Depuis des semaines en France, les syndicats les plus radicaux et les membres de la France Insoumise tentent d’allumer la flamme de la révolte et d’atteindre l’union rêvée des luttes pour, espèrent‑ils, transformer un jour les mécontentements en soulèvement national, en une nouvelle révolution qui créera un « paradis » socialiste contrôlé par un État‑parti sur le modèle du régime chinois.
Jean‑Luc Mélenchon a ainsi tenté un craquage d’allumettes à la mi‑octobre avec un grand rassemblement parisien « contre la vie chère » tandis que les députés de son groupe mobilisaient au maximum les réseaux sociaux pour accuser le gouvernement « d’enfumage » avec la loi dite pouvoir d’achat. Les derniers attentats sont trop loin pour qu’on parle encore beaucoup de sécurité, et les prix montent. Tout tourne donc ces temps‑ci autour du « pouvoir d’achat », de la capacité à maintenir son niveau de consommation, malgré la crise en Ukraine et malgré l’appauvrissement inéluctable des ressources naturelles. Il faut bien sûr faire cela en luttant contre l’inaction climatique, ce qui donne bonne conscience jusqu’à ce qu’on réalise qu’on ne peut (les personnes en situation de précarité ou de pauvreté exceptées) à la fois maintenir son niveau de consommation et être totalement responsable écologiquement.
Les extrémistes de la CGT des raffineries ont pu bloquer une bonne moitié du pays pendant plusieurs semaines pour défendre leurs intérêts, leurs augmentations, leur consommation. Plus largement, beaucoup choisissent la lutte des classes contre un oppresseur représenté par « le capital ». Celui‑ci, vainqueur dans toutes les crises, sort chaque fois plus riche et plus puissant alors que, au bas de l’échelle sociale, le Secours Catholique et les associations constatent une explosion de la pauvreté en France.
L’accroissement des inégalités est une réalité. Cependant, le démarrage de la COP27, conférence internationale sur le climat qui s’est ouverte ce dimanche 6 novembre en Égypte à Sharm el‑Sheikh permet d’aborder le sujet du pouvoir d’achat avec un angle plus international. Dès le premier jour de la conférence, la presse a été informée que les négociations des Nations unies sur le climat allaient débuter avec un accord de principe pour discuter de la responsabilité des pays les plus riches dans les dommages causés par les phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes. Depuis 1990, les pays en développement et les petits États insulaires demandaient sans succès une prise en compte de leur situation : eux qui ont peu contribué aux émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement de la planète, ainsi qu’à la surconsommation qui a conduit à polluer massivement sols, eaux et air sont pourtant les premiers à subir les effets du changement climatique. Pour la première fois donc, les pays industrialisés, principaux pollueurs, acceptent que le sujet soit débattu, ce qui pourrait ouvrir le chemin à des compensations pour les pays pauvres.
La prise de recul que permet cette information de COP27 éclaire d’un autre jour notre actualité nationale : la tendance sociale grandissante, dans le petit périmètre de notre environnement, est de considérer l’autre comme oppresseur et soi‑même comme opprimé. Pour certaines femmes, l’homme est un danger en tant que tel. Pour la communauté LGBT, l’hétérosexuel convaincu que la définition des sexes est simple, nette, biologique, est un ennemi qui menace la survie et le développement de la communauté. Pour les personnes de couleur, l’oppresseur est le blanc – homme ou femme, hétérosexuel ou pas – qui porte en lui l’héritage de l’esclavage, de la colonisation et le considère, parce qu’il vient d’ailleurs, comme un être de seconde catégorie. Pour l’extrême gauche enfin, l’oppresseur est celui qui rencontre plus de succès que soi.
Mais pour la plus grande partie de la planète, l’oppresseur, c’est nous : les femmes comme les hommes, les blancs comme les non‑blancs, les hétérosexuels « straight » et « cis‑genrés » comme les autres, tant que nous exigeons plus que le nécessaire pour vivre, voulons pouvoir jeter, acheter à nouveau, trouver de nouvelles excitations dans la consommation, tant que nous envoyons par millions de tonnes nos déchets et nos rebuts ailleurs dans le monde pour ne plus les voir.
Veut‑on être vraiment « woke » ? L’oppresseur, c’est peut–être chacun de nous lorsqu’il exige le superflu et considère que cela fait partie de ses « acquis sociaux ». Tout nous place alors du mauvais côté de l’histoire, du côté des futiles ayant perdu le sens des choses. Le fait que les hyper‑avides soient davantage coupables ne fait pas de tous les autres des innocents. Demandons‑donc aux habitants d’une de ces îles du Pacifique en train de disparaître ou à un Bangladais ce que valent nos luttes sociales ?
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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