Aux premières heures de la crise, le nouveau coronavirus a favorisé un rare rapprochement entre Israéliens et Palestiniens. Mais plus la pandémie progresse, plus les tensions remontent à la surface, et certains, côté palestinien, se demandent si ce rapprochement ne tenait pas du mirage.
Le nœud de ces tensions est le statut des quelque 70.000 Palestiniens qui ont un permis pour travailler en Israël, sans compter les illégaux: que faire d’eux lorsque l’économie israélienne plonge brutalement? Que faire d’eux s’ils sont malades?
Limiter les mouvements de population
Dans un premier temps, les deux camps se sont entendus sur une formule: ces travailleurs allaient soit retourner dans leur famille, soit rester en Israël jusqu’à la fin de la crise.
Le but était de limiter les mouvements de population dans l’espoir de minimiser la propagation du virus, alors que plus de 6.000 cas de contamination ont été recensés en Israël et plus d’une centaine en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par l’Etat hébreu.
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a dénoncé un traitement « raciste » de la part d’Israël et demandé le retour de tous les travailleurs.
Un travailleur sans permis escorté au point de contrôle
Mais selon la police israélienne, il s’agit d’un travailleur sans permis, qui s’est présenté à l’hôpital pour des soins.
« La police l’a escorté au point de passage », résume un porte-parole de la police, soulignant qu’il avait été testé négatif au Covid-19 avant d’être escorté.
Coopération Israélo-palestinienne contre le coronavirus https://t.co/xJeq6lwA4y
— Laurence NGUYEN (@NGUYENLaurence) March 25, 2020
La tension est encore montée d’un cran, les autorités palestiniennes ayant révélé que le premier décès dû à la maladie côté palestinien était celui d’une sexagénaire qui avait été récemment en contact avec son fils travaillant en Israël.
Les ouvriers palestiniens préfèrent rester en Israël
En dépit des appels à rentrer chez eux, de nombreux ouvriers palestiniens préfèrent rester en Israël, en raison notamment des salaires plus élevés.
Mais ils préfèrent aussi ne pas bouger de peur de subir un sort similaire à celui de l’ouvrier au point de contrôle.
Comme Faraj, 26 ans, qui se terre avec quatre collègues dans une chambre mise à disposition par son employeur en Israël plutôt que de rentrer en Cisjordanie.
« Après avoir vu la scène éprouvante (de l’ouvrier) au point de passage, je me suis dit qu’il était préférable de rester ici », dit-il.
Juguler ensemble la progression du virus
Outre l’accord initial sur les travailleurs, Israéliens et Palestiniens s’étaient entendus notamment sur la création d’un comité conjoint, pour tenter de juguler ensemble la progression du virus.
Mais depuis, le ton a changé.
L’Autorité palestinienne a accusé Israël mercredi d’avoir « anéanti » ses « efforts » de confinement, en laissant des ouvriers palestiniens travailler dans des colonies israéliennes en Cisjordanie.
« La décision d’Israël de laisser entrer les travailleurs est une tentative de protéger l’économie israélienne, aux dépens de la vie de nos travailleurs. Qu’Israël nous laisse tranquille », a lancé le Premier ministre Shtayyeh.
La coopération initiale contrastait avec les menaces du président palestinien Mahmoud Abbas de cesser la coordination sécuritaire avec Israël, après l’annonce fin janvier d’un plan américain pour un règlement du conflit israélo-palestinien.
La« coordination (avec l’Autorité palestinienne) demeure très étroite »
Walid Assaf, chargé du suivi des colonies pour le gouvernement palestinien, s’attendait à ce que la pandémie entraîne un gel de la colonisation israélienne.
« Mais au contraire (les Israéliens) utilisent le corona pour créer un nouvel état de fait sur le terrain », critique-t-il.
Toutefois, la « coordination (avec l’Autorité palestinienne) demeure très étroite », affirme Yotam Shefer, un responsable du Cogat, l’organisme israélien chargé des activités civiles dans les Territoires palestiniens, citant des échanges sur les questions sanitaires.
Et pour Ofer Zalzberg, chercheur au centre de réflexion International Crisis Group (ICG), la « solide coopération » est dans l’intérêt de chacun.
« Les deux populations sont fortement liées, endiguer le virus dans un camp seulement est impossible car l’autre le contaminera à nouveau », dit-il.
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