L’association Anticor a déposé une troisième plainte à Paris contre le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, dans le cadre de l’enquête sur des soupçons de conflit d’intérêts entre ses postes dans la fonction publique et ses liens familiaux avec l’armateur italo-suisse MSC.
L’association anticorruption accuse cette fois le numéro deux de l’Elysée de « faux et usage de faux » et d' »omission substantielle de ses intérêts », en l’occurrence d’avoir dissimulé deux choses dans différentes déclarations sur l’honneur: ses liens familiaux avec l’armateur et le fait d’avoir été impliqué, comme fonctionnaire, dans des décisions concernant MSC, selon la plainte rédigée le 18 mars, dont a eu connaissance l’AFP.
Deux de ces déclarations avaient été adressées en 2014 et 2016 à la commission de déontologie de la fonction publique, lorsque le haut-fonctionnaire avait souhaité travailler pour le groupe fondé et dirigé par des cousins de sa mère, la famille Aponte.
La première fois, la commission s’y était opposée: « M. Kohler a, en qualité de représentant de l’Etat au conseil d’administration de la société STX France (les chantiers de Saint-Nazaire, ndlr), participé en février 2012, à une délibération du conseil autorisant la conclusion d’un contrat d’achat d’un paquebot par la société MSC », concluait son avis du 10 juillet 2014 cité par la plainte.
« Un système qui a sa logique »
Mais deux ans plus tard, la commission rendait un avis favorable, le 6 octobre 2016. L’énarque, qui venait de quitter le Ministère de l’Économie après la démission d’Emmanuel Macron, était alors devenu directeur financier de la filiale croisières du groupe. Il quittera ces nouvelles fonctions quelques mois plus tard pour rejoindre l’Élysée à l’élection d’Emmanuel Macron en mai 2017.
Lors de ces processus, les liens familiaux de M. Kohler avec l’armateur n’avaient jamais été mentionnés. Anticor en déduit que M. Kohler a omis de les mentionner dans trois déclarations d’intérêts qu’il a dû remettre à la Haute autorité pour la transparence (HATVP), en vertu de la « loi Cahuzac » de 2013.
En mai 2018, le parquet national financier a ouvert une enquête sur cette affaire après des premières révélations de Mediapart. Dans la foulée, Anticor avait déposé une première plainte contre le bras droit du président, en qualifiant les faits de « prise illégale d’intérêt », « trafic d’influence » et « corruption passive », puis une seconde en août après de nouvelles révélations.
« En ciblant cette fois ces omissions, on remonte peu à peu aux racines d’un système qui a sa logique », a commenté l’avocat d’Anticor, Me Jean-Baptiste Soufron.
Alexis Kohler fait par ailleurs partie des trois hauts responsables de la présidence dont les déclarations sous serment au Sénat dans l’affaire Benalla doivent être transmises au parquet de Paris en vue d’éventuelles poursuites judiciaires.
Epochtimes.Fr avec AFP
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