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« Comment ça peut prendre un an ? » : des « gilets jaunes » face aux enquêtes sur les violences policières

février 18, 2019 11:26, Last Updated: juillet 11, 2019 13:00
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« Ils m’ont dit que ça allait prendre plus d’un an ». Entendu par « la police des polices » après avoir été blessé lors d’une manifestation de « gilets jaunes », Christophe Roux dit ne « rien espérer » de ces enquêtes visant les forces de l’ordre et critiquées pour leur lenteur.

Le 1er décembre, ce père de cinq enfants avait fait la route en camion depuis Toulouse pour manifester pacifiquement dans la capitale. Pendant cet acte 3 des « gilets jaunes » qui vire à l’émeute à Paris, il affirme avoir été blessé par l’explosion d’une grenade lacrymogène GLI-F4, et dit avoir encore 13 bouts de métal dans chaque jambe malgré une opération.

Convoqué, sur un simple coup de fil, à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) le 2 janvier, il reste sans nouvelles de l’enquête depuis. « J’ai une vidéo où on voit la scène, des photos du lieu… Je leur ai laissé ma basket qui a encore un bout d’éclat de grenade fiché dedans. Je ne comprends pas, comment ça peut prendre un an ? », dit-il.

Sur la vidéo montrée aux enquêteurs, on voit un groupe de manifestants tentant de dégager un homme à terre. Lui filme la scène avec son téléphone portable. Tout à coup, une forte détonation, un flash : « Ils m’ont touché aux jambes ! », hurle-t-il.

Les autorités récusent toute volonté de faire traîner ces enquêtes. « Une enquête judiciaire nécessite des actes médicaux, d’experts, de la téléphonie, des extractions de fichiers de police, etc. Tout cela prend du temps », explique une source policière.

Près de 2 000 manifestants ont été blessés depuis le début du mouvement des « gilets jaunes » le 17 novembre et plus de 200 signalements faisant état de violences policières ont été déposés sur la plateforme de l’IGPN.

Les blessés les plus graves pointent du doigt les forces de l’ordre et les armes controversées utilisées pour le maintien de l’ordre : lanceur de balles de défense (LBD), grenades GLI-F4 et grenades à main de désencerclement (GMD).

Actuellement, 133 enquêtes judiciaires sont ouvertes à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) dont 84 à Paris, selon l’Intérieur.

À ce jour, aucun membre des forces de l’ordre n’a été jugé ou suspendu. Le commandant de police de Toulon filmé en train de violenter des manifestants le 5 janvier a simplement été retiré de la voie publique, selon une source policière.

Sollicitée par l’agence France Presse (AFP), l’IGPN n’a pas donné suite.

En trois mois, 1 800 « gilets jaunes » ont, eux, été condamnés. Et 1 422 personnes sont en attente de jugement, selon l’Intérieur. Au total, 8 400 manifestants ont été interpellés et 7 500 placés en garde à vue.

Sabri, lui, a été plaqué au sol, puis frappé alors qu’il était à terre pendant la manifestation du 8 décembre à Paris. Il affirme avoir reçu « un penalty » – un coup de pied en plein visage. Résultat : fracture de la mâchoire et deux incisives restées sur la chaussée.

Conduit à l’hôpital puis au commissariat, il affirme qu’on ne l’a pas laissé porter plainte contre les policiers. « Dans les commissariats, on refuse systématiquement les plaintes contre les fonctionnaires de police », assure Me Arié Alimi, qui défend plusieurs « gilets jaunes ».

Une affirmation contestée. « C’est interdit », fait valoir la source policière. « Toute personne peut porter plainte en tout lieu et pour n’importe quel motif à partir du moment où il y a infraction ». L’usage de la force par un policier ou un gendarme ne constitue une infraction que s’il est jugé illégitime et disproportionné.

« J’ai passé 2H30 à l’IGPN. Au final, ils m’ont dit : « ça va mettre du temps monsieur, ça va être compliqué pour les suites de l’affaire » « , raconte Antonio, blessé au pied le 24 novembre et probablement handicapé à vie.

« Quand un fonctionnaire de police est touché, le manifestant est rapidement envoyé devant un tribunal », relève Me Alimi. « Mais quand il s’agit d’un manifestant qui est blessé (…) plusieurs années après, on y est encore », dénonce-t-il.

D. S avec AFP

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