Ce samedi 12 décembre, de longs applaudissements ont retenti au cours des séances plénières du Bourget. La larme à l’œil et la main sur le cœur, Laurent Fabius déclarait : « Nous sommes presque au bout du chemin et sans doute au début d’un autre ». La fatigue et l’émotion se lisaient sur le visage du président de la COP21, au moment où un premier accord historique et contraignant était entériné par les 195 nations présentes.
Au-delà de la gestion française, on peut croire que ce qu’applaudissaient les représentants des 195 pays et les nombreux observateurs et associations présentes, étaient le résultat d’un compromis et la promesse d’une coopération. De l’avis des nombreuses délégations présentes, l’accord n’est pas parfait, comporte des zones d’ombres et doit encore être mis en application. Mais, tel que le soulignait Nozipho Mxakato-Diseko, ambassadrice sud-africaine et porte-parole du G77 : « C’est le mieux de ce qui pouvait être fait à ce moment ».
La méthode française, unanimement saluée
Dès le début de la COP21, devant tous les négociateurs, Laurent Fabius a expliqué qu’il utiliserait « l’expérience de toute sa vie » en tant que diplomate pour mener les négociations. En amont de la conférence, le ministre a commencé un travail minutieux, multipliant les rencontres avec les différentes administrations. Le jour du lancement, les 195 chefs d’État avaient été conviés pour le lancement de la COP21, ce qui a contribué à mettre une pression supplémentaire sur les délégations.
Entouré d’une équipe de 15 personnes et de deux ambassadeurs, Laurent Fabius a mené les discussions en composant 4 groupes de travail constitués en fonction de thèmes : financement, aide aux pays pauvres, mesures entreprises par les pays riches. Le texte de départ a ensuite été discuté dans les salles, phrase par phrase, chacune apparaissant sur des écrans géants. La multiplication de consultations informelles a été encouragée ; les discussions ont ensuite été transmises à un échelon supérieur, puis à la présidence de la COP21.
Il faut mettre les efforts à la hauteur de cet objectif difficile à atteindre. – Fondation Nicolas Hulot
Si certains pays tels que la Malaisie ou le Venezuela ont jugé cette méthode « un peu brutale », l’engagement personnel du ministre français a été longuement salué. « Toutes les délégations disent que la présidence française a été spectaculaire et qu’aucun des sommets précédents n’a été aussi bien organisé », saluait Al Gore. Une opinion partagée par John Kerry, habitué des sommets internationaux, déclarant que « le niveau de préparation a été extraordinaire ».
À deux reprises, le président de la COP21 a haussé le ton. « Des formules de compromis doivent être dégagées le plus rapidement possible, les chefs d’État et de gouvernement nous ont donné lundi un mandat sans ambiguïté. (…). Il faut accélérer », pressait-il mercredi. Puis vendredi, il avait averti que « le compte n’y était pas ». « Des sorties globalement positives », note Romain Benicchio, responsable des politiques climat au sein de l’ONG Oxfam, « puisque cela a débouché sur des avancées ».
« Aujourd’hui nous célébrons, demain nous construirons »
Le texte final prévoit des mesures contraignantes pour maintenir le réchauffement « bien en dessous de 2 °C », avec des références à 1,5 °C telles que le réclamaient certains États insulaires. De plus, le fonds vert de 100 milliards de dollars par an reversé par les pays riches aux pays les plus pauvres a été entériné. Parmi les points à éclaircir, la réduction des émissions de gaz à effets de serre. Aucun objectif chiffré n’a été précisé, sinon qu’il fallait que leur réduction atteigne un « pic aussi vite que possible ».
Un cycle de révision régulier, tous les cinq ans, devra être mis en place dans chaque pays. Cette vérification devra revoir à la hausse les engagements de réduction des gaz à effet de serre. Cependant, il n’y a pas de date fixée sur la première révision de ces engagements et sur les efforts produits avant 2020. La Fondation Nicolas Hulot a commenté un accord « bon sur le post-2020 mais à compléter sur le pré-2020 ». Par rapport au chiffre de 2 °C, l’ONG relève « un bon accord », indiquant qu’« il faudra mettre les efforts à la hauteur de cet objectif difficile à atteindre ».
Miguel Arias Cañete, commissaire européen, qui s’inquiétait de la lenteur des négociations, a indiqué lors de la dernière session plénière : « Aujourd’hui nous célébrons, demains nous construirons. C’est ce que le monde attend ».
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.