COVID-19

Comment mettre fin à la formation de masse

Le Pr Desmet explique sa théorie de la formation de masse en relation avec la pandémie de Covid et répond aux critiques
octobre 8, 2022 13:43, Last Updated: octobre 8, 2022 16:08
By Dr Ann Corson et Mingjia Jacky Guan

Lors d’un podcast d’Epoch Health, le Dr Ann Corson s’entretient avec le professeur Mattias Desmet, spécialiste de la théorie de la formation de masse (aussi nommée psychologie des foules), qui analyse son fonctionnement lors de la pandémie de Covid‑19.

Le Pr Desmet aborde le déclin de la science moderne et ses conséquences sociales qui a conduit à un phénomène mondial de formation de masse, tout particulièrement durant le Covid‑19. Il explique en détail les causes exactes de la formation de masse et comment s’en prémunir.

Le Pr Desmet enseigne la psychologie clinique au Département de psychologie et des sciences de l’éducation de l’université de Gand, en Belgique. Il est également psychothérapeute et psychanalyste. Son travail a largement été repris dans Forbes, The Joe Rogan Experience, Fox News, par le New York Post, et des centaines d’autres médias. Ses interviews ont été vues des millions de fois. Ses précédents ouvrages sont notamment « La quête d’objectivité en psychologie » et « La logique de la subjectivité de Lacan : promenade sur le graphique du désir » et plus d’une centaine d’articles universitaires à comité de lecture. Il a reçu en 2018 le prix de l’étude de cas psychanalytique empirique de l’Association for Psychoanalytic Psychotherapy, ainsi que le prix Wim Trijsburg de l’Association néerlandaise de psychothérapie en 2019. Son dernier livre est la « Psychologie du totalitarisme », une analyse psychologique qui s’appuie sur l’ouvrage fondateur de Hannah Arendt « Les origines du totalitarisme ».

Le Dr Corson a quarante ans de pratique clinique derrière elle. Ses patients comprennent des personnes immunodéprimées en raison d’affections telles que la maladie de Lyme et de co‑infections, ainsi que d’autres atteints de maladies liées aux moisissures. Elle traite ses patients avec une approche intégrative et est reconnue à l’international pour les succès de ses traitements. Le Dr Corson a grandi dans le sud‑est de la Pennsylvanie aux États‑Unis, et a obtenu son diplôme de docteur en médecine en 1982 à la faculté de médecine de l’université de Pennsylvanie à Philadelphie. Elle est spécialisée en médecine familiale et en médecine holistique intégrative. Aujourd’hui, elle exerce dans son cabinet de médecine intégrative à Philadelphie et s’intéresse de près à l’éthique et à l’humanisme en médecine. En 2008, elle a rejoint l’organisation à but non lucratif Doctors Against Forced Organ Harvesting (DAFOH) et est actuellement rédactrice en chef du bulletin d’information électronique de DAFOH.

La science : de « discours de vérité » à idéologie dogmatique

Pendant la pandémie de Covid‑19, la communauté scientifique a eu recours à un grand nombre de méthodes douteuses pour expliquer ses actions. Mais c’est grâce à un système déjà en place que ces manœuvres ont pu être validées. Selon le Pr Desmet, la science a glissé de l’observation et la recherche critique de la vérité vers l’idéologie dogmatique.

Au début, vers le XVIIe siècle, « la science représentait un discours par lequel une minorité allait à l’encontre d’un discours établi », à savoir le discours religieux. Initialement, la science était une forme pragmatique pour parler vrai. Il s’agissait d’être à l’écoute de la nature, et d’observer les phénomènes naturels, « sans être aveuglé ou [sourd] du fait de préjugés et de… dogmes du discours dominant », explique t‑il.

« Pour nous, petit à petit, cette minorité est devenue le courant dominant, et plus elle devenait le discours dominant lui‑même, plus elle devenait dogmatique. » On est passé d’un regard ouvert sur le monde à une idéologie et une croyance. La croyance implique le préjugé, et les populations ont adhéré à l’idée d’un univers‑machine, « rien n’existait en dehors des particules élémentaires », tout était déductible par la logique. « C’est cela que la science, que l’idéologie scientifique, représente. »

« Quand une certaine théorie, une certaine vision du monde, commence à devenir dominante, quand la majorité des gens commencent à croire en un certain discours, ce discours devient l’instrument privilégié : [il va être utilisé] pour manipuler la société, pour obtenir des résultats par exemple, pour gagner de l’argent, pour avoir une emprise sur la société, etc. Et c’est ce qui s’est passé avec le discours scientifique. » Cela a abouti à cet état perverti de la science, en particulier dans le domaine des sciences médicales.

Selon le Pr Desmet, tout a commencé en 2005, lorsqu’« il est devenu clair, par exemple dans les sciences médicales, que jusqu’à 85% des études publiées ne pouvaient être reproduites [à l’identique], ce qui est terrible évidemment. » Par exemple, une deuxième équipe de recherche répète une analyse en travaillant avec les mêmes données, mais arrive à des résultats radicalement différents de ceux de la première équipe.

À l’évidence, plusieurs facteurs entraient en compte dans ce phénomène, notamment des erreurs énormes de calcul et d’analyse statistique. « Beaucoup de scientifiques utilisaient des méthodes erronées pour analyser les données, [ils utilisaient] des méthodes vraiment, vraiment, peu rigoureuses. Et ensuite, il y a eu plus de fraudes que jamais… auparavant. Donc, pour toutes ces raisons, une grande partie de la recherche universitaire s’est avérée peu fiable et sans valeur. »

Le Pr Desmet a mené de nombreuses recherches à ce sujet. Il a consacré son doctorat à étudier ce phénomène. Lorsqu’il s’est tourné vers ses collègues pour leur en parler, « la plupart [d’entre eux] ont refusé de voir [les données] que j’avais… Lorsque j’ai essayé de leur montrer [ils] se sont même mis en colère contre moi ».

« J’avais l’impression que la dynamique de groupe et la psychologie des foules étaient responsables de cet aveuglement et de leur incapacité radicale à voir l’absurdité des recherches qu’ils étaient en train de faire. »

La science est cependant intrinsèquement imparfaite, affirme le Pr Desmet. Les scientifiques ont toujours eu l’ambition de démontrer que seules les informations chiffrées ou quantitatives sont exactes à 100%, ils ont donc commencé à séparer les choses en objets unidimensionnels faciles à quantifier. « Donc ils veulent tout mesurer et ils oublient que la plupart des objets dans la nature ne peuvent jamais être mesurés de manière adéquate. » Les données mesurées dans un processus scientifique ne peuvent jamais rendre ces objets pour ce qu’ils sont à 100%.

La psychologie des foules et le Covid‑19

Au début de la pandémie, le Pr Desmet a d’emblée remarqué que la malignité du virus était exagérée et fallacieuse.

« J’ai tout de suite eu l’impression que cette recherche surestimait considérablement les dangers, les dangers du virus. » Les personnes pouvaient être infectées par le Covid‑19, explique‑t‑il, mais les décès liés au Covid‑19 concernaient principalement les personnes souffrant de comorbidités graves. Il y avait beaucoup de « données, montrant que la plupart des personnes comptabilisées comme victimes du Corona souffraient en réalité de trois ou quatre autres conditions médicales majeures ».

« Ils [choisissent] toujours cette méthode de mesure qui confirme leurs propres préférences subjectives, ce qui signifie que dans ce cas, toutes ces… institutions mondiales telles que le Forum économique mondial, l’OMS, l’ONU, toutes ces institutions ont en réalité choisi des méthodes de calcul qui confirmaient le narratif qu’elles voulaient diffuser, à savoir que nous avions affaire à un virus extrêmement dangereux. » Pourtant, lorsque le Pr Desmet a publié des avis et des articles détaillant des preuves empiriques contraires, il était clair que personne ne souhaitait l’écouter.

Le Pr Desmet a donc décidé de se pencher sur les processus psychologiques de la société, au regard de la théorie de la formation de masse. Mais qu’est‑ce que la formation de masse exactement ?

« La formation de masse est un collectivisme extrême »

« La formation de masse existe depuis que l’humanité existe », déclare le Pr Desmet. Les croisades, l’Allemagne nazie, l’Union soviétique et bien d’autres phénomènes sont des exemples de formations de masse. Cela existera aussi longtemps que l’humanité existera. Certaines conditions très spécifiques doivent être remplies, précise t‑il.

La première condition est une sorte d’isolement, une situation dans laquelle les individus se sentent déconnectés de leur environnement.

« Nous avons constaté au cours des derniers siècles que le nombre de personnes se sentant isolées, seules et déconnectées de leur environnement est en constante augmentation. Et c’est une conséquence de l’industrialisation de la mécanisation. Il est clair que… la solitude est presque parfaitement corrélée à l’industrialisation et à la mécanisation du développement et à l’utilisation de la technologie, ce qui peut sembler [paradoxal], mais ça ne l’est pas. »

Selon le Pr Desmet, le fait de se sentir déconnecté va ensuite mener à un vide de sens qui amène à son tour l’anxiété, la dépression et la frustration, « car en tant qu’êtres humains, nous faisons l’expérience du sens, nous voyons que nous avons un effet sur l’autre – et si le lien avec l’autre se détériore ou disparaît, alors ces expériences spontanées ne se manifesteront peut‑être plus. »

« Une fois que les gens se sentent déconnectés et luttent contre l’absence de sens, ils peuvent typiquement être confrontés à l’anxiété, à un trouble anxieux généralisé, à la frustration et à l’agressivité… Les gens se sentent anxieux ou agressifs mais ne savent pas pourquoi ils sont anxieux, frustrés ou agressifs. »

« Et c’est un état mental extrêmement précaire, parce que si on est anxieux, et qu’on ne sait pas pourquoi, on se sent tout simplement complètement hors de contrôle. On ne peut pas se protéger de quelque chose qui nous rend anxieux si on ne sait pas ce qui nous rend anxieux. Donc les gens sont dans cet état – si dans ces conditions, quelqu’un propage un narratif, de préférence par le biais des médias de masse, indiquant un objet d’anxiété et en même temps une stratégie pour faire face à l’objet d’anxiété, alors toute cette anxiété généralisée s’accroche à l’objet d’anxiété et il peut y avoir [l’émergence] d’une volonté très puissante de mettre en œuvre cette stratégie pour faire face à l’objet d’anxiété, même si la stratégie est absurde. »

Cette stratégie se transforme en un rituel, qui « n’a pas besoin d’être rationnel. Ils [les rituels] ont une fonction sociale, une fonction personnelle et une fonction pratique », ce qui est tout ce dont les populations ont besoin.

« La formation de masse est un collectivisme extrême ». « [Elle] détruit la conscience éthique de soi des individus et les prive de leur capacité à penser de manière critique. »

« Une masse est un type de groupe qui émerge non pas parce que les individus se connectent les uns aux autres. La masse est un groupe qui émerge parce que chaque individu se connecte séparément au collectif. Ce qui signifie que cette fameuse et caractéristique ‘solidarité’ qui existe dans une masse n’est jamais une solidarité entre individus. C’est une solidarité entre tous les individus, d’un côté, et le collectif [de l’autre]. Plus la formation de masse existe, plus tout l’amour et toute l’énergie psychologique sont aspirés des liens entre les individus qui se lient à d’autres individus, [pour être] investis dans les liens entre les individus et le collectif, ce qui signifie en définitive, que les gens ressentent beaucoup plus de solidarité pour le collectif que pour quelqu’un d’autre. »

« Cela explique, bien sûr, pourquoi dans la crise du Corona, tant de gens parlaient de ‘solidarité’, mais en même temps, ils acceptaient que… les parents d’une personne soient en train de mourir à l’hôpital… [sans que celle‑ci] ne soit autorisée à rendre visite à son père ou sa mère. » Au fur et à mesure que ce phénomène se développe, cela devient une sorte d’hypnose qui conduit les gens à commettre des atrocités, explique le Pr Desmet.

Le « véritable ennemi »

Au cours de la crise pandémique, certains ont désigné « l’élite » comme le véritable ennemi et la cause de la crise. Le Pr Desmet n’est pas d’accord.

« A partir de la Révolution française, on peut dire, [qu’il y a eu] une nouvelle élite, qui a immédiatement compris que les nouveaux dirigeants, les hommes politiques, n’étaient plus vraiment des meneurs. Ils étaient des suiveurs parce qu’ils devaient être élus par les masses, ils savaient qu’ils ne pouvaient pas vraiment diriger les masses. Ils devaient suivre les masses. Et c’est là que les meneurs de la société ont réalisé qu’ils avaient besoin d’autre chose. Ils avaient besoin de propagande et d’endoctrinement pour manipuler constamment les masses, et pour essayer de les diriger en continu là où ils voulaient les amener. » L’endoctrinement et la propagande sont le sujet du prochain livre de Mathias Desmet. Il y travaille en ce moment même.

L’élite est véritablement puissante et la propagande est réelle, mais ce n’est pas le véritable problème.

« Le véritable ennemi est une certaine façon de penser, c’est une certaine vision de l’homme et du monde, la vision mécaniste et rationaliste de l’homme et du monde. C’est cette croyance délirante que nous pouvons tout comprendre sur une base rationnelle, que nous pouvons tout contrôler rationnellement, et que nous devons tout manipuler rationnellement. » C’est précisément cette vision du monde qui conduit à une élite à vouloir contrôler la société, ajoute t‑il.

« C’est cette pensée mécaniste qui est le véritable ennemi, qui conduit au développement de cette nouvelle élite et, en même temps, qui amène la population dans cet état psychologique spécifique, où elle est si sensible à la manipulation, où elle est si sensible à la propagande d’endoctrinement. »

« Hannah Arendt dit que le totalitarisme est toujours un pacte diabolique entre les masses et l’élite, et c’est vrai. Mais il est faux de dire que c’est la faute et uniquement la faute de l’élite. Si nous détruisions l’élite, le problème ne sera pas résolu. La même élite sera recréée à nouveau si la population continue à être sous l’emprise de cette vision rationaliste, mécaniste de l’homme et du monde. C’est pourquoi il est erroné de tout analyser en termes d’un grand complot et rien d’autre. Si on part d’une telle analyse, alors la conclusion logique, stratégique et tactique sera que nous avons besoin d’une révolution violente contre l’élite – et si nous faisons cela, nous nous détruirons nous‑mêmes », déclare t‑il. « L’élite est aussi quelque chose qui est créé par la population. »

« Comme l’a dit Soljenitsyne, la ligne de démarcation entre le bien et le mal ne passe pas entre les gens, elle passe par tous les cœurs. »

Résister à la masse

Alors comment résister à la masse ?

« Le principe le plus important est que nous devons toujours continuer à prendre la parole. C’est le principe le plus important. Donc la formation des masses est un peu [comme] l’hypnose, c’est identique. »

« Habituellement, les voix dissonantes ne réussiront pas à réveiller les masses. Mais … cela ne signifie pas que la voix dissonante n’a pas d’effet, elle a un effet. Elle a pour effet que la formation de masse ne s’approfondit pas. »

« En tant qu’être humain, je crois que nous avons le devoir éthique de toujours articuler les mots qui nous semblent sincères et honnêtes… et [nous devons], dans cette fosse obscure, essayer de montrer un peu de lumière, et entrer toujours plus en contact avec les principes éthiques de l’humanité, et essayer de vivre selon ces principes. »

Ceux qui le font « passent généralement par un processus rapide d’évolution, ils deviennent de plus en plus forts en tant qu’êtres humains… C’est la raison la plus profonde, la raison éthique, pour laquelle nous devons choisir de continuer à nous exprimer… également d’un point de vue tactique, c’est le meilleur choix à faire. »

« Si vous, ce groupe qui ne suit pas le narratif, faites le bon choix, vous commencerez à voir que cette crise était prédestinée. Nous avons besoin de cette crise. C’est un processus dans lequel un grand organisme, une société dominante, exerce une grande pression sur un petit organisme – et le pousse sur une voie sur laquelle il ne pourrait pas se tromper, puisqu’il y a cette grande voie sur laquelle s’exerce cette pression. »

« Mais si nous choisissons de rester silencieux, ou si nous refusons d’essayer de réinventer et de réarticuler les principes éthiques de l’humanité dans cette période [de l’histoire], dans ces temps, alors le contraire se produira. Les masses vont probablement commencer par détruire les personnes qui ne vont pas dans leur sens, puis elles commenceront à se détruire elles‑mêmes, et finalement, ce sera un grand processus de pure destruction. »

Mais il est absolument essentiel que nous le fassions de manière pacifique et raisonnable. « Alors que [la masse] manifestera probablement la tendance à nous déshumaniser, nous ne devons pas réagir de la même manière, car si nous réagissons de la même manière, nous nous détruirons nous‑mêmes et tout deviendra insignifiant ».

« Si nous sommes convaincus… que l’élite est le mal absolu et que le reste d’entre nous ne sommes que des victimes, alors, comme je l’ai dit, la seule conclusion est la violence. »

Il est vital que « nous continuions à parler de manière sincère et honnête, non pas parce que nous sommes convaincus que nous sommes les seuls à connaître la vérité, et que tous les autres sont des menteurs et ainsi de suite… si nous sentons que, selon notre meilleure compréhension, quelque chose est correct, sincère et honnête, alors nous devons l’articuler. »

« Et vous savez, il n’est pas besoin de se voiler la face… des choses terribles se sont produites, des guerres ont été provoquées, la famine… des millions de personnes vivent dans la dette à cause de cette élite. Tout cela est vrai. C’est tout à fait vrai. Et je sais que c’est vrai. Mais il est également vrai que la population est responsable, que l’élite est aussi quelque chose qui est créé par la population et qui émerge de la population. »

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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