Comment les Américains ont perdu la bataille de Québec en décembre, il y a 250 ans

Par Gerry Bowler
31 décembre 2024 17:46 Mis à jour: 1 janvier 2025 19:40

En 1774, les Américains mécontents de douze des treize colonies se réunissent lors d’un Congrès continental pour discuter de leurs griefs contre le pouvoir de Londres et envisager une action commune contre le gouvernement britannique. Ils envoient des lettres aux colonies qui n’ont pas envoyé de délégués pour qu’elles les rejoignent, le Québec, l’île Saint-Jean (aujourd’hui Île-du-Prince-Édouard), la Nouvelle-Écosse, la Géorgie, la Floride orientale et la Floride occidentale, lors d’une deuxième réunion qui se tiendra l’année suivante.

Le Québec préoccupait tout particulièrement les Américains rebelles. Les habitants de la Nouvelle-Angleterre, en particulier, n’appréciaient pas le pouvoir de l’Église catholique dans la province et se souvenaient depuis longtemps des raids transfrontaliers menés à l’époque où le territoire était détenu par les Français. Le fait qu’il n’y avait pas d’assemblée démocratique au Québec et que tous les pouvoirs étaient entre les mains d’un gouverneur nommé provoquaient chez beaucoup des soupçons que les Britanniques voulaient imposer ce modèle à d’autres colonies. Les rebelles n’appréciaient pas non plus les nouvelles frontières du Québec à l’ouest, qui semblaient empêcher les colons de Virginie et de Pennsylvanie, désireux d’étendre leur territoire, de s’introduire sur les terres des autochtones.

En mai 1775, une nouvelle invitation à soutenir la Révolution américaine n’ayant pas convaincu de nombreux Québécois, le Congrès décide d’envahir la province. À l’automne, une attaque sur deux fronts est lancée. Une première force, commandée par le général Richard Montgomery, frappe au nord par le lac Champlain et vise Montréal. Une seconde unité, sous les ordres du général Benedict Arnold, parcourt les étendues sauvages du Maine, déterminée à s’emparer de la ville de Québec.

Les hommes du général Montgomery réussissent à s’emparer de plusieurs forts britanniques qui gardent la route de Montréal et, le 28 novembre, ils entrent dans la ville elle-même, peu défendue. Ils sont accueillis par quelques colons anglophones et quelques Canadiens français sympathisants des Lumières européennes. Le général Montgomery réussit à lever une petite force de volontaires proaméricains, connue sous le nom de Régiment canadien, pour participer à la guerre contre les Britanniques, mais la plupart des habitants restent neutres ou loyalistes.

Les envahisseurs du général Arnold arrivent à Québec le 14 novembre, mais n’ont pas d’artillerie capable de percer les murs. Ils établissent donc un camp à proximité et attendent l’arrivée de renforts de Montréal. Le 2 décembre, le général Montgomery se joint à eux. Les Américains envoient au gouverneur Guy Carleton une demande de céder la ville, mais on leur répond qu’il n’y aura ni reddition ni autre négociation.

Dans l’espoir de démoraliser les citoyens en les menaçant de ce qui pourrait arriver en cas de batailles urbaines, le général Montgomery a tenté d’utiliser une vieille femme pour faire passer clandestinement des communications et, lorsque cela a échoué, a lancé des messages dans la ville, attachés à des flèches. Ses missives parlaient de « la ville en flammes en cette période difficile […] de la confusion, du carnage et du pillage ». Il a tenté de rassurer les Québécois en leur expliquant que son armée ne voulait aucun mal aux Canadiens et que son objectif était seulement « d’éradiquer la tyrannie et de donner la liberté et la sécurité à la province opprimée ».

Gravure du général Richard Montgomery (Domaine public)

À l’intérieur des murs de la ville de Québec, le gouverneur Carleton dirige 1800 hommes, dont certains font partie des troupes britanniques régulières et d’autres de la milice loyaliste. Ils subissent les tirs des tireurs d’élite américains et les coups de canon, mais se sentent en sécurité derrière de solides fortifications. Le général Montgomery est de plus en plus pressé d’agir rapidement : son camp est ravagé par la variole et il s’attend à perdre un grand nombre de ses soldats dont la période d’enrôlement expire le jour de l’An. Il décide alors d’attaquer la ville sous le couvert d’une tempête de neige. Leur cible est la basse-ville, où les marchands ont leurs entrepôts et leurs quais ; si elle est prise, on pense que le gouverneur Carleton subira la pression de la classe d’affaires pour se rendre.

Aux premières heures du 31 décembre, trois colonnes d’envahisseurs se lancent à l’assaut, deux d’entre elles s’attaquent à différentes parties de la basse-ville et l’autre, qui comprend le régiment canadien, agit comme une force de diversion. C’est un désastre. Le général Montgomery, qui menait au front, est tué dès le début de la bataille, fauché par un tir de canon ; ses troupes se retirent en désordre.

Le général Arnold est également touché, blessé par un tir de mousquet, et est transporté à l’hôpital. Ses troupes poursuivent leur progression et pénètrent dans la ville, mais sont bientôt encerclées et contraintes de se rendre. Les pertes américaines s’élèvent à 60 morts, plus de 370 prisonniers et 426 blessés ; les défenseurs comptent 6 morts et 19 blessés.

Malgré la défaite, l’armée américaine a gardé son emprise sur Montréal et a continué le siège de Québec. Le gouverneur Carleton s’est contenté d’attendre le printemps et les renforts britanniques. Lorsque les renforts sont arrivés, ils ont libéré le siège et ont obligé les Américains à abandonner Montréal et à battre en retraite vers le sud.

Le Canada est sauvé, mais dans une guerre qui durera jusqu’en 1783, les Britanniques perdront les 13 colonies rebelles.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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