La conférence de Jean-Luc Mélenchon sur la Palestine, prévue jeudi soir avec la militante franco-palestinienne Rima Hassan et contestée par une partie de la classe politique, a été interdite par la préfecture du Nord, qui invoque un risque de « trouble à l’ordre public ».
La conférence, qui devait initialement se tenir à l’université de Lille, avait déjà été interdite une première fois, l’université craignant que la montée des tensions internationales ne permette pas de garantir « la sérénité des débats », après la récente attaque de l’Iran contre Israël.
Selon un communiqué de la préfecture, « des appels à la mobilisation lancés par plusieurs organisations » pourraient entraîner « des rassemblements, des attroupements et des heurts sur la voie publique, dans un climat de tensions géopolitiques accrues ». Elle souligne en outre que les forces de sécurité sont déjà fortement mobilisées jeudi par le plan vigipirate « urgence attentat », le match de coupe d’Europe Lille-Aston Villa et une commémoration du soulèvement du ghetto de Varsovie à la synagogue de Lille. Enfin, elle considère que la salle privée réservée in extremis pour l’évènement, limitée à 328 personnes, ne permet pas d’accueillir le public attendu en toute sécurité.
ℹ️Bertrand Gaume, préfet de la région Hauts-de-France, préfet du Nord, interdit par arrêté du 18 avril 2024 la conférence organisée par Libre Palestine ce jeudi 18 avril à 18h30 à la salle Impériale située au 165, rue d’Arras à Lille. pic.twitter.com/rHZOP9e3uc
— Préfecture de la région Hauts-de-France et du Nord (@prefet59) April 18, 2024
Un « acharnement » dénonce LFI
« Cet acharnement contre La France insoumise est totalement intolérable. En pleine campagne électorale, la décision d’annuler un évènement public auquel doivent participer des membres de l’opposition politique est un précédent extrêmement grave pour notre démocratie », a réagi LFI dans un communiqué.
Le parti de Jean-Luc Mélenchon annonce avoir déposé une demande en préfecture pour « un rassemblement public avec une prise de parole de Jean-Luc Mélenchon contre la censure et pour la paix » jeudi à 18h30 dans le sud de la ville.
Depuis le début de la semaine, plusieurs élus, comme la député macroniste Violette Spillebout, le parlementaire RN Sébastien Chenu et le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avaient réclamé l’interdiction de cette conférence.
Objet des critiques, notamment le logo de l’association étudiante organisatrice, « Libre Palestine », qui montre un territoire englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza, une manière de « nier l’existence de l’État d’Israël ».
Nous ne pouvons tolérer, dans une université française, une telle conférence de la @FranceInsoumise, de @JLMelenchon et de @RimaHas qui, à travers le logo « Libre Palestine », nient l’existence de l’État d’Israel.
Je demande à @univ_lille et au @Prefet59 l’annulation de cette… https://t.co/rOUuoWhZY2
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) April 15, 2024
« Quand on est un parti politique on ne s’affiche pas avec un logo qui nie l’existence de l’État d’Israël », avait également condamné Raphaël Glucksmann, la tête de liste des socialistes aux élections européennes.
Dans un communiqué, l’association assure que son logo « ne nie en aucun cas l’existence d’Israël » et ajoute n’avoir « jamais promu la haine ou proféré des propos antisémites ».
En meeting mercredi soir à Roubaix, devant 1200 personnes selon les organisateurs, M. Mélenchon avait fustigé les « lâches qui ne sont pas capables de défendre la liberté », en réaction à l’interdiction de la conférence dans les locaux de l’université. « Tout ceux qui ne sont pas absolument d’accord avec le massacre sont immédiatement des antisémites », avait-il ajouté. LFI a fait de la dénonciation des opérations israéliennes à Gaza l’un des principaux axes de sa campagne pour les élections européennes du 9 juin.
Rima Hassan, une militante franco-palestinienne controversée
« Interdire une conférence au nom de ce petit logo, je trouve que c’est vraiment un débat ridicule », avait pour sa part commenté à l’issue du meeting Rima Hassan, septième sur la liste LFI pour les européennes.
Xavier Bertrand s’était félicité sur X de l’annulation du « meeting politique, déguisé en conférence aux relents antisionistes, (qui) n’avait pas sa place dans une université française ! L’annulation par le Président de @Univ_Lille est une décision courageuse qui garantit la neutralité et la sérénité. »
Présidente de l’association Action Palestine France, l’activiste franco-palestinienne Rima Hassan avait exprimé des propos plus qu’ambigus sur l’organisation terroriste Hamas, après son attaque le 7 octobre. Interviewée par le média Le Crayon en novembre 2023, elle avait jugée qu’il était « vrai » que le Hamas mène une action légitime. La militante avait également déclaré que l’État d’Israël ne disposait pas de droit de défense et qu’une solution à deux États était impossible. Celle qui qualifie Israël d’« entité coloniale fasciste », dit maintenant s’inscrire, en tant que « responsable politique », « dans le cadre de deux États côte à côte ».
Nantes, Créteil, Nanterre, Clermont-Ferrand… Jean-Luc Mélenchon a multiplié ces dernières semaines les conférences dans les universités.
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