Un pétrolier vieux de 47 ans qui rouille au large des côtes yéménites de la mer Rouge est le théâtre d’une délicate opération menée par l’ONU pour transférer un million de barils de brut et éviter la cinquième plus grande marée noire de l’histoire.
Après deux ans de travaux préparatoires et de collecte de fonds, le pompage du pétrole du FSO Safer par une équipe coordonnée par l’ONU vers un navire de remplacement a commencé le 25 juillet.
Les 19 jours suivants seront critiques. Le Safer en décomposition continue de représenter une menace pour l’environnement, avertit l’ONU.
Comment le pétrolier s’est-il retrouvé au large des côtes du Yémen ?
Le Safer a été construit en 1976 pour être un superpétrolier et a été converti une décennie plus tard en conteneur pétrolier flottant.
Ce navire est ancré à environ 4,8 milles marins au large des côtes du gouvernorat de Hodeïda au Yémen et contient environ 1,14 million de barils de brut léger.
Les opérations du pétrolier ont été suspendues en 2015 en raison du conflit entre les rebelles houthis et une coalition pro-gouvernementale au Yémen. L’intégrité structurelle du pétrolier s’est considérablement détériorée et le navire pourrait désormais se briser.
Les systèmes nécessaires pour pomper le gaz inerte dans le tanker ont cessé de fonctionner en 2017, entraînant un risque réel d’explosion, et le tanker a été jugé irréparable.
Le Yémen déchiré par la guerre n’a pas la capacité ou l’aptitude à faire face à l’impact d’une marée noire massive, qui mettrait en danger l’ensemble de l’écosystème marin et l’économie de la mer Rouge – une zone qui abrite des voies de navigation clés.
Quelles sont les implications d’une potentielle marée noire massive ?
Le coût de la vidange et de la récupération du Safer est estimé à des dizaines de millions de dollars. Mais s’il devait se briser avec le pétrole à bord, la catastrophe pourrait coûter environ 20 milliards de dollars pour le nettoyage.
Et si une marée noire massive se produisait, elle dévasterait les communautés de pêcheurs sur la côte yéménite de la mer Rouge, car des millions de personnes dépendent de la pêche dans la région. Elle pourrait anéantir immédiatement 200.000 moyens de subsistance. Des communautés entières seraient exposées à des toxines potentiellement mortelles, prévient l’ONU.
Cette marée noire majeure pourrait fermer les ports de Hodeïda et Salif, deux débouchés clés pour la nourriture, le carburant et les fournitures vitales dans un pays où 17 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire.
L’impact environnemental sur les eaux, les récifs coralliens, les mangroves et la diversité de la vie marine serait sévère. La marée noire pourrait atteindre les côtes de l’Arabie saoudite, de l’Érythrée, de Djibouti et de la Somalie. Les usines de dessalement sur la côte de la mer Rouge pourraient également être fermées, coupant les sources d’eau douce pour des millions de personnes.
Il est également possible que le trafic de navigation vital à travers le détroit de Bab al-Mandab vers le canal de Suez soit confronté à des perturbations prolongées entraînant des milliards de dollars de pertes par jour. Le tourisme en souffrirait également.
Quels sont les détails de l’opération dirigée par l’ONU ?
À la suite de tentatives infructueuses pour convenir d’un plan de sauvetage du Safer dans un environnement de conflit hautement politisé, le Coordonnateur résident et humanitaire des Nations Unies pour le Yémen, David Gressly, a lancé une nouvelle initiative à la mi-2021 destinée aux partenaires du secteur privé.
L’initiative appelait à la sélection d’une entreprise de sauvetage maritime de premier plan pour retirer le pétrole du Safer.
Un projet coordonné par l’ONU a été présenté en décembre 2021.
Depuis lors, l’ONU a travaillé en étroite collaboration avec le gouvernement du Yémen à Aden, qui a soutenu l’initiative avec un don de 5 millions de dollars l’année dernière.
Les autorités houthies basées dans la capitale Sanaa, qui contrôlent la zone devant laquelle le navire mouille, ont défini un cadre de coopération en signant un protocole d’accord avec l’ONU le 5 mars 2022.
Le 10 juillet, les autorités houthies ont autorisé le début du transfert du pétrole.
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) est chargé de mettre en œuvre le projet, qui a débuté mardi.
Le transfert signifie-t-il vraiment que la menace environnementale est terminée ?
Même après le transfert du pétrole, le pétrolier Safer délabré continuera de représenter une menace pour l’environnement en raison des résidus de pétrole collants à l’intérieur des réservoirs, d’autant plus que le pétrolier risque toujours de se briser.
Pour terminer le travail, 22 millions de dollars sont nécessaires de toute urgence – dont un remboursement de 20 millions de dollars du financement interne fourni par le Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies (CERF) qui a fourni suffisamment de liquidités pour commencer l’opération.
À ce jour, les États membres, le secteur privé et le public ont financé 121 millions de dollars en contributions et promesses.
L’ONU compte désormais sur un soutien plus généreux pour achever sans tarder cette tâche cruciale.
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