Conflits d’intérêts gênants entre les facs de médecine et l’industrie pharmaceutique

25 janvier 2017 07:00 Mis à jour: 25 janvier 2017 10:36

Selon un sondage Odoxa, seulement 34% des Français déclarent avoir une opinion positive de l’industrie du médicament, un chiffre qui monte à 72% chez les médecins. Récemment, l’association Formindep a mis au jour l’influence des lobbies pharmaceutiques au sein des facultés de médecine. Seulement 9 facultés sur 37 ont pris des initiatives pour se prémunir de l’industrie du médicament dans leur établissement, tandis que les 28 autres n’ont pris aucune mesure. Ces lobbies commerciaux se retrouvent ensuite dans le fonctionnement public du système de soins français.

Des facultés de médecine sous influence

L’OMS alertait dès 2009 de l’influence de la promotion pharmaceutique sur le milieu médical et ce dès l’université. Dans un rapport publié par la Haute Autorité de santé en 2013, elle constatait que les étudiants en médecine et en pharmacie étaient souvent en contact avec des représentants de l’industrie pharmaceutique dès les premières années de leur cursus.

Le rapport publié le 9 janvier dernier par Formindep, un collectif de médecins indépendants, arrivait aux mêmes conclusions. 28 des 37 facultés de médecine en France ont des conflits d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique, que ce soit des cadeaux, des repas ou des séjours, offerts aux étudiants et aux enseignants. Selon Jean-Sébastien Borde, médecin et membre de Formindep, « certains représentants d’industries pharmaceutiques siègent dans leurs conseils d’administration. Et des laboratoires financent ou sont même membres fondateurs de leurs fondations ».

Certains représentants d’industries pharmaceutiques siègent dans les conseils d’administration des universités

Entre mai et décembre 2015, les auteurs du rapport ont évalué treize critères, basés sur ceux de l’Association américaine des étudiants en médecine qui mènent cette enquête tous les ans depuis 2007. Parmi ces critères, on retrouve : l’acceptation de cadeaux, le nombre de conférenciers liés à l’industrie pharmaceutique, les événements organisés ou co-organisés par les labos sur le campus, les financements apportés par les grands groupes, les cours abordant la question de l’influence économique, etc. À chaque fois qu’une université résiste à la pression d’un de ces critères, elle marque un à deux points.

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Le résultat des 37 facultés de médecines en France est alarmant : la meilleure université est celle de Lyon-Est avec seulement 5 points sur 26. Viennent ensuite Angers avec 4 points, puis 7 autres universités avec un seul point. Les 28 autres universités sont à zéro.

L’université, une zone de non-droit

Selon le Dr Jean-Sébastien Borde, coauteur de l’étude et néphrologue à l’hôpital Saintonge de Saintes, « les entreprises ont une charte qui régit les relations de leurs représentants avec les médecins, mais les facultés, elles, n’ont même pas le début d’une réflexion sur ce qui est acceptable ou non ».

Selon les auteurs de l’étude, de nombreuses facultés de médecine aux États-Unis ont introduit depuis 2007 des réglementations plus strictes concernant les conflits d’intérêts. Les différents scandales sanitaires tels que le Mediator, la Dépakine ou celui à venir du Vioxx, devraient pousser la France à mettre en place de telles mesures. Car l’influence des laboratoires pharmaceutiques sur les universités structure à la racine le système de prescription des soins en France et donc celui de leur remboursement. Pour le moment, l’État est impuissant et les facultés de médecine restent une zone de non-droit.

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