Comment l’« archange de la terreur » français a connu sa fin en 1794

Par Gerry Bowler
8 octobre 2024 00:11 Mis à jour: 27 octobre 2024 16:17

La réaction thermidorienne, la révolte parlementaire de la Révolution française qui a abouti à l’exécution de Maximilien Robespierre le 28 juillet 1794, a également mis fin à l’existence terrestre d’un personnage tout aussi répugnant, Louis-Antoine de Saint-Just.

Saint-Just, né en 1767, est issu de la petite noblesse rurale et a mené une vie sans but dans sa jeunesse, s’adonnant à des études juridiques et à la poésie, mais le déclenchement de la Révolution française en 1789 lui a donné une cause pour laquelle vivre passionnément. Depuis sa ville natale, il correspond avec des hommes politiques comme Robespierre et Camille Desmoulin et, en 1791, il est élu plus jeune député à l’Assemblée nationale. Il y oublie ses idées antérieures sur la monarchie constitutionnelle et son dégoût pour la violence, et se rallie au club radical des Jacobins.

En novembre 1792, il appelle à l’exécution de Louis XVI, déclarant : « Je ne vois pas de demie mesure : il faut que cet homme règne ou qu’il meure ! Il a opprimé une nation libre ; il s’est déclaré son ennemi ; il a abusé des lois : il faut qu’il meure pour assurer le repos du peuple ».

Après avoir contribué à envoyer le roi à la guillotine, Saint-Just s’en prend aux hommes politiques modérés. Il soutient la mise à mort des membres de la faction des Girondins et est à l’origine de la tristement célèbre « loi des suspects », qui supprime de nombreuses protections juridiques pour les accusés et inaugure le règne de la Terreur. Toute personne jugée insuffisamment enthousiaste à l’égard de la révolution était considérée comme coupable.

Saint-Just a gagné une révolution éclatante en tant que représentant en mission (l’équivalent d’un commissaire soviétique) pour soutenir le moral et l’efficacité des troupes au front. En fusillant certains officiers, il améliore considérablement les performances militaires. Saint-Just rentre à Paris au début de l’année 1794, où il est élu à la tête de la Convention nationale. Il retourne l’appareil de la Terreur contre les Hébertistes, jugés trop radicaux, et contre Georges Danton et ses partisans, jugés trop modérés.

Portrait de Louis-Antoine de Saint-Just par Pierre-Paul Prud’hon. (Domaine public)

Il n’est donc pas étonnant qu’il ait été surnommé « l’archange de la terreur ».

Voici quelques-unes des déclarations les plus sanguinaires de Saint-Just :

« Le vaisseau de la Révolution ne peut arriver au port que sur une mer rougie par des torrents de sang. »

« Une nation ne s’engendre que sur des monceaux de cadavres. »

« Ceux qui font des révolutions à moitié ne font que creuser un tombeau. »

« Vous avez à punir non seulement les traîtres, mais les indifférents même ; vous avez à punir quiconque est passif dans la République, et ne fait rien pour elle. »

Au cours de l’été 1794, de nombreux hommes politiques français ont estimé que Robespierre, Saint-Just et le Comité de salut public risquaient de les mettre en danger s’ils n’étaient pas arrêtés. Ils ont donc organisé un coup d’État et sauvé leur peau en envoyant Saint-Just et vingt-et-un de leurs anciens dirigeants à la guillotine.

Peu de gens ont exprimé l’anthropologie erronée des Lumières aussi bien que Saint-Just dans un discours prononcé devant la Convention nationale en avril 1793 :

« L’homme est né pour la paix et la liberté, et n’est devenu misérable et cruel que par l’action de lois insidieuses et oppressives. Je crois donc que si l’on donne à l’homme des lois qui s’accordent avec les exigences de la nature et de son cœur, il cessera d’être malheureux et corrompu. »

Cette notion, selon laquelle l’humanité naît bonne et n’a besoin que d’un peu de bricolage social pour être heureuse et libre, est au cœur de tous les « ismes » des deux derniers siècles et conduit de la prise de la Bastille aux goulags soviétiques, à Auschwitz, à la révolution culturelle et à la théorie critique de la race.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de Epoch Times.

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