À l’occasion de son premier anniversaire en tant que président d’Argentine, Javier Milei a annoncé les premiers résultats de sa campagne acharnée visant à réduire les dépenses publiques, à éliminer les réglementations et à alléger le système administratif du pays.
« Aujourd’hui, avec fierté et espoir, je peux vous dire que nous avons passé l’épreuve du feu », a déclaré Milei aux Argentins la semaine dernière. « Nous quittons le désert, la récession est terminée et le pays a enfin commencé à croître. »
Lorsque Milei a pris ses fonctions en novembre 2023, l’Argentine – qui était autrefois l’un des dix pays les plus riches du monde – était en état de dysfonctionnement. Ayant fait défaut sur sa dette souveraine à trois reprises depuis 2001, elle était sur le point de récidiver.
Son taux d’inflation annuel avoisinait les 200 %, son taux de pauvreté était supérieur à 40 %, son taux de croissance était négatif de 1,6 %, son déficit budgétaire atteignait 15 % du PIB et son déficit commercial était chronique.
Les Argentins voulaient du changement et ont élu le libertaire autoproclamé avec la plus grande majorité jamais obtenue par un candidat à la présidence depuis le rétablissement des élections libres en 1983. Il a obtenu 55,7 % des voix contre son adversaire, le ministre de l’économie sortant Sergio Massa, qui a recueilli 44,3 % des suffrages.
Au cours de l’année écoulée, Milei a supprimé 10 des 18 ministères argentins, plafonné les salaires des hauts fonctionnaires et licencié 34 000 fonctionnaires, réduisant ainsi les dépenses publiques de 30 %.
Après l’élection américaine de novembre, Milei a été le premier dirigeant étranger à rencontrer Donald Trump, et les membres de la nouvelle administration Trump suivent ses progrès de près.
« Une formule raisonnable pour réparer le gouvernement américain : des coupes budgétaires à la Milei, sous stéroïdes », a déclaré Vivek Ramaswamy, codirecteur du département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), qui sera bientôt créé, sur la plateforme de médias sociaux X.
Hors des sentiers battus
Dès son entrée en fonction, l’administration de Milei a agi comme si elle était engagée dans une course contre la montre, s’efforçant d’apporter quelques signes d’un avenir meilleur avant que la patience des électeurs ne s’épuise.
Le premier mois de son mandat, Milei a publié un « méga-décret » comprenant 366 réformes réglementaires, selon un rapport de l’analyste politique de Cato, Ian Vasquez, et de Guillermina Sutter Schneider, co-auteure de l’Indice de Liberté Humaine.
À la fin de sa première année, 672 réformes réglementaires ont été adoptées, 331 réglementations supprimées et 341 autres modifiées.
Ces mesures, comprenant l’élimination des licences d’importation et la levée du contrôle des loyers, ont finalement conduit à une réduction de 35 % du prix des appareils électroménagers et de 20 % du coût des vêtements, écrivent les auteurs, ainsi qu’à une forte augmentation du nombre d’appartements disponibles en location à Buenos Aires, entraînant une baisse significative du prix des loyers.
Démantèlement d’un système centralisé
« Lorsque Milei a pris ses quartiers à la Casa Rosada, il s’est trouvé confronté à une tâche colossale : démanteler le système économique illibéral et fasciste de l’Argentine, un système mis en place depuis les années 1930 dans lequel toutes les activités des Argentins étaient soumises aux diktats omnipotents de l’État », a expliqué Steve Hanke, professeur d’économie à l’université Johns Hopkins et conseiller de l’ancien président argentin, Carlos Menem.
La rhétorique et les réalisations du président ont « remis l’idée des marchés libres sur les lèvres des classes jacassantes », a souligné M. Hanke dans un entretien accordé à Epoch Times.
Milei, économiste, auteur, ancien joueur de football et chanteur de rock and roll, a parfois fait campagne avec une tronçonneuse à la main, s’engageant à réduire la bureaucratie gouvernementale dans un pays qui, selon lui, a « embrassé les idées socialistes depuis 100 ans » et est maintenant désireux de s’en débarrasser.
« Le libéralisme est une forme naturelle de rébellion contre le système », a déclaré Milei lors d’une interview accordée à Tucker Carlson en 2023. L’un des slogans de sa campagne était « Viva la libertad » (Vive la liberté).
Le système étendu de contrôle gouvernemental argentin lui a valu une piètre 159e place sur 165 pays dans l’indice de liberté économique 2022 de l’Institut Fraser, placée entre l’Iran et la Birmanie, appelée aussi Myanmar. Mais la campagne de Milei contre le socialisme ne se limite pas à la liberté économique.
Peter Earle, économiste à l’Institut américain pour la recherche économique, a déclaré à Epoch Times : « Le plus important peut-être, et au-delà de l’économie, c’est que Milei a amorcé un changement culturel en s’éloignant des idéaux socialistes, en défendant la société civile et les principes de liberté et de responsabilité personnelle. »
Sa présidence fait écho à celle de ses prédécesseurs, dont le Premier ministre britannique Margaret Thatcher, qui, dans les années 1980, a mis en place un programme alors radical de réduction des impôts, de privatisation et de déréglementation, tout en réformant les syndicats et les systèmes de santé et d’éducation du pays.
Ce sentiment d’urgence rappelle également celui de nombreux pays européens de l’ex-Union soviétique, qui se sont empressés de mettre en place des structures démocratiques fondées sur le marché tout en démantelant des systèmes sclérosés et contrôlés par l’État.
Dévaluer mais conserver le peso
L’administration de Milei a également dévalué le peso de moitié pour aligner son taux de change officiel sur les taux de change du marché, a interrompu les projets d’infrastructure du gouvernement et a réduit les subventions aux carburants.
Il avait proposé d’éliminer complètement la monnaie nationale argentine et de la remplacer par le dollar américain. Mais il ne l’a pas fait, compromettant ainsi sa lutte contre l’inflation, selon certains experts.
« Le talon d’Achille de Milei sera le peso », a assuré M. Hanke. « Milei a gagné les élections parce qu’il a promis de mettre au rancart la banque centrale et le peso. »
Il n’a pas réussi à le faire, tout en laissant les contrôles de capitaux en place, a ajouté M. Hanke.
« Si Milei avait dollarisé comme il l’avait promis ‘dès le premier jour’, l’inflation serait aujourd’hui morte et les contrôles de capitaux seraient de l’histoire ancienne », a-t-il poursuivi.
Milei s’est également efforcé de réorienter l’économie argentine, qu’il jugeait déséquilibrée, une part trop importante du PIB provenant des dépenses publiques et de la consommation personnelle, et trop peu des investissements privés et des exportations.
Il semble y être parvenu, en transformant le déficit commercial du pays en excédent commercial cette année. Selon la Banque mondiale, l’Argentine est riche en matières premières telles que le lithium et le cuivre, indispensables à la fabrication des batteries électriques et des lignes de transmission des réseaux électriques, et possède d’abondantes terres fertiles pour l’agriculture.
Sortir d’une transition douloureuse
Les changements de cette ampleur sont souvent douloureux, comme Milei l’avait annoncé. Mais des signes annonciateurs de jours meilleurs se font jour.
Selon un rapport de la Banque mondiale, le PIB de l’Argentine aurait diminué de 3,5 % cette année « en raison du plan de stabilisation qui comprend le réalignement des prix relatifs et l’élimination des déséquilibres fiscaux et extérieurs », et en partie à cause d’une grave sécheresse qui a durement touché l’industrie agricole.
Les taux de consommation personnelle semblent avoir diminué alors que les Argentins, comme de nombreux Américains, continuent de lutter pour joindre les deux bouts. La consommation de viande bovine en Argentine, pays réputé pour son bœuf, a chuté au cours des six premiers mois de cette année pour atteindre son niveau le plus bas depuis 13 ans.
Le taux de pauvreté en Argentine est passé de 42 % à 53 % au cours des six premiers mois du mandat de Milei, soit le niveau le plus élevé du pays depuis 2003. Il est désormais en baisse, tombant à 49 % en décembre.
L’inflation a grimpé à 280 % en avril, selon Statista, en grande partie à cause de la dévaluation du peso. Le taux d’inflation mensuel est passé de 25 % il y a un an à 2,4 % en décembre, et la balance gouvernementale et commerciale est passée d’un déficit à un excédent.
Les dépenses publiques ont été réduites de près d’un tiers.
En novembre, l’Argentine a annoncé son neuvième mois consécutif d’excédents budgétaires. Avec une inflation inférieure à 3 % par mois, la banque centrale argentine a réduit ses taux d’intérêt de plus de 100 % il y a un an à 36 % à la fin du mois de novembre.
En septembre, le taux de croissance des salaires en Argentine, qui était de 4,7 %, a dépassé le taux d’inflation pour la première fois depuis des années, selon Trading Economics.
La Banque mondiale prévoit que le PIB de l’Argentine augmentera de 5 % en 2025.
Un sondage Gallup réalisé en décembre indique que 41 % des Argentins estiment que leur économie s’améliore, contre 25 % en 2023, et que 53 % des Argentins considèrent que leur niveau de vie s’est amélioré. C’est la première fois depuis 2015 qu’une majorité d’Argentins répond par l’affirmative.
Pourtant, 35 % d’entre eux ont déclaré qu’ils continuaient à avoir du mal à se procurer de la nourriture et 69 % qu’ils peinaient à trouver du travail.
Dans l’ensemble, les réformes de Milei ont reçu une approbation mitigée, 43 % des Argentins exprimant leur confiance dans son administration. Bien que ce chiffre soit inférieur à la moitié, il est en nette augmentation par rapport aux 24 % qui ont exprimé leur confiance en son prédécesseur, le président Alberto Fernandez. Et dans certains sondages récents, la cote de popularité de Milei a dépassé les 50 %.
Leçons pour l’administration Trump
Selon M. Earle, si l’administration Trump veut s’inspirer de l’exemple de Milei, elle devra s’atteler à la tâche « compte tenu des délais de mise en œuvre des politiques économiques ».
« Au vu de la rapidité avec laquelle il a constitué son cabinet et commencé à élaborer des plans, il est tout à fait évident que le président Trump a la ferme intention de commencer à supprimer les réglementations contraignantes et les dépenses inutiles dès le premier jour de son mandat », a estimé M. Earle.
L’administration Trump doit également être prête à envisager des coupes dans des domaines comme l’armée, l’éducation, la sécurité sociale et l’assurance-maladie, et se tenir « à l’abri des critiques » qui s’ensuivront inévitablement.
Les États-Unis ne connaissent pas les mêmes crises que l’Argentine, mais de nombreux économistes prédisent des conséquences désastreuses si les dépenses fédérales se poursuivent au rythme actuel.
L’Amérique a accumulé plus de 8000 milliards de dollars de déficit fédéral entre 2020 et 2023, et la dette nationale, qui a dépassé 36.000 milliards de dollars, coûte aux Américains 1,8 milliard de dollars d’intérêts par jour.
L’inflation, qui était largement alimentée par les dépenses publiques, a été ramenée de son pic de plus de 9 % en 2022 à 2,7 % aujourd’hui. La récente hausse de l’inflation indique qu’elle reste une menace et souligne la nécessité de maîtriser les dépenses.
Au cours de son premier mandat, Donald Trump a réduit les impôts et approuvé des milliers de milliards de dollars de nouvelles dépenses publiques, auxquelles le président Joe Biden a ajouté d’autres milliers de milliards.
« Si les réductions d’impôts ne s’accompagnent pas de réductions des dépenses, les déficits se creuseront », a indiqué M. Earle.
« L’administration et ses politiques pourraient perdre leur crédibilité si, après avoir été élue sur la base d’une meilleure approche des questions économiques, la dette et les déficits américains, ainsi que l’inflation, s’aggravent. »
Et Trump n’est peut-être pas aussi dévoué aux marchés libres que Milei.
Alors que Milei a libéralisé le commerce, réduisant ainsi le coût de nombreux produits essentiels importés, Donald Trump a menacé d’imposer de nombreux droits de douane – qui, selon certains, entraîneraient une hausse des prix – dans le but de protéger les industries américaines.
Avec Reuters.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.