Confinés H24, comment éviter le « burn out » parental

Par Epoch Times avec AFP
21 mars 2020 22:11 Mis à jour: 21 mars 2020 22:50

« J’ai mis les enfants dans le congélateur, ça va nickel »: si des parents plaisantent sur internet, le risque de « péter les plombs » quand on est enfermé 24H sur 24 avec ses bambins est bien réel et peut accroître les risques de maltraitance.

« Le confinement, c’est l’occasion de passer beaucoup, beaucoup de temps avec les enfants », mais quand « on télé-travaille, lorsqu’on est dans des petits espaces ou simplement fatigué.e.s, les tensions peuvent se multiplier », écrit le collectif féministe #NousToutes, qui propose sa « Prévention pétage de plombs ! ».

« Oui, vous aurez sans doute envie de jeter vos enfants par les fenêtres, c’est normal, ce qui ne serait pas, c’est de le faire ! », résume la psychologue Moïra Mikolajczak, appelant les parents à « renoncer à être Superman ou Superwoman », histoire de faire baisser la pression.

Pour les parents programmer des temps OFF complets

Pour aider les parents, #NousToutes a créé une vingtaine de groupes sur le système de messagerie WhatsApp, déjà rejoints par plus de 4.000 d’entre eux.

-Une mère utilise l’application web « Ma classe à la maison » mise à disposition par le CNED pour l’école à domicile de son fils le 21 mars 2020 à Montlouis-sur-Loire, dans le centre de la France, le cinquième jour d’un confinement national strict pour stopper la propagation de l’infection causée par le coronavirus, les sorties de la maison se limitant à acheter de la nourriture, à consulter un médecin, à promener le chien ou à faire un jogging solitaire. Photo de GUILLAUME SOUVANT / AFP via Getty Images.

Au menu, conseils éducatifs et astuces pour rester zen: quand on sent que la « tension monte: s’isoler (même aux toilettes) », mais aussi regarder des vidéos amusantes avec ses enfants, « programmer des temps OFF complets en s’enfermant dans la chambre pendant que l’autre s’occupe des enfants ».

L’idée, c’est d’aider à éviter « mots » ou « gestes » qui « peuvent heurter, blesser », car « on peut avoir des comportements que l’on regrette juste après ».

D’elle-même, Sarah, mère parisienne de trois enfants,  7 ans, 4 ans et un bébé de deux mois,  s’applique ce genre de règles « pour rester détendue »: « Hier, je me suis pris une heure seule dans ma chambre, sans enfant collé à moi, et j’ai fait une séance de méditation via Instagram ».

Lourd pour les parents, mais aussi pour les enfants

« Ça se passe bien, mais sur le long terme, c’est un peu l’angoisse », dit-elle, alors que la France vit sa première semaine de confinement total.

Et si c’est lourd pour les parents, ça l’est aussi pour les enfants. « Ça se dispute un peu, quand je veux aller jouer dans le salon alors que maman travaille », dit Estheban, confiné avec ses parents à Romainville, en banlieue parisienne.

-Farrah Eaton assiste sa fille Nola, 6 ans, à l’école à domicile le 18 mars 2020 à New Rochelle, New York. Les écoles de New Rochelle, un point chaud aux États-Unis pour la pandémie de coronavirus ont été suspendues le 13 mars, et les parents ont été chargés de réaliser des programmes d’apprentissage à distance à la maison. Photo de John Moore / Getty Images.

« Je dois être mère, prof, cadre sup’, cuisinière, femme de ménage, c’est chaud », résume pour sa part Virginie, cadre dans la banque et mère de deux garçons de 11 et 6 ans, à Argenteuil, au nord-ouest de la capitale.

Si pour la plupart des parents les choses se passent bien, Moïra Mikolajczak, de l’Université catholique de Louvain en Belgique, appelle à ne pas sous-estimer le sujet.

L’UC Louvain y consacre même une page spéciale sur son site internet, bardée de conseils: « structurez la journée des enfants » avec des moments précis où ils s’occupent seuls, « faites preuve de souplesse: n’hésitez pas à assouplir certaines règles », etc.

« On peut prédire des augmentations de burn out parental », s’alarme Mme Mikolajczak, faisant craindre des « cas de négligence ou de violence ».

« Les familles occidentales n’ont pas l’habitude de vivre les uns sur les autres »

Une inquiétude relayée par le secrétariat d’Etat à l’Enfance en France, qui alerte sur « des risques accrus de maltraitance, du fait de situations favorisant le passage à l’acte à domicile, et d’une difficulté supplémentaire pour le repérer ».

« Les parents se retrouvent parents au foyer, sans l’avoir voulu, et les parents au foyer, on le sait via des études, sont plus vulnérables au burn out », poursuit Mme Mikolajczak. Qui plus est, souligne-t-elle, « les familles occidentales n’ont pas l’habitude de vivre les uns sur les autres ».

-Carlynn Sweeney aide sa fille Clémentine, 9 ans, lors de son enseignement à domicile le 18 mars 2020 à New Rochelle, New York. Les parents ont été chargés de réaliser des programmes d’apprentissage à distance à la maison. Photo de John Moore / Getty Images.

Dans la période actuelle, rappelle-t-elle, « on ne peut pas recourir aux grands-parents ou aller au restaurant » pour relâcher la pression.

« Lâcher-prise », Etienne, père de deux filles de 10 et 6 ans, l’a bien compris: « Au début, avec les écoles fermées, je me suis mis la pression, je ne voyais pas comment j’allais faire, avec aucun temps autre que pour les enfants ».

« Puis j’ai compris, j’ai lâché mes projets professionnels, et ça se passe beaucoup mieux ! »

 

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