Un tribunal de Séoul a formellement reconnu vendredi une Américaine adoptée comme étant la fille de son père biologique, une décision qu’elle a qualifiée de « capitale » pour tous les enfants adoptés en Corée du Sud.
Kara Bos, 38 ans, n’a pas pu contenir ses larmes quand le tribunal des affaires familiales de Séoul a rendu son jugement demandant à ce qu’elle soit incluse sur le registre familial de son père biologique, la liste officielle des membres de sa famille.
La famille a refusé d’entrer en contact avec elle
Ces derniers, qu’elle a identifiés grâce à un test ADN, ont toujours refusé d’entrer en contact avec elle.
Mme Bos, qui avait été abandonnée à deux ans avant d’être adoptée par une famille américaine, s’est lancée dans une bataille légale pour retrouver l’identité de sa mère biologique. Et ses avocats affirment qu’elle aura désormais accès à tous les registres officiels relatifs à son père.
« C’est un jour mémorable pour nous tous qui avons été adoptés, et à qui l’on reconnaît finalement des droits », a-t-elle dit aux journalistes, visiblement très émue.
Corée du Sud premiers viviers d’adoption internationale
« Les épreuves auxquelles nous sommes confrontées faute d’avoir le droit d’entrer en contact avec notre famille… J’espère que cela va changer en Corée. »
La Corée du Sud fut un temps l’un des premiers viviers de l’adoption internationale. Au moins 167.000 enfants sud-coréens ont été adoptés par des parents étrangers depuis les années 1950.
Mais la quête d’information pour les enfants adoptés y est notoirement difficile. Le droit sud-coréen penche clairement en faveur du respect de la vie privée des parents biologiques, et non du côté des droits des enfants adoptés.
Ni le père biologique de Mme Bos, ni les membres de sa famille n’étaient présents à l’audience.
La question de ses origines n’avait jamais vraiment préoccupé Mme Bos, dont le nom coréen est Kang Mee Sook, avant que sa fille n’ait deux ans, et qu’elle prenne conscience de « ce que cela signifiait d’abandonner un enfant de cet âge ».
ADN sur un site internet de généalogie
Tous ses efforts pour retrouver ses parents biologiques via les registres d’adoption avaient été vains. Alors elle avait entré en 2016 une analyse de son ADN sur un site internet de généalogie, et trouvé une correspondance avec celui d’un jeune Coréen étudiant à l’étranger.
Ils étaient entrés en contact et avaient déterminé que leur lien de parenté pouvait être son grand-père à lui, qui serait son père à elle, et donc la seule personne qui aurait pu dire qui était sa mère.
Mais sa famille à lui ne voulut rien entendre et refusa de lui permettre de rencontrer son père. Sa demi-sœur biologique appela même la police quand Mme Bos vint l’implorer à genoux devant sa maison.
En novembre, elle saisit la justice d’une action en recherche de paternité, ce qui selon ses avocats était une première de la part d’une étrangère adoptée et née en Corée du Sud.
Un test ADN ordonné par le tribunal a conclu avec une probabilité de 99,987% que l’homme qu’elle soupçonnait était bien son père biologique.
L’inclusion dans le registre familial lui donnera le droit d’hériter, mais aussi de demander la naturalisation. Mais elle affirme que tout ce qu’elle cherche, c’est de connaître l’identité de sa mère, et ses origines.
Contraintes d’abandonner leur bébé à la naissance
Après la Guerre de Corée (1950-1953), l’adoption fut un moyen de se débarrasser des enfants nés de la relation entre des militaires américains et des Sud-Coréennes, alors que le pays ne jurait que par l’homogénéité ethnique.
La société sud-coréenne demeure profondément conservatrice et patriarcale et nombre de jeunes mères non mariées se trouvent contraintes d’abandonner leur bébé à la naissance.
Kara Bos pense être elle aussi née d’une union extra-maritale: « Une ultime tentative avec quelqu’un d’autre pour avoir un garçon, et comme j’étais une fille, il m’a abandonnée ».
Elle espère rencontrer son père la semaine prochaine
« J’espère, au vu de toute l’attention médiatique, que si ma mère regarde, elle se fera connaître et sera un exemple de courage, comme il m’en a fallu à moi pour mener ce combat », a-t-elle dit aux journalistes.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.