Commission d’enquête TNT: quand la créature échappe à son créateur

Par Ludovic Genin
22 mars 2024 15:07 Mis à jour: 25 avril 2024 16:15

La commission sur la TNT voulue par LFI à l’Assemblée nationale, suite à la saisine du Conseil d’État par RSF sur Cnews, a montré les premiers jours le visage d’une gauche portée par la censure et les attaques contre le groupe Bolloré plutôt que sur la défense du pluralisme des médias.

Les derniers avancements confirment ce que certains avaient prédit, ce n’est pas seulement Cnews qui sera concerné par cette saisine inédite, mais l’ensemble des médias audiovisuels où le pluralisme est, la plupart du temps, beaucoup moins respecté. Cette commission d’enquête, qui avait pour objectif de se « payer le groupe Canal + » sous prétexte d’étudier le pluralisme des médias pour l’attribution des autorisations de diffusion sur la TNT, se retrouve elle-même devant les caméras et des questions se posent maintenant le pluralisme des médias de service public, majoritairement tournés à gauche.

On commençait à deviner la nature de ce tribunal révolutionnaire lors des premières auditions de Pascal Praud, Sonia Mabrouk, Laurence Ferrari, avec un renversement accusatoire à l’image de la députée Taillé-Polian, pointant Cnews sur son manque de pluralisme, mais refusant de se rendre aux invitations de la chaîne.

« On n’est plus dans un cadre républicain »

Le ton est monté le 21 mars entre le rapporteur de la commission d’enquête, le député LFI Aurélien Saintoul et la ministre de la Culture Rachida Dati : « Vos propos vont trop loin. On n’est plus dans un cadre républicain », a répondu au député Rachida Dati, quand celui-ci lui demandait en sous-entendu si elle méritait sa place d’une rencontre entre Emmanuel Macron et Vincent Bolloré.

« Ça devient très personnel. Ce sont des questions qui soupçonnent des choses (…) La croisade, les attaques, les collusions ou autres, je ne suis pas là pour répondre à ça… Vous mettez en cause ma légitimité, ma capacité, ma compétence ? Je serais l’objet d’un contrat entre deux hommes ? », s’est agacée la ministre.

Niant vouloir mettre en cause la « légitimité » de la ministre, M. Saintoul est revenu plus tard à la charge, demandant à Mme Dati si Emmanuel Macron ou Gabriel Attal lui avaient demandé de préserver les autorisations TNT liées à M. Bolloré. « C’est un commission d’enquête contre M. Bolloré ? », a rétorqué Mme Dati. « Je n’ai eu aucune demande formulée par qui que ce soit pour favoriser qui que ce soit », a-t-elle déclaré, estimant que le parlementaire la soupçonnait d’une « infraction pénale ».

Yann Barthès auditionné à la demande du RN

L’animateur de l’émission Quotidien sur TMC, Yann Barthès, qui se félicite régulièrement de ne pas inviter les membres du Rassemblement national (RN) dans son émission, va être auditionné par la commission d’enquête à la demande du RN, a indiqué jeudi le député Renaissance Quentin Bataillon.

« Le pluralisme vaut pour CNews comme pour TMC, qui refuse d’inviter certains partis politiques », a affirmé sur X le député Thomas Ménagé, dont le parti RN n’est pas invité par cette chaîne du groupe TF1.

Yann Barthès a encore déclaré à l’antenne début mars, qu’ « on ne reçoit pas les membres du Rassemblement national mais on respecte scrupuleusement (l’équité) des temps de parole » grâce à des extraits d’émissions et reportages, extraits caricaturaux se moquant des élus du RN.

 

Pour le député Thomas Ménagé, qui a cosigné le courrier avec quatre autres députés RN pour demander cette audition, « il paraît inconcevable » de ne pas entendre devant la commission d’enquête « les seuls praticiens de l’information qui prennent ostensiblement position contre le fait d’inviter l’ensemble des représentants du spectre politique ».

Le président de la commission, Quentin Bataillon, leur a donné raison, en indiquant que « le pluralisme est au cœur des travaux de notre commission d’enquête TNT » et que « tout ce qui participe à la compréhension de ses règles et à son respect est utile ».

« Une domination outrancière de la gauche sur le service public »

Selon le député LR Meyer Habib, présent à la commission lors de l’audition de la ministre de la Culture Rachida Dati, le rapporteur de la commission, Aurélien Saintoul, est obsédé par CNews et par Vincent Bolloré qui « cristallisent tous les fantasmes, les haines de la gauche et de l’extrême gauche, parce que cette gauche n’accepte pas de céder la moindre place aux idées de droite dans les médias ». Selon lui, cette gauche est « soucieuse de conserver la domination outrancière qu’elle a depuis des décennies sur le service public ». Une phrase qui a eu le mérite d’interpeller le rapporteur LFI de la commission, qui ne s’attendait sûrement pas à un tel retournement de situation.

Le député Meyer Habib a continué en s’adressant à la ministre de la Culture : « Je le dis, je mets les pieds dans le plat, c’est sur cela, Madame la ministre, que l’on aurait dû avoir aujourd’hui une commission d’enquête parlementaire », en parlant du pluralisme des idées non respecté sur le service public audiovisuel.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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