En proie aux critiques, le célèbre infectiologue marseillais a rappelé que son devoir consistait à faire ce qui lui paraissait « le mieux pour les malades », tout en affirmant que le gouvernement aurait des comptes à rendre à l’issue de la crise sanitaire.
Au cœur de tous les débats depuis plusieurs semaines, le professeur Didier Raoult est revenu sur l’épidémie du virus du PCC dans un entretien accordé au média indépendant Marcelle.
Epoch Times désigne le nouveau coronavirus, responsable de la maladie du Covid-19, comme le « virus du PCC », car la dissimulation et la mauvaise gestion du Parti communiste chinois (PCC) ont permis au virus de se propager dans toute la Chine et de créer une pandémie mondiale.
COUVERTURE SPÉCIALE VIRUS DU PCC :
Si le professeur Raoult préconise l’usage de l’hydroxychloroquine – une molécule dérivée de la chloroquine – associée à un antibiotique, l’azithromycine, pour traiter les patients contaminés par le virus de Wuhan, la communauté scientifique française apparaît divisée sur le sujet et plusieurs voix se sont élevées pour remettre en question le traitement proposé par l’infectiologue marseillais.
« Les critiques et les conversations de bar sur les plateaux télé, je m’en fous à un point que vous n’imaginez pas. Ce qui m’ennuie, en revanche, c’est que la France, mon pays, ne suive pas ce qui est raisonnable et prenne du retard parce que des gens qui se pensent importants ne veulent pas se dédire. Moi, je suis serein, je sais comment cela va se terminer », a expliqué le chercheur.
« Dans le domaine qui est le mien, je sais ce que je dis, je sais ce que font mes équipes, j’accumule des données – donc du savoir supplémentaire – et je mesure tous les jours l’effet clinique de ce que je préconise. Certains ne veulent pas y croire ? C’est leur problème. Les politiques et leurs décisions, c’est l’Histoire qui les juge. On verra très vite ce qu’il en est pour cette crise. On connaîtra la vérité », poursuit le lauréat du grand prix de l’Inserm en 2010.
« Un millier de patients ont été déclaré positifs aux tests que nous avons réalisés. Grâce au suivi de leur traitement, nous disposons d’une somme considérable de données. Nous les compilons. Elles nous donneront bientôt une idée plus précise de l’action de l’hydroxychloroquine », ajoute-t-il.
La semaine dernière, un essai clinique européen baptisé « Discovery » et coordonné par l’Inserm a été lancé afin d’évaluer l’efficacité de quatre traitements expérimentaux – dont l’hydroxychloroquine – contre le Covid-19.
Cet essai devrait inclure au moins 3200 malades atteints de formes sévères de l’infection, dont 800 patients français. Une expérimentation dont les modalités paraissent toutefois inadaptées au professeur Raoult en ce qui concerne l’hydroxychloroquine.
« Notre doctrine, c’est de détecter et de traiter le plus en amont. L’hydroxychloroquine fonctionne sur les cas modérés à sévères. Au-delà, quand les patients sont en réanimation, c’est trop tard. Le virus est encore là, mais le malade souffre d’inflammations pulmonaires consécutives », explique Didier Raoult.
« Si on avait envie de prouver que ça ne marche pas, on ne s’y prendrait pas autrement. Il y aura une enquête parlementaire après tout ça, et elle sera sanglante, autant que l’affaire du sang contaminé. Et ce sera pire si le gouvernement décide de refuser l’accès au médicament », souligne l’infectiologue.
« Avant toute chose, je suis médecin. J’ai prêté le serment d’Hippocrate en 1981 et mon devoir depuis, c’est de faire ce qui me paraît le mieux pour les malades, en fonction de mes connaissances et de l’état de la science. C’est ce que je fais depuis 40 ans et ce que je fais en ce moment avec mes équipes : soigner le mieux possible les patients qui se présentent. Cela veut dire les tester, évaluer l’état de ceux qui sont positifs et les traiter avec les thérapies disponibles. Aujourd’hui, il n’y en a qu’une qui a commencé à donner des résultats, c’est l’hydroxychloroquine associée à un antibiotique, l’azithromycine », ajoute-t-il.
Multiplier les dépistages pour endiguer l’épidémie
Dans un communiqué publié le 29 mars, l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine a fait état de « cas de toxicité cardiaque » sur des personnes présentant des symptômes de coronavirus qui avaient décidé de prendre du Plaquénil – un médicament à base d’hydroxychloroquine disponible dans le cadre du traitement de maladies articulaires d’origine inflammatoire ou de maladies auto-immunes comme le lupus – sous forme d’automédication.
« Tous les médicaments ont des effets secondaires, surtout lorsque l’on ne respecte pas les posologies. L’aspirine, le paracétamol et l’ibuprofène surdosés, c’est beaucoup plus dangereux que l’hydroxychloroquine aux doses où on les administre », explique le professeur Raoult.
« Notre protocole est rodé. Nous regardons [si les patients] ont des signes cliniques de la maladie et nous leur faisons passer un scanner pulmonaire ‘low dose’, comme le font les Chinois, car une partie des gens contaminés ne présentent pas de signes cliniques évidents de la maladie mais ont des lésions pulmonaires qui s’aggraveront s’ils ne sont pas traités. C’est à eux que l’on administre ce que nous considérons comme le seul traitement disponible à ce jour. Deux jours après, ils sont invités à venir réaliser un électrocardiogramme. Le risque cardio-vasculaire est l’effet secondaire le plus important. Ce traitement est ambulatoire mais les patients les plus sérieux sont naturellement hospitalisés », précise le président de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) en maladies infectieuses de Marseille.
Selon le sexagénaire, le meilleur moyen pour enrayer la progression de l’épidémie du virus du PCC sur le territoire français consiste à multiplier les dépistages.
« C’est d’abord une question de volonté politique et de mise en place logistique. Les moyens, nous les avons. Entre les laboratoires d’analyses privés, les laboratoires vétérinaires de très grande qualité que nous possédons, les médecins de ville et les infirmières libérales, tous qualifiés pour faire des prélèvements, ainsi que nos ressources hospitalières, il y a de quoi faire. Ici, nous ne sommes pas des extra-terrestres. Si nous arrivons à faire 2000 tests par jour à l’IHU de Marseille je ne peux pas croire que la France entière ne soit pas capable de faire comme en Allemagne ou en Corée du Sud. 100 000 tests par jour, c’est ce dont nous aurions besoin et nous en sommes capables. Des tests PCR de base, hors épidémie, nous en faisons 300 000 par an à l’IHU. Quant aux scanners, nous faisons face à Marseille, mais cela sera peut-être plus difficile ailleurs, car notre taux d’équipement en scanners est un des plus faibles des pays de l’OCDE. C’est la conséquence des choix politiques et financiers des 30 dernières années. Les conneries finissent toujours par se payer », affirme Didier Raoult.
« En France, malheureusement, avant de se poser la seule question qui vaille, c’est-à-dire : ‘Que faut-il faire pour faire face à telle situation ?’, on se demande toujours : ‘Est-on capables de mettre en place telle ou telle solution ?’. On met la charrue avant les bœufs et ça n’avance pas », poursuit le virologue.
Et le chercheur de conclure en citant Sénèque : « Errare humanum est, perseverare diabolicum. » L’erreur est humaine, persévérer est diabolique.
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