Les ordinateurs sont devenus intimement liés à la vie moderne. Mais notre relation est-elle devenue trop étroite ?
C’est une question qui se pose à l’ère des « wearables ».
Comme leur nom en anglais l’indique, les « wearables » sont des ordinateurs portés près du corps, des objets connectés, des dispositifs portables de santé. Ils se connectent souvent sans fil à l’internet et se présentent sous différentes formes : bagues, bracelets, lunettes et tatouages électroniques.
Cette technologie est bien plus qu’une simple mode high-tech. Des biocapteurs médicaux peuvent être intégrés dans les vêtements, voire implantés à l’intérieur du corps, afin de suivre, d’enregistrer et d’analyser ce qui se passe à l’intérieur de l’organisme.
Un article publié dans la revue npj Digital Medicine définit un « wearable » comme un capteur « non encombré de fils pour la détection continue et non invasive de biosignaux, d’analytes ou de forces biomécaniques et d’impact pour le suivi de la santé et des performances humaines ».
Certains « wearables », comme les montres intelligentes ou connectées, permettent de faire plusieurs choses, comme par exemple écouter nos chansons préférées ou consulter les dernières prévisions météorologiques. Dans la plupart des cas, cependant, on n’est pas censé s’engager consciemment avec la technologie pour qu’elle fasse son travail. Il suffit de porter l’appareil et de vaquer à ses occupations, tandis que le dispositif fonctionne en arrière-plan.
L’industrie technologique considère ces produits portables comme porteurs de croissance importante. Apple domine actuellement le marché des « wearables », mais Google s’intéresse également au développement de ces produits.
Actuellement, environ un tiers de la population adulte américaine utilise un dispositif portable connecté. Et, comme on peut s’y attendre, la plupart des utilisateurs sont jeunes (18 à 44 ans). Toutefois, les prévisions de croissance les plus importantes concernent les personnes plus âgées.
Pourquoi porter des dispositifs portables connectés ?
L’une des principales raisons pour lesquelles les gens portent ces appareils est leur utilisation pour la santé. Les dispositifs portables peuvent enregistrer le nombre de pas que l’on fait, les calories que l’on brûle ou toute autre donnée de santé que l’on souhaite collecter et analyser. Les appareils de suivi de la condition physique, par exemple, enregistrent les progrès en matière d’exercice physique et encouragent à améliorer les résultats au fil du temps.
Et les gens disent qu’ils sont efficaces. Les résultats d’une enquête d’information sur la santé menée en 2019 ont montré que l’utilisation fréquente de dispositifs de suivi de la condition physique améliorait le niveau d’activité physique des patients.
Au-delà de l’évaluation et de l’amélioration des performances physiques, les dispositifs portables peuvent également être utilisés pour évaluer notre santé psychologique.
Une étude de 2023 a examiné des modèles d’apprentissage automatique qui passent au crible les données provenant de ces appareils afin d’identifier le degré de résilience et de bien-être mental d’un patient. Les chercheurs affirment que ces résultats valident l’utilisation de ces dispositifs comme moyen de surveiller et d’évaluer les états psychologiques à distance, sans avoir recours à des questionnaires sur la santé mentale.
Les dispositifs portables sont également utilisés pour suivre l’évolution d’une maladie. Une étude réalisée en 2021 a examiné 22 types différents de technologies portables conçues pour détecter l’infection par le virus Covid-19. L’objectif était de déterminer si la technologie était suffisamment efficace pour que les décideurs en matière de soins de santé « rendent obligatoire son utilisation pour la télésurveillance ».
Une source d’anxiété ?
Malgré tous les avantages que les dispositifs portables prétendent offrir en matière de santé, certaines données suggèrent que ces dispositifs ne sont pas très bons pour la santé. Par exemple, certaines personnes trouvent toutes ces données personnelles accablantes. Certaines études montrent que ce suivi de la santé peut contribuer à la dépendance et à l’anxiété.
Une étude financée par le NIH (Institut national de la santé aux États-Unis, ndlr) en 2020 a révélé que si ces dispositifs portables connectés peuvent encourager certaines personnes à adopter des comportements sains, ils peuvent involontairement contribuer à un suivi pathologique des symptômes et à des perturbations de fonctions chez d’autres personnes.
L’étude a porté sur des patients souffrant de fibrillation auriculaire intermittente qui étaient particulièrement susceptibles de faire l’objet d’une surveillance cardiaque excessive à l’aide d’un dispositif portable. Ils ont constaté que l’anxiété était prévalente au sein de cette population, entraînant une augmentation du poids psychologique des symptômes, une détérioration de la qualité de vie, et une augmentation de la consommation de soins de santé.
« Ainsi, les technologies qui augmentent la sensibilisation et l’attention aux fluctuations normales et potentiellement anormales de la fréquence cardiaque peuvent conduire à des augmentations substantielles de l’anxiété chez les personnes prédisposées et provoquer des soins médicaux inutiles », indique l’étude.
D’autres études révèlent une corrélation entre l’utilisation de capteurs de suivi d’entrainement ou de forme physique, et de calories, et une augmentation des symptômes de troubles alimentaires, en particulier chez les étudiants.
Bien que préliminaires, ces résultats suggèrent que, pour certaines personnes, ces appareils pourraient faire plus de mal que de bien.
Les conséquences néfastes du sans-fil et la protection de la vie privée
Si beaucoup d’acteurs prônent une expansion du marché des « wearables », de nombreux consommateurs hésitent à s’équiper d’un appareil sans fil qui enregistre et transmet des données relatives à leur esprit et à leur corps. Parmi les préoccupations non liées à la santé, citons les problèmes de confidentialité et de cybersécurité concernant les informations personnelles.
Les CDC (Centres de contrôle et de prévention des maladies aux États-Unis, ndlr) mettent en garde contre le fait que ces dispositifs pourraient également être une source de distraction et entraîner un certain nombre de problèmes de sécurité, en particulier pour les personnes qui « conduisent une voiture ou participent à d’autres activités qui nécessitent une attention soutenue ».
L’exposition aux radiations est une autre préoccupation liée aux dispositifs portables. Ces appareils se connectent généralement sans fil via Bluetooth, Wi-Fi ou d’autres technologies de communication sans fil, et comme ils sont à proximité du corps, on est exposé à un plus grand nombre de fréquences émises par les « wearables ».
Bien entendu, en ce qui concerne les États-Unis, tout appareil émettant des radiofréquences (RF) doit respecter les limites d’exposition fixées par la Commission fédérale des communications (FCC). Toutefois, de nombreux scientifiques, médecins et défenseurs de la santé publique contestent la sécurité de la norme de la FCC.
Les directives de la FCC relatives aux rayonnements sans fil ont été adoptées en 1996, bien avant l’apparition des smartphones et des « wearables ». Cependant, plusieurs études menées depuis lors ont suggéré que l’exposition aux rayonnements RF – considérée comme inoffensive par les normes de la FCC – peut être nocive.
En 2011, le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé a classé les rayonnements sans fil dans le groupe 2B des agents cancérogènes possibles.
En 2018, le rapport final d’une étude décennale de 30 millions de dollars financée par la FDA des États-Unis (Food and Drug Administration : l’agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux, ndlr), a fourni certaines des preuves les plus solides de l’inadéquation des normes de la FCC. Cette étude, menée par le National Toxicology Program (NTP) – l’agence fédérale chargée de tester les toxines – était conçue pour déterminer si les rayonnements sans fil étaient nocifs. Elle a montré des preuves évidentes de cancer et de dommages à l’ADN liés à l’utilisation des téléphones portables.
En 2021, un tribunal fédéral a statué que la FCC devait réévaluer ses normes de sécurité sans fil sur la base d’études montrant des effets néfastes. Les régulateurs n’ont pas encore mis à jour leurs normes, mais en attendant, certains appellent à plus de prudence.
C’est le cas de Fariha Husain, responsable du programme EMR (rayonnements électromagnétiques) et sans fil pour Children’s Health Defense (CHD), l’une des organisations qui a poursuivi la FCC pour qu’elle modifie sa norme de sécurité en matière de radiofréquences.
Fariha Husain souligne plusieurs effets sur la santé liés à l’exposition aux appareils sans fil, en particulier lorsqu’ils sont portés près du corps, comme c’est le cas pour les « wearables ». Il s’agit notamment d’un risque accru de cancer, d’un stress cellulaire, d’une augmentation des radicaux libres nocifs, de dommages génétiques, de changements structurels et fonctionnels dans le système reproducteur, de déficits d’apprentissage et de mémoire, de troubles neurologiques, etc.
« L’exposition à l’énergie électromagnétique diminue généralement à mesure que l’on s’éloigne de la source. C’est pourquoi nous conseillons d’éliminer [les sources sans fil] ou d’augmenter la distance par rapport aux sources sans fil chaque fois que cela est possible. Étant donné que les « wearables » doivent être portés près du corps, nous recommandons d’éliminer complètement l’utilisation de ces dispositifs, si possible », a déclaré Fariha Husain.
De nos jours, il est difficile, voire impossible, d’éviter les champs RF. Les maisons, les écoles et les lieux de travail sont déjà baignés de Wi-Fi 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et la plupart des gens emportent un smartphone partout où ils vont. Dès lors, l’ajout d’un dispositif portable à l’exposition quotidienne aux rayonnements sans fil fait-il vraiment une grande différence ?
Fariha Husain répond par l’affirmative.
« L’exposition aux sources sans fil est complexe et cumulative », explique-t-elle. « Cela signifie que plus une personne est exposée à des sources sans fil et plus celles-ci sont proches du corps, plus le risque pour la santé est élevé. »
Bien que nous ne puissions pas voir les rayonnements RF, ils peuvent certainement rendre les gens malades. La sensibilité électromagnétique est un état de santé reconnu au niveau fédéral dans lequel les individus souffrent d’un large éventail de symptômes indésirables dus à l’exposition aux radiofréquences. Ces symptômes comprennent des maux de tête, des vertiges, des acouphènes, des difficultés de concentration, des pertes de mémoire, des problèmes de sommeil, la dépression, la fatigue, des symptômes ressemblant à ceux de la grippe, l’agitation, l’anxiété, des palpitations cardiaques et des douleurs musculaires et articulaires.
Les conseils du CHD sur la réduction de l’exposition aux radiofréquences préconisent d’éliminer ou de désactiver les appareils sans fil dans la mesure du possible et de maximiser la distance entre nous et l’appareil.
« Ces conseils généraux s’appliquent également aux appareils portables tels que les montres intelligentes connectées, les Fitbits, etc. et notre conseil serait d’éliminer complètement ces types d’appareils », a déclaré Fariha Husain.
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