentielle en 2027.
La fragilité d’une candidature Wauquiez
La participation au prochain scrutin présidentiel de Bruno Retailleau est d’autant plus possible qu’elle pourrait être poussée par une série d’éléments peu favorables à Laurent Wauquiez.
En restant au palais Bourbon, l’ancien président de LR n’a pas bénéficié d’autant d’aura médiatique que le successeur de Gérald Darmanin et pourrait ainsi en pâtir pour porter les couleurs de la droite dans moins de deux ans. À cela s’ajoute des intentions de vote assez basses au premier tour de l’élection présidentielle.
Selon un sondage Ifop-Fiducial pour Le Figaro Magazine et Sud Radio publié le 11 novembre, le député LR n’obtiendrait qu’entre 6 et 8 % des voix. S’il ne décolle pas dans les sondages, un autre pourrait être désigné à sa place. Le Vendéen aura alors, peut-être une carte à jouer.
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