Des envahisseurs invisibles se cachent dans l’eau du robinet, s’accrochent aux ustensiles de cuisine et se dissimulent dans les emballages alimentaires, constituant une menace silencieuse pour la santé. Ces substances per- et polyfluoroalkyles (PFAS), ou produits chimiques persistants, connus également sous le nom de « polluants éternels», se sont infiltrées dans notre environnement, notre alimentation et même notre corps.
Alors que les communautés sont aux prises avec la contamination, les scientifiques découvrent des liens entre ces polluants persistants et divers cancers.
Que sont les PFAS ?
En raison de leur résistance à la dégradation, les PFAS persistent dans l’environnement depuis des siècles. Leur utilisation généralisée a conduit à leur omniprésence dans les réserves d’eau, les aliments et le sol. Ces produits chimiques s’accumulent dans le corps et l’environnement au fil du temps.
Il y a eu une augmentation alarmante de la contamination par les PFAS à travers les États-Unis, a déclaré à Epoch Times David Andrews, directeur adjoint des enquêtes et scientifique principal à l’Environmental Working Group (EWG). En mai 2024, il avait été confirmé que plus de 6000 sites dans les 50 états étaient contaminés par ces composés toxiques. À titre de comparaison, le nombre de sites contaminés connus était de 3186 dans un rapport de l’EWG datant d’août 2023.
Nouvelles connaissances sur les PFAS et le développement du cancer
En mars 2024, lors d’un symposium virtuel, des scientifiques de l’EWG et des chercheurs universitaires ont discuté des liens entre les PFAS et le cancer. Alexis Temkin, titulaire d’un doctorat en biomédecine marine et en sciences de l’environnement et toxicologue principal à l’agence, a expliqué comment les PFAS favorisent le développement du cancer, en soulignant les risques accrus de cancer des testicules, des reins et du sein liés aux PFAS à chaîne longue et courte présents dans l’eau potable.
La présence de PFAS dans l’eau potable explique probablement pourquoi les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont détecté ces produits chimiques dans le sang d’au moins 97 % de la population, a fait remarquer David Andrews.
Bien que l’exposition aux PFAS ait été liée à divers cancers, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour en comprendre tous les effets.
Les communautés situées à proximité de sites industriels ou de bases militaires, utilisant des mousses anti-incendie contenant des PFAS, affichent des taux de cancer plus élevés. Une étude publiée en 2023 dans Environmental Health Perspectives a établi un lien entre la présence de PFOS (acide perfluorooctanesulfonique et ses sels) – des substances chimiques apparentées aux PFAS généralement utilisées dans les produits antiadhésifs et antitaches – dans le sang du personnel militaire et le cancer des testicules.
En France, selon une étude publiée en 2019 par Santé publique France, les PFAS ont contaminé tous les milieux (eau, air, sol) et l’ensemble de la chaîne alimentaire. Ainsi, 100 % de la population française est imprégnée par les composés perfluorés.
Toujours en France, une enquête menée par dix-huit médias révèle la présence de plus de 1000 sites pollués à des niveaux jugés dangereux pour la santé sur le territoire.
L’enquête collaborative internationale « Forever Pollution Project » dresse une carte de l’Europe, mise à jour en février 2024, de la “pollution éternelle” qui montre pour la première fois l’étendue de la contamination par les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS).
Une étude, publiée en 2020 dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health, suggère que les PFAS présentent les principales caractéristiques des substances cancérigènes, notamment l’induction d’un stress oxydatif, la suppression du système immunitaire et l’interaction avec les récepteurs de signalisation cellulaire.
Des recherches, publiées dans le Journal of the National Cancer Institute en 2024, suggèrent, quant à elles, un lien entre certains produits chimiques à base de PFAS et le type de cancer de l’enfant le plus répandu dans le monde. L’étude a mis en évidence des liens entre un risque accru de cancer et des niveaux élevés de deux PFAS spécifiques : l’acide perfluorooctanesulfonique et l’un de ses précurseurs.
Les PFAS s’accumulent dans l’organisme, en particulier dans le foie, les reins, les testicules et le sérum sanguin, a expliqué à Epoch Times Sivanesan Dakshanamurthy, professeur au département d’oncologie de la faculté de médecine de l’université de Georgetown. Ils interagissent avec les récepteurs cellulaires et les voies de signalisation, ce qui peut déclencher la croissance de tumeurs, a-t-il ajouté.
Les PFAS endommagent également l’ADN et les composants cellulaires et perturbent la capacité du système immunitaire à éliminer les cellules cancéreuses, a ajouté le Pr Dakshanamurthy.
Comment réduire l’exposition
Les filtres à charbon actif granulaire peuvent réduire efficacement les niveaux de PFAS dans l’eau potable, selon Tasha Stoiber, scientifique senior et titulaire d’un doctorat en chimie environnementale.
Cependant, les systèmes d’osmose inverse, une méthode de nettoyage qui fait passer l’eau à travers un filtre spécial pour éliminer les contaminants, sont les plus efficaces pour éliminer les PFAS et d’autres contaminants, a-t-elle fait remarquer. Ces systèmes peuvent être installés sous l’évier ou dans le cadre d’un système global.
Les gens peuvent réduire davantage leur exposition aux PFAS en choisissant des produits sans PFAS, comme certains ustensiles de cuisine antiadhésifs, des vêtements déperlants et des emballages alimentaires, a ajouté Tasha Stoiber.
L’élimination des PFAS dans l’eau potable nécessite une approche à multiples facettes, a-t-elle déclaré. Cela implique des technologies de traitement avancées, la sensibilisation du public, l’arrêt de la contamination à la source et l’assainissement des sites contaminés.
Selon Tasha Stoiber, il est nécessaire d’adopter une législation complète sur la production, l’utilisation et l’élimination des PFAS afin d’éviter toute nouvelle contamination, en ajoutant que les entreprises devraient être tenues pour responsables de la pollution par les PFAS et qu’elles devraient assumer les coûts de nettoyage et les mesures de prévention.
Politiques relatives aux PFAS et initiatives en matière de santé publique
Une étude, publiée en 2020 dans Environmental Science & Technology Letters, suggère que plus de 200 millions d’Américains pourraient avoir des PFAS dans leur eau potable.
Selon le Pr Dakshanamurthy, la lutte contre la contamination par les PFAS aux États-Unis nécessite une recherche, une réglementation et un développement technologique continus en raison de la stabilité, de la persistance et de l’utilisation généralisée de ces substances chimiques.
En France, le gouvernement se mobilise pour répondre aux enjeux sanitaires et environnementaux par un Plan interministériel d’action sur les PFAS.
Ce plan s’organise autour de cinq axes d’actions :
• Développer des méthodes de mesure des émissions, des contaminations de l’environnement et de l’imprégnation des humains et des autres organismes vivants.
• Disposer de scénarios robustes d’évaluation d’exposition des organismes (humains et autres organismes vivants) prenant en compte les multiples voies (ingestion, inhalation, contact cutané) et sources d’exposition aux polluants ubiquitaires que sont les PFAS.
• Renforcer les dispositifs de surveillance des émissions.
• Réduire les risques liés à l’exposition aux PFAS en innovant et en associant les acteurs économiques au soutien de la recherche.
• Améliorer l’information auprès de la population, pour mieux agir.
La coordination des actions et le suivi de la mise en œuvre du plan seront assurés par un comité de pilotage interministériel réunissant l’ensemble des acteurs.
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