Coronavirus : le Pr Froguel déclare que «sur les tests, tout le monde ment, on ne pourra pas en faire 700.000»

Par Emmanuelle Bourdy
2 mai 2020 15:59 Mis à jour: 2 mai 2020 15:59

Le professeur Philippe Froguel, professeur au CHU de Lille et à l’Imperial College de Londres, s’est exprimé au sujet des tests qui seront effectués lors du déconfinement. Il a également donné son avis sur la « 2e vague » lors d’un entretien pour France 3 Hauts-de-France. En tant qu’acteur et observateur, il dénonce par ailleurs la complexité de la « bureaucratie ».

Pour le professeur Froguel, un fait est clair, « les données nous manquent forcément puisqu’on n’a pas fait assez de tests ». Et concernant l’étude de l’Institut Pasteur, le constat est le même. « Par ailleurs, l’étude de l’Institut Pasteur nous dit que 4 millions de personnes ont été infectées. Mais en réalité, on ne sait pas. On n’a pas fait assez de tests », ajoute-t-il.

« Dans l’histoire des tests, tout le monde ment », s’insurge le professeur en parlant aussi bien des directeurs d’hôpitaux que de la direction générale de la Santé, en passant par Olivier Véran et Emmanuel Macron. Il explique ce fait : « On nous dit qu’on fait actuellement 250 000 tests par semaine alors qu’on sait que c’est plutôt 120 000 à 140 000. On nous dit qu’on va en faire 700 000 à partir du 11 mai alors que c’est impossible. […] On n’est pas organisés. On a d’abord dit à l’hôpital public de tout faire et bloqué toutes les autres initiatives. Et maintenant, on dit au privé de prendre tout en charge. C’est la désorganisation totale. »

Le professeur Froguel précise qu’il ne sera pas possible de réaliser les 700 000 tests. « D’abord, la France a commandé 21 robots à la Chine pour les tests. Selon mes informations, pour l’instant, aucun ne fonctionne. Un robot, ça pèse 500 kilos, il faut l’isoler. […] On n’a pas le personnel formé pour bien les faire fonctionner. Les protocoles sont arrivés au compte-gouttes. Il y a une telle désorganisation qu’on se repose maintenant sur le privé […] mais on nous a mis des bâtons dans les roues. Et aujourd’hui, on fonctionne à un tiers de nos capacités », dit-il, indigné par la complexité de la situation.

Selon le professeur, c’est à partir de maintenant qu’il faudrait faire des tests, mais il craint « qu’on ne le fasse pas uniquement pour des raisons logistiques ». Il argumente : « Beaucoup de gens dans l’administration de la Santé ne savent pas bosser : ils ne sont pas ingénieurs, ne sont pas chercheurs, n’ont aucun sens pratique. »

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Un autre problème limitant considérablement les capacités de dépistage et la prise en charge des patients est la pénurie de réactifs et d’écouvillons. « La France n’a jamais centralisé les demandes. Les labos doivent chacun de leur côté se débrouiller pour avoir ces réactifs. Du coup, la France n’est jamais prioritaire. À noter qu’il y a aussi un problème pour se fournir en écouvillons. Notre équipe essaie d’ailleurs de mettre en place des tests par la bouche », explique le professeur.

Et afin d’éviter une 2e vague après le déconfinement, le professeur Froguel recommande  « d’abord les masques ». Il admet que « sur ce sujet, au départ, les médecins ont été serviles. Ils auraient dû contredire le gouvernement qui affirmait que les masques étaient inutiles ». La deuxième des choses à faire, c’est de « détecter les asymptomatiques ». Le professeur pense d’ailleurs que « les vrais clusters, ce seront les entreprises ».

Il aborde aussi le sujet des « brigades », afin de retrouver les derniers citoyens en contact avec un cas positif. « Quant aux brigades qu’on nous promet après le 11 mai, seront-elles vraiment mises en place ? Ce n’est pas un boulot simple. Les gens vont devoir appeler au téléphone, convaincre. De ce que je vois, il y a une panique par rapport à ça. Elles ne seront pas prêtes », suppose le professeur.

Et lorsque France 3 Hauts-de-France interroge le professeur Philippe Froguel sur une éventuelle « 2e vague », celui-ci répond clairement : « On vit dans la peur, mais je ne pense pas qu’il y aura une énorme 2e vague. […] Je suis optimiste. » Il conclut : « Mais si on ne veut pas de 2e vague, il faut des tests pour repérer et isoler les nouveaux cas. À ce sujet, il faut aussi redire à tous les médecins généralistes qu’il faut maintenant envoyer tous les patients qui ont des symptômes faire des tests. »

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