« N’arrêtez pas votre traitement »: médecins et associations de malades s’attachent à répondre aux interrogations et à rassurer les patients au système immunitaire affaibli par une maladie ou un traitement médical, parfois inquiets à l’idée de contracter le coronavirus.
Mehdi Bejaoui, père d’une fillette de 9 ans en chimiothérapie, a hésité à demander l’arrêt du traitement, qui affaiblit les défenses immunitaires.
Mais « son médecin m’a rassuré, il m’a expliqué que la cure doit être faite jusqu’au bout, et que le coronavirus n’est pas grave pour les enfants », confie-t-il à l’AFP.
Pour les autorités sanitaires, les immuno-déprimés font bien partie des personnes fragiles, qu’il faut particulièrement protéger.
Les « personnes malades doivent absolument éviter les contacts avec les personnes vulnérables, en particulier les personnes les plus âgées, les personnes qui souffrent d’affaiblissement de leurs défenses immunitaires », a déclaré jeudi soir le directeur général de la Santé Jérôme Salomon.
Coronavirus : “Pour 80% de la population, c’est relativement bénin” Maxime Gignon, épidémiologiste – https://t.co/pjI3dVehe2 pic.twitter.com/kPfZlY3P55
— PauseFun (@pausefun) March 6, 2020
Traitements anti-rejets destinés aux greffés, chimiothérapies, maladies auto-immunes ou inflammatoires chroniques : les immunodéficiences peuvent être dues à des maladies ou à leur traitement.
Pour autant, les autorités sanitaires n’ont pas émis de mesures particulières les concernant, laissant certains patients dans l’incertitude, voire dans l’inquiétude quant à savoir s’ils doivent prendre des précautions particulières (masque, déplacements…).
« Les équipes sont effectivement sollicitées par les patients » dont certains « sont inquiets sur le risque spécifique encouru du fait de leur pathologie et des traitements », indique à l’AFP le Dr Bertrand Gachot, infectiologue à l’hôpital Gustave Roussy de Villejuif, spécialisé en cancérologie, notant que les patients demandent surtout « comment me protéger ? ».
Selon l’Institut national du cancer, 270.000 personnes sont traitées chaque année par chimiothérapie.
La réponse est claire : ne pas arrêter son traitement et suivre les précautions générales de prudence émises par les autorités sanitaires.
« Nous considérons qu’il n’y pas actuellement d’éléments objectifs ni de recommandations émanant de travaux scientifiques bien conduits pour suspendre (les traitements) ou les reporter », dit le Dr Gachot.
Le Pr Christine Lebrun-Frenay, coordinatrice du Centre expert pour la sclérose en plaques du CHU de Nice, témoigne auprès de l’AFP de « beaucoup d’appels, les centres ressources et les neurologues sont très sollicités par des patients très inquiets (…) qui demandent des masques, des arrêts de travail », qui ne se justifient pas selon elle.
D’autant que dans le cas précis de la SEP, seule une toute petite partie des traitements a pour effet de réellement affaiblir le système immunitaire, explique-t-elle, et ce, même s’ils appartiennent à la classe médicamenteuse des « immunosuppresseurs », car malgré leur nom, ils n’agissent pas tous de la même façon.
Établissements spécialisés, associations de malades, etc. : la plupart consacrent une page de leur site internet au sujet pour répondre aux questions et rassurer, comme l’association RoseUp (femmes atteintes de cancer), qui a reçu de « nombreuses questions sur les réseaux sociaux et au standard téléphonique » sur le sujet.
« Le traitement pour un cancer ou les séquelles de ce traitement ne semblent pas augmenter, sur la base des données disponibles, le risque de développer une infection à coronavirus », écrit sur son site l’hôpital Gustave Roussy.
Il précise toutefois que « le risque de complication de l’infection pourrait être majoré », d’où la nécessité de suivre à la lettre les mesures de prudence.
La Société francophone pour la rhumatologie et les maladies inflammatoires en pédiatrie, veut elle aussi rassurer : « pour les enfants traités avec des médicaments immunosuppresseurs pour une maladie inflammatoire chronique (lupus, AJI (Athrite juvénile idiopathique NDLR), maladie de Crohn, etc, les données actuelles parcellaires semblent rassurantes », écrit-elle.
« A ce jour, il n’y a pas de cas grave d’infection à coronavirus décrit chez l’enfant sous immunosuppresseur dans la littérature » scientifique, ajoute l’organisme, qui recommande néanmoins par « précaution » aux enfants concernés d’éviter de prendre des risques d’exposition.
Là encore, le message est clair: « il ne faut en aucun cas arrêter le traitement immunosuppresseur sans avis du médecin spécialiste », ajoute la Sofremip.
Même si son pédiatre lui a expliqué que le coronavirus est sans danger pour les enfants, Nadia (prénom modifié), qui souffre d’une affection pulmonaire chronique et dont la petite fille de 6 ans est atteinte d’immuno-déficience, a quand même décidé de pousser les précautions plus loin.
« On a supprimé les sorties, les voyages, on ne prend plus le métro et je récure tout à la Javel et au gel hydroalcoolique », explique-t-elle à l’AFP, de crainte que sa fille puisse contracter le Covid-19 et lui transmettre.
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