ARTS & CULTURE

Comment Coco nous emmène en voyage !

décembre 1, 2017 8:00, Last Updated: août 30, 2018 22:31
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Coco, le dernier film d’animation Disney&Pixar déferle sur les grands écrans européens et américains. Il a déjà conquis le cœur des Mexicains, pour qui le film a été programmé dès la fin octobre, quelques jours avant la célébration du Día de los Muertos. En effet, le thème principal de ce film qui situe l’action dans un village mexicain est bien le jour des morts, cette célébration très particulière d’une fête chrétienne importée par les conquistadors et cependant imprégnée de traditions préhispaniques. Son caractère résolument festif nargue la grande faucheuse en organisant entre autres des défilés de catrinas, un personnage populaire représentant un squelette féminin vêtu de riches habits et portant un large chapeau. Une manière d’apprivoiser ce passage obligé dans l’au-delà auquel chacun de nous sera confronté un jour ou l’autre.

(Charles Mahaux)

Les critiques s’accordent pour dire que Coco est une merveilleuse lettre d’amour au Mexique et à sa culture, envoyée de surcroît par les USA alors même que leur Président fait de la construction d’un mur entre les deux pays son cheval de bataille ! Une belle occasion pour nous de vous aider à décoder ces rituels capables d’unir un peuple autour d’un thème aussi morbide que peut l’être la mort et ce dans une ambiance chaleureuse et joyeuse, à l’image du film Coco.

(Charles Mahaux)

El Dia de los Muertos

Un mois avant les jours de fête, les représentations de la mort surgissent un peu partout au Mexique, dans les commerces et dans les rues sous la forme de crânes en sucre, en pain ou en cire, à la télévision et dans les journaux avec l’apparition de calaveras ou de catrinas, des squelettes bien vivants, élégants et précieux qui raillent la société dans des petites poèmes satiriques. Ces personnages concentrent l’esprit des jours des Morts et servent à rappeler que la mort touche tout le monde, peu importe les différences sociales. Au lendemain des festivités où l’on a le droit de tout dire, la rigueur revient en démontant les autels.

(Charles Mahaux)

La célébration du Jour des Morts au Mexique est inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité de l’Unesco depuis 2008, preuve s’il en est que ce culte revêt une importance considérable dans la vie des peuples autochtones du pays. En effet, on y célèbre encore avec ferveur la fusion de croyances indigènes préhispaniques et de rites religieux catholiques introduits par les conquistadors au 16e siècle. Jadis les Aztèques, appelés aussi les Mexicas, avaient pour coutume de réserver deux jours de fête à leurs défunts, un pour les enfants et un second pour les adultes. Ils célébraient le retour transitoire sur terre des êtres chers décédés et c’était l’occasion de danser et de chanter autour d’offrandes disposées sur les tombes. Les Espagnols avaient également l’habitude d’offrir aux morts des fleurs, voire même du pain et du vin pour les apaiser, par peur qu’ils ne les entraînent avec eux et ils allumaient de nombreux cierges pour les guider vers le bon chemin.

(Charles Mahaux)

La coutume aztèque a perduré, seules les dates ont été modifiées pour concorder au calendrier catholique et aujourd’hui on fête les morts du 31 octobre au 2 novembre. Dans chaque foyer, sur les places et les marchés, dans les entrées de bâtiments publics et autour des tombes, des autels, des plus humbles aux plus imposants, sont dressés en souvenir des défunts. Leurs portraits sont entourés d’objets personnels qui leur étaient chers ainsi que de nourriture comme le pain des morts à savoir une brioche sucrée dont la forme symbolise un crâne, des courges confites, des têtes de mort en sucre coloré, des fruits mais aussi des boissons aussi diverses que du coca-cola, de la bière et de la tequila. L’ensemble est décoré de guirlandes de papel picado, à savoir du papier découpé en dessinant des motifs qui évoquent toujours la mort mais dont les couleurs vives roses, mauves et oranges racontent la joie de vivre.

(Charles Mahaux)

Pour aider les âmes des défunts à trouver leur chemin sur terre, les autels sont surmontés d’arcs de fleurs jaunes orangées, des cempasuchiles, version mexicaine de nos soucis qui fleurissent à foison en cette saison. Appelées encore fleurs aux vingt pétales et particulièrement odorantes, elles garnissent les tombes mais les pétales sont également éparpillées pour tracer un chemin depuis la route jusqu’à l’autel, bordé de petites coupelles d’encens ou de copal qui brûlent en libérant une fumée parfumée, autant d’indices pour guider les morts vers l’autel dressé en leur honneur. Durant toute la journée et la nuit du 1er novembre, des mariachis parcourent les places et les cimetières, jouant devant les autels en échange de quelques billets.

(Charles Mahaux)

Coco se veut aussi un hommage vibrant à la musique mexicaine d’autant que Miguel, le héros du film, rêve de devenir un musicien aussi accompli que son idole décédée, Ernesto de la Cruz. C’est en se rendant sur sa tombe que le jeune garçon va se retrouver propulsé dans le royaume des morts où il sera accompagné par Dante, une autre icône du monde mexicain, le xoloitzcuintli, un petit chien chauve d’origine mexicaine et connu depuis la nuit des temps pour conduire les âmes des défunts jusqu’à leur demeure éternelle dans l’inframonde. De nombreuses tombes préhispaniques ont mis en évidence de jolies statuettes de ce petit animal envoyé par le dieu Xolotl, monstre à tête de chien, qui a donné son nom à la race.

(Charles Mahaux)

La véritable force de Coco est dans l’émotion qu’il suscite en mettant au centre du film la famille, celle bien vivante qui nous entoure mais aussi les ancêtres qui veillent depuis le Royaume des Morts. La mort n’est pas une fin en soi et l’important est de ne jamais oublier ceux dont le souvenir reste vivace dans le cœur de ceux qui les aiment, tel est bien le message qui n’a rien de simpliste que nous adresse la culture mexicaine.

Infos pratiques : Le site documenté www.visitmexico.com ou encore www.destinationmexique.com

 

Écrit par Christiane Goor et Charles Mahaux

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