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Comment la crise chinoise vous affecte

février 16, 2016 17:16, Last Updated: février 23, 2016 21:52
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Dans un système économique et financier mondial interconnecté, la crise chinoise a déjà influencé le monde et touchera bientôt aussi les consommateurs – de façon à la fois positive et négative.

Les marchés financiers ont réagi en premier. La Bourse chinoise a chuté de 22 % cette année. Celle du Japon est en baisse de 14 % et celle de l’Allemagne de 16 % et leur chute se poursuit en 2016. Les États-Unis se portent relativement bien : l’indice S&P 500 n’a baissé que de 9,3 %. Mais même l’Amérique ne sera pas en mesure d’éviter les conséquences d’une économie chinoise arrivée au bord du gouffre.

La croissance en Chine a ralenti à un niveau beaucoup plus bas que le chiffre officiel de 6,9 %. Les capitaux quittent le pays par centaines de milliards de dollars chaque mois, le marché boursier est en train de s’effondrer et la monnaie chinoise se déprécie.

Le fantôme de 1997

« Nous craignons une nouvelle série de dévaluations [comme lors de la crise financière asiatique de 1997] », a averti Sherle Schwenninger, directeur de la World Economic Roundtable du groupe d’experts de la New America Foundation.

Qu’elles soient concurrentielles ou non, les devises de presque tous les marchés émergents – du rand sud-africain à la livre turque ou le yuan chinois – chutent par rapport au dollar, exacerbant le problème qui s’est manifesté en Chine fin 2014.

Sherle Schwenninger a expliqué que si des devises émergentes baissent en valeur, la valeur de la dette en dollars augmente et les entreprises comme les États ont plus de difficultés à la rembourser. Et la Chine n’est pas la seule à détenir une grosse dette en dollars – 870 milliards de dollars selon la Banque des règlements internationaux.

« La plus grande partie de la dette en dollars des entreprises est détenue par les économies asiatiques et se répercute à Londres, Hong Kong et dans les banques européennes, fragilisant l’Occident… Les banques de Hong Kong sont fortement exposées aux entreprises publiques chinoises », a précisé M. Schwenninger.

« La Deutsche Bank est un parfait exemple. Elle est profondément impliquée dans tout cela », a commenté Jeffrey Snider, premier responsable des placements de l’Alhambra Investment Partners. Les actions de la Deutsche Bank sont en baisse de 39 %, un peu plus que les actions du Crédit suisse (-35 %) qui, selon Jeffrey Snider, a trop investi dans le marché de taux, de change et des matières premières ou dans tout ce qui souffre le plus en ce moment. En comparaison, la banque JPMorgan Chase & Co, le baromètre financier des États-Unis, n’est en baisse que de 13 %.

Mais les banques ne sont pas seules à être exposées à la dette des entreprises de l’Asie. Le ralentissement de la Chine a fait des ravages parmi les négociateurs et les producteurs dans les secteurs de l’énergie et des matières premières.

Le carnage des matières premières

« Il y a des liens systémiques avec le système financier international. Les plus grandes entreprises de matières premières pourraient défaillir en 2016. Cela va se manifester dans les mois à venir car de plus en plus de problèmes apparaissent dans le secteur des matières premières », a averti John Butler, directeur des services de gestion de patrimoine à Gold Money.

Les producteurs de matières premières et d’énergie du monde entier comptaient sur une croissance annuelle constante de 7 % de l’économie chinoise et ont investi des centaines de milliards de dollars pour accroître leur offre.

Une fois que la demande en matières premières a commencé à ralentir en Chine, les prix du cuivre (en baisse de 4,5 à 2,12 dollars par livre depuis janvier 2011) et du minerai de fer (baisse de 180 à 38 dollars par tonne depuis 2011) se sont effondrés. La Chine n’est pas la seule responsable de la chute des prix du pétrole (le prix de West Texas Intermediate a baissé d’un peu plus de 100 dollars en 2011 à 31 dollars), mais cette tendance affecte également les producteurs et les banques qui ont souscrits des prêts aux sociétés énergétiques.

Les prix du minerai de fer (en dollars pour tonne)

(IndexMundi)

« Les gens gardaient les titres du secteur du pétrole, du cuivre et d’autres choses parce qu’ils pensaient que leur rendement serait plus élevé que celui des bons du trésor et des obligations de l’État allemand. Beaucoup de cet argent est sorti du marché. Les sociétés d’investissement liquident leurs positions en tenant compte de la situation en Chine. Il y a eu un flot d’argent qui sortait, ce qui a créé un effet de contagion », a ajouté Sherle Schwenninger.

« Il y a beaucoup de mauvais là-dedans, il y a beaucoup de créances douteuses qui ont été surévaluées et qui devront être dépréciées », a précisé  John Butler.

Les actions des sociétés britanniques de négoce de matières premières, comme Glencore PLC, ont chuté de 62 % l’an dernier. Les titres de la société minière Anglo American PLC ont baissé de 68 % et la société a annoncé qu’elle allait licencier des dizaines de milliers de ses employés.

L’effet « multinational »

Même si les banques américaines pour une fois ne se trouvent pas à l’épicentre de la crise, le fait que trois grands secteurs de multinationales mondiales (banques, matières premières et énergie) sont sur la défensive signifie qu’il y a également un impact sur les revenus des multinationales américaines.

« La compétitivité des multinationales américaines qui dépendent des marchés mondiaux va être affectée, et nous l’avons déjà vu », a remarqué Sherle Schwenninger. Apple Inc. a baissé de 11 % en 2016, en partie en raison de mauvais bénéfices attribués par la société à la mauvaise vente des iPhones en Chine.

Les cours de l’action d’Apple en 2016 (Google Finance)

« Nous avons eu quatre ou cinq trimestres de croissance négative des bénéfices », a confié Jeffrey Snider, qui croit également que le marché a perdu confiance dans la capacité des banques centrales à combattre une crise mondiale. Selon lui, si le marché croyait jusque là dans le mantra des banques centrales : « C’est une situation transitoire. C’est du court terme, ne vous inquiétez pas », ce n’est plus le cas aujourd’hui. « Comme cela traîne depuis plus d’un an, l’idée d’une faiblesse transitoire et temporaire n’est plus plausible. »

Comment tout cela affecte le particulier ? À part le cas vous détenez un grand paquet d’actions en général et dans des secteurs faibles en particulier ou si vous travaillez pour un producteur de gaz de schiste, le ralentissement de l’économie chinoise pourrait avoir un effet positif.

C’est l’exact opposé de « l’effet de richesse », où la hausse des prix des actifs devraient conduire à une plus grande consommation et une meilleure économie. Du moins selon une théorie qui ne fonctionne pas exactement dans la pratique.

« L’idée est que les gens se sentent intelligents et riches en raison de l’appréciation des prix de leurs actifs et sont amenés à consommer davantage. Je pense que la preuve empirique de cet effet de richesse est très très faible. Et j’ai vu des arguments très convaincants expliquant qu’il n’y en a pas du tout. Même si cela a contribué au bien-être de ce pays, cela a contribué aux gens qui n’en ont pas vraiment besoin. Cela a bien marché pour les riches »,  a expliqué James Grant de Grant Interest Rate Observer et auteur du livre The Forgotten Depression.

Alors, si les actions montaient et les banques se portaient bien sans amener d’augmentation des salaires, la baisse des prix des matières premières ainsi que des produits chinois moins chers – ils deviennent moins chers à cause de la baisse du yuan – vont enfin augmenter les revenus disponibles en Occident. C’est ce dont semble être certain Charles Dumas,  principal économiste du Lombard Street Research.

« Ces deux facteurs réunis, la Chine et les matières premières, stimulent l’économie mondiale et sont au centre de l’ajustement qui permettra de surmonter les distorsions post-crise », a-t-il conclu.

Version anglaise : How the China Crisis Impacts You

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