A-t-il laissé s’échapper le coronavirus? L’Institut de virologie de Wuhan (centre de la Chine), visé par cette hypothèse alimentée entre autres par l’administration Trump, a reçu mercredi la visite des enquêteurs de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
De l’avis de la majorité des chercheurs, le Sars-CoV-2 est sans doute né chez la chauve-souris. Il serait toutefois passé par une autre espèce, encore non définie, avant de se transmettre à l’homme.
Voici quelques questions sur l’Institut de virologie de Wuhan, la ville où a été détecté le coronavirus pour la première fois fin 2019.
Leurs installations ?
Cet institut étatique possède la plus grande collection de souches de virus en Asie, avec 1.500 spécimens différents, selon son site internet.
Il dispose depuis 2012 d’un laboratoire de haute sécurité P3 (pour « pathogène de classe 3 ») qui étudie de nombreux virus — notamment les coronavirus.
La directrice de ce laboratoire est Shi Zhengli, spécialiste des travaux sur les coronavirus de chauve-souris et parfois surnommée la « Batwoman chinoise ».
L’Institut de virologie possède également un P4 (pour les pathogènes encore plus dangereux). Un laboratoire à la sécurité encore plus renforcée, qui peut héberger des souches comme Ebola.
Formellement ouvert en 2018 et visité l’année précédente par l’ex-Premier ministre français Bernard Cazeneuve, ce P4 a été réalisé avec la collaboration de la France.
Travail des chercheurs?
Equipés de combinaisons intégrales, dans un espace de travail pensé pour éviter toute fuite, ils étudient différents types de pathogènes. Ambition: pouvoir réagir rapidement à l’apparition de maladies infectieuses.
Les chercheurs ont notamment été les auteurs de nombreuses études sur les liens entre les chauves-souris et l’émergence de ces maladies en Chine.
Ils ont aussi contribué à mieux connaître le nouveau coronavirus après son apparition à Wuhan.
En février 2020, leurs travaux avaient été publiés dans une revue scientifique. Conclusion: la séquence du génome du Sars-CoV-2 est à 96% similaire à celle d’un coronavirus de chauve-souris.
Sont-ils coupés du monde?
Non. Ils collaborent régulièrement avec des scientifiques étrangers.
Deux chercheurs de Wuhan ont participé en 2015 à une étude internationale avec plusieurs universités américaines, lors de laquelle un agent pathogène avait été créé afin d’analyser la menace d’un virus semblable au Sras.
Fait notable: l’Institut de virologie a collaboré avec EcoHealth Alliance, une association basée aux Etats-Unis et spécialisée dans la prévention des maladies, et dont le président Peter Daszak fait partie des experts envoyés par l’OMS à Wuhan.
Une fuite est-elle possible?
Aucune preuve ne vient jusqu’ici accréditer cette hypothèse.
Avant de rendre son tablier de chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo avait de nouveau pointé du doigt à la mi-janvier l’institut wuhanais.
« Le gouvernement des Etats-Unis a des raisons de penser que plusieurs chercheurs à l’intérieur de (l’établissement) sont tombés malades à l’automne 2019, avant l’identification du premier cas de l’épidémie, avec des symptômes compatibles à ceux, à la fois du Covid-19, et de maladies saisonnières courantes », a-t-il affirmé.
Selon le quotidien Washington Post, l’ambassade des Etats-Unis à Pékin, après des visites à l’institut, avait alerté en 2018 les autorités américaines sur des mesures de sécurité qu’ils jugeaient insuffisantes.
Le directeur de l’Institut de virologie et le gouvernement chinois ont catégoriquement démenti que ces laboratoires soient la source du nouveau coronavirus.
Que sait-on de l’origine du virus?
Pas grand chose à l’heure actuelle.
Un marché de Wuhan, que les enquêteurs de l’OMS ont également visité, a été incriminé au début de l’épidémie car il vendait notamment des animaux sauvages vivants -potentiels porteurs de coronavirus transmis par des chauves-souris.
Mais le Sars-CoV-2 a pu provenir d’ailleurs.
« Toutes les hypothèses sont sur la table. Il est clairement trop tôt pour parvenir à une conclusion sur l’endroit où est né ce virus, que ce soit en Chine ou hors de Chine », a déclaré la semaine dernière à Genève le directeur chargé des questions d’urgence sanitaire à l’OMS, Michael Ryan.
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