Coronavirus: Trump va « suspendre temporairement » l’immigration

Par afp
21 avril 2020 12:27 Mis à jour: 21 avril 2020 12:42

Face à « l’ennemi invisible » du coronavirus, le président Donald Trump a annoncé « suspendre temporairement » l’immigration aux Etats-Unis pour « protéger les emplois » des Américains et l’économie du pays, aujourd’hui le plus touché par la pandémie.

« A la lumière de l’attaque de l’Ennemi Invisible, et face à la nécessité de protéger les emplois de nos GRANDS citoyens américains, je vais signer un décret présidentiel pour suspendre temporairement l’immigration aux Etats-Unis », a tweeté Donald Trump.

Le coronavirus, qu’il qualifie d’« ennemi invisible », a déjà tué plus de 42.000 personnes aux Etats-Unis, nouvelle ligne de front de la maladie. Près de 766.660 cas y ont été enregistrés, et 22 millions d’Américains ont perdu leur travail en raison de l’épidémie.

Depuis son apparition en décembre dans le centre de la Chine, le Covid-19 a fait au moins 167.594 morts dans le monde, selon un dernier bilan établi par l’AFP lundi soir à partir de sources officielles. La Chine dit avoir jugulé la maladie, qui a ensuite frappé l’Europe (deux tiers des décès dans le monde) et aujourd’hui les Etats-Unis.

Le pétrole un effondrement historique

Le président, candidat à sa réélection en novembre 2020 et dont un des thèmes de campagne favori est la limitation de l’immigration, n’a donné aucun détail sur la manière dont il entendait appliquer cette mesure, et pour combien de temps.

Face à l’expansion de l’épidémie, il avait dès le mois de janvier restreint les déplacements avec la Chine, avant d’interdire les voyages entre les Etats-Unis et la plupart des pays européens à la mi-mars.

Donald Trump s’est depuis montré impatient face aux efforts déployés pour lutter contre la maladie et a encouragé les manifestants en colère contre les mesures de confinement dans certains Etats.

Cette annonce intervient alors que le pétrole a connu lundi un effondrement historique: le cours du baril à terme est passé en-dessous de zéro pour la première fois, conséquence d’une chute vertigineuse de la demande et à des réserves américaines proches de la saturation.

Le prix du baril américain de pétrole brut coté à New York pour livraison en mai s’est ainsi effondré à -37,63 dollars, une chute amplifiée par l’expiration imminente d’un contrat à terme qui a poussé les investisseurs à s’en délester à tout prix: les barils américains pour livraison le mois prochain ont perdu toute leur valeur et les investisseurs souhaitant s’en délester n’ont d’autre choix que de mettre la main à la poche pour trouver preneur.

Le cours de l’or noir s’est toutefois redressé mardi en Asie en revenant légèrement au-dessus de zéro.

« Le problème c’est qu’en ce moment dans le monde, personne ne conduit de voiture », a résumé à sa manière le président américain Donald Trump. « Les usines sont fermées et les commerces sont fermés. »

Un coût économique énorme

Pour le Premier ministre russe Dimitri Medvedev, une entente de type cartel pourrait expliquer cette chute spectaculaire du prix de l’or noir. « Ce à quoi nous assistons en matière de contrats à terme sur le pétrole rappelle beaucoup une entente de type cartel », a déploré mardi M. Medvedev sur sa page Facebook, préconisant des mesures pour calmer le marché.

Au moins 4,5 milliards de personnes dans 110 pays ou territoires vivent aujourd’hui confinées ou contraintes de limiter leur déplacement pour tenter d’endiguer la propagation du Covid-19, soit près de six humains sur dix (environ 58%).

Au-delà du drame humain et sanitaire, le coût économique s’annonce énorme pour un monde moderne ultra-connecté, qui vit au rythme des indices de croissance. L’impatience gagne également des populations forcées de se cloîtrer, dans un confort relatif en Europe, mais dans la pauvreté et la misère sur d’autres continents.

En Europe, plusieurs pays – Allemagne en tête, mais aussi Autriche, Norvège, Danemark – ont commencé à assouplir les mesures de confinement, tout en conservant des mesures de « distanciation sociale ».

Mais « aller trop vite serait une erreur, c’est ce qui m’inquiète », a souligné la chancelière allemande Angela Merkel, qui a appelé à maintenir la discipline. « Nous sommes au début de la pandémie et nous sommes encore loin d’être sortis de l’auberge », a-t-elle déclaré.

La célèbre Fête de la bière de Munich, prévue cette année du 19 septembre au 4 octobre, est annulée, ont d’ailleurs annoncé mardi les autorités locales.  » Les risques étaient tout simplement trop élevés » avec plus de 6 millions de visiteurs attendus, dont un tiers venant de l’étranger et d’Asie en particulier, ont-elles jugé.

Dans la plupart des pays concernés, lieux culturels, bars, restaurants, terrains de sports demeurent néanmoins fermés. Ecoles et lycées rouvriront progressivement. Et les grands rassemblements tels que les concerts ou compétitions sportives, sont toujours interdits.

La France, l’Espagne et l’Italie, très touchées par l’épidémie, se préparent elles aussi à de premières mesures de dé-confinement dans les jours ou les semaines à venir. Le gouvernement français a déjà assoupli le confinement dans les établissements pour personnes âgées.

L’épidémie incite certains pays à la corruption

Sur le Vieux continent, l’Italie a été le pays le plus affecté (24.114 décès), suivi de l’Espagne (20.852), la France (20.265) et du Royaume-Uni (16.509), selon un dernier bilan établi à partir de sources officielles.

Certains de ces pays enregistrent des signaux encourageants: en Italie, le nombre de malades a baissé lundi pour la première fois. Et au Royaume-Uni, 449 morts ont été enregistrés lundi, soit le plus faible bilan quotidien depuis le 6 avril.

En Italie, les premières mesures d’allègement ne seront pas prises avant le 3 mai. Mais peu à peu les entreprises rouvrent, même si c’est de façon partielle et avec beaucoup de précautions. En Espagne, la morgue improvisée dans une patinoire de Madrid, un moment symbole de l’hécatombe, fermera mercredi.

En revanche au Royaume-Uni, le confinement instauré le 23 mars a été prolongé d’au moins trois semaines jeudi et le gouvernement n’envisage pas encore d’en sortir.

Coût humain, économie à l’arrêt… Il y aussi les conséquences du virus sur les libertés, notamment celle de la presse.

Certains Etats « profitent de la sidération du public et de l’affaiblissement de la mobilisation pour imposer des mesures impossibles à adopter en temps normal », a déploré l’organisation Reporters sans frontières (RSF) dans son classement mondial 2020 de la liberté de la presse. La Chine et l’Iran en particulier « ont mis en place des dispositifs de censure massifs »

La « pandémie d’infox » autour du Covid-19 est favorisée par le mélange entre propagande, publicité, rumeurs et journalisme, tandis que « des armées de trolls d’État, en Russie, en Chine, en Inde, aux Philippines et au Vietnam utilisent l’arme de la désinformation sur les réseaux sociaux », selon RSF.

 

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