Corée du Sud : quelles solutions possibles pour arrêter le Président Yoon après le premier échec ?

Par Epoch Times avec AFP
4 janvier 2025 11:35 Mis à jour: 4 janvier 2025 12:27

Les enquêteurs sud-coréens ont été empêchés vendredi d’arrêter le Président déchu Yoon Suk Yeol, pourtant sous le coup d’un mandat pour sa brève imposition de la loi martiale début décembre.

L’actuel ordre émis par un tribunal, le premier à viser un chef de l’État en exercice dans l’histoire du pays, court jusqu’à lundi.

Voici ce qui pourrait se passer d’ici à son expiration et après :

Jusqu’à la date butoir, les enquêteurs peuvent retenter de s’emparer de Yoon Suk Yeol, cloîtré chez lui dans le centre de Séoul. Leur premier essai vendredi s’est soldé par un échec, quelque 200 soldats et gardes présidentiels ayant bloqué l’opération, marquée par des négociations infructueuses et des altercations avant d’être finalement annulée en milieu de journée.

Si Yoon Suk Yeol, visé notamment pour « rébellion », était arrêté, il pourrait être maintenu en détention pendant 48 heures. Les enquêteurs auraient ensuite le choix entre demander un autre mandat, dit formel, pour le garder à vue plus longtemps ou le relâcher. Les avocats de l’ex-procureur vedette qualifient le mandat en cours d’« illégal » et promettent d’engager des procédures légales pour le contester. Le service de sécurité présidentiel clame lui que le CIO s’est « illégalement introduit » dans la résidence de M. Yoon.

Des personnes se rassemblent pour protester contre la destitution du Président sud-coréen Yoon Suk Yeol devant la porte Gwanghwamun à Séoul le 4 janvier 2025. (PHILIP FONG/AFP via Getty Images)

M. Yoon confiné chez lui et protégé par sa garde

Si le mandat arrive à expiration, l’agence pourra toujours en solliciter un nouveau, pour une durée de validité de sept jours. Elle a une autre option : essayer d’obtenir un mandat d’arrêt formel plus contraignant au lieu de l’ordre classique, ce qui pourrait lui permettre de placer Yoon Suk Yeol en détention pendant plus de 48 heures directement. D’après les spécialistes, ce scénario n’est pas improbable au regard du fait que M. Yoon a repoussé trois convocations pour interrogatoire avant d’être finalement ciblé par le mandat actuel, qu’il rejette aussi.

Un mandat d’arrêt formel est généralement émis quand « un suspect refuse de coopérer à l’enquête », explique à l’AFP le commentateur politique Park Sang-byung. Yoon Suk Yeol a par ailleurs « encouragé ses partisans » à le soutenir, ce qui pourrait être perçu par les tribunaux comme une « reconnaissance des accusations criminelles portées contre lui », pense-t-il. L’application d’un tel mandat demeure cependant incertaine tant que M. Yoon reste confiné chez lui et protégé par sa garde, composée notamment de militaires.

Des partisans du Président sud-coréen Yoon Suk Yeol brandissent des drapeaux coréens et américains près de sa résidence à Séoul, le 3 janvier 2025. (PHILIP FONG/AFP via Getty Images)

Face à leur obstruction, le CIO et la principale force de l’opposition, le Parti démocrate, ont demandé au président intérimaire Choi Sang-mok d’obliger les gardes à coopérer. « Il est, dans la pratique, impossible d’exécuter le mandat d’arrêt tant que les responsables de la sécurité continuent leur protection » de M. Yoon, a déploré le CIO dans un communiqué.

M. Choi, qui n’a pas encore réagi aux événements de vendredi, se trouve déjà dans une situation politique délicate et il est « improbable » qu’il accède à la requête du Bureau, estime auprès de l’AFP Shin Yul, professeur de sciences politiques à l’université Myongji. Choi Sang-mok est fermement critiqué par le Parti du pouvoir au peuple (PPP) de M. Yoon pour avoir nommé deux nouveaux juges à la Cour constitutionnelle, qui comptait trois sièges vacants sur neuf.

Le Président sud-coréen, Yoon Suk-yeol. (Photo par Mauro Pimentel/AFP via Getty Images)

Officiellement toujours président titulaire

La majorité des deux tiers étant requise pour entériner une destitution, l’institution aurait dû se prononcer à l’unanimité pour que M. Yoon soit définitivement démis de ses fonctions. L’opposition voulait ainsi que de nouveaux magistrats rejoignent la Cour pour donner plus de chances au processus de réussir.

La Cour doit confirmer ou infirmer d’ici la mi-juin la destitution de Yoon Suk Yeol, adoptée par les députés le 14 décembre. En attendant la décision, M. Yoon n’est que suspendu et reste officiellement le président titulaire.

Selon les experts, les enquêteurs auraient beaucoup moins de mal à l’arrêter si son titre lui était retiré. Le délai jusqu’au verdict pourrait être long et il est possible que les procédures impliquant M. Yoon traînent, même si la Cour entend mener un procès rapide, au vu de la gravité du dossier.

Pour les avocats de l’intéressé, les juges doivent au contraire absolument utiliser tout le temps qui leur est imparti, les appelant à examiner en détail « les circonstances qui ont conduit à la déclaration de la loi martiale ». Mesure choc que Yoon Suk Yeol continue de défendre.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.