Le Premier ministre japonais Fumio Kishida est arrivé en Corée du Sud dimanche pour un sommet important avec le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, au moment où les deux pays cherchent à apaiser leurs relations tumultueuses.
L’avion transportant M. Kishida a atterri à la base aérienne de Séoul, à Seongnam, dimanche. Il s’agit du premier sommet entre Tokyo et Séoul à se tenir en Corée du Sud depuis 12 ans. Le Premier ministre nippon Shinzo Abe s’était toutefois rendu en 2018 en Corée du Sud pour les Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang. Cette visite survient après une rencontre entre MM. Kishida et Yoon à Tokyo mi-mars, à l’occasion de laquelle les deux pays avaient décidé de lever des restrictions commerciales mutuelles.
M. Kishida s’est d’abord rendu au cimetière national de Séoul, où sont enterrés d’anciens combattants sud-coréens, pour y déposer des fleurs. Il doit s’entretenir plus tard dans la journée avec Yoon Suk Yeol, qui a fait du rétablissement des liens avec le Japon une priorité absolue. Le Japon et la Corée du Sud sont tous deux des alliés clés des États-Unis, mais partagent un passé encore douloureux, lié à la brutale occupation de la péninsule coréenne par le Japon entre 1910 et 1945.
Donner un nouvel élan à la « navette diplomatique »
M. Kishida a déclaré dimanche avant son départ espérer que cette visite donne un nouvel élan à la « navette diplomatique » entre les deux pays, un mécanisme de rencontres régulières entre leurs dirigeants interrompu depuis décembre 2011 et que MM. Kishida et Yoon ont convenu en mars de reprendre. Le Premier ministre japonais a dit attendre avec impatience un « échange de points de vue honnête (…) fondé sur une relation de confiance ».
M. Yoon doit recevoir M. Kishida pour dîner à la résidence présidentielle, probablement autour d’un barbecue coréen, et il pourrait même cuisiner pour le Premier ministre japonais, selon les médias locaux.
Lim Eun-jung, professeur associé à l’université nationale de Kongju, a déclaré à la chaîne audio-visuelle YTN news, qu’il était remarquable que M. Kishida se soit rendu directement au cimetière national de Séoul. Les relations nippo-coréennes s’étaient détériorées après une décision de justice sud-coréenne en 2018 ordonnant à des entreprises nippones de verser des compensations pour le travail forcé durant l’occupation japonaise. Mais Séoul a présenté début mars un plan pour indemniser des Sud-Coréens qui y ont été soumis, sans participation financière de Tokyo.
Rétablir les relations nippo-coréennes
Le ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie a annoncé en avril avoir entamé le processus de réinscription de la Corée du Sud sur une liste dite « blanche » de partenaires commerciaux de confiance, après l’en avoir retirée en 2019.
Une centaine de Sud-Coréens se sont rassemblés samedi pour protester contre la venue de M. Kishida. Selon eux, les contentieux liés à la guerre doivent figurer en tête de l’ordre du jour dimanche. M. Kishida « doit présenter des excuses sincères pour les crimes contre l’humanité commis par le Japon et assumer ses responsabilités », a déclaré Kim Jae-won, un manifestant.
Les efforts qui visent à rétablir les liens diplomatiques s’inscrivent dans un contexte de tensions accrues dans la péninsule, où la Corée du Nord multiplie les essais d’armement. Pyongyang a notamment réalisé en 2023 son premier lancement de missile balistique intercontinental à combustible solide.
Les États-Unis et la Corée du Sud ont pour leur part renforcé leur coopération en matière de défense, organisant une série d’exercices militaires majeurs, dont deux exercices trilatéraux impliquant le Japon cette année.
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