Rester à l’heure d’été toute l’année ? Avant une décision au niveau européen, une consultation citoyenne a montré un soutien majoritaire à cette option en France, avec un record de participation sur ce casse-tête rituel du changement d’heure.
La Commission européenne a proposé en septembre 2018 une nouvelle directive qui mettrait fin à ces changements controversés, impliquant d’avancer sa montre d’une heure en mars et de la reculer d’une heure en octobre.
Les ministres des transports européens, réunis en décembre, ont envisagé la date de 2021 pour abandonner ce système. Et à l’issue d’une action de coordination pour éviter un « patchwork » de fuseaux horaires, chaque État membre devrait alors décider de son heure légale.
Pour verser « un élément supplémentaire au débat », la Commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale a organisé une consultation sous la forme d’un questionnaire en ligne sur ces mouvements d’horloge qui peuvent avoir des conséquences sur la santé aussi bien que l’agriculture, le transport aérien ou la sécurité routière.
Menée entre le 4 février et le 3 mars, cette consultation sans valeur contraignante, mais dont le résultat sera transmis aux institutions européennes, a montré que « 83,71% des répondants sont pour mettre fin au changement d’heure deux fois par an ».
Selon ces résultats, qui seront détaillés en commission le 12 mars, « 59,17% des répondants choisissent de toujours rester à l’heure d’été » (UTC + 2). L’heure d’hiver, qui avait un temps tenu la corde, est à 36,97%, les autres répondants étant sans opinion.
Cette consultation française a reçu 2 103 999 réponses. C’est un record absolu pour une telle consultation de l’Assemblée, les précédentes se chiffrant au mieux à quelques milliers voire dizaines de milliers. Une consultation sur les droits des personnes en fin de vie avait notamment totalisé 11 000 contributions début 2015.
Les résultats sont en adéquation avec une consultation lancée par la Commission européenne à l’été 2018 : sur environ 4,6 millions de participants au sein des pays européens, 56% des votants, dont la France à 52%, étaient pour conserver l’heure d’été, contre 36% en faveur de l’heure d’hiver.
Les répondants du Portugal, Chypre et de la Pologne avaient une préférence pour l’heure d’été, la Finlande, le Danemark et les Pays-Bas pour l’heure d’hiver.
Instauré initialement pour réaliser des économies d’énergie, le changement d’heure en été et en hiver dans l’UE – en vigueur en France depuis 1976 – suscite de vives oppositions depuis des années.
Ses détracteurs invoquent des effets négatifs sur le sommeil et la santé ou sur les accidents de la route, ainsi que l’absence de réelles économies d’énergie.
Sur la santé notamment, différentes études font état d’une hausse des infarctus du myocarde ou des crises cardiaques après le passage à l’heure d’été. Les périodes d’obscurité prolongées dues au passage à l’heure d’hiver constituent aussi un risque accru pour les cyclistes ou piétons.
En attendant que l’Union européenne tranche d’ici deux ans, le 31 mars prochain, la devinette reprendra pour les couche-tôt comme pour les couche-tard : à la nouvelle heure, quelle heure sera-t-il ?
D. S avec AFP
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